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Critiques Express

Just Heroes    (1989)
Just Heroes partait avec de sérieux handicaps : œuvre charitable destinée à éponger les dettes de Chang Cheh (bombardé pour l’occasion «producteur exécutif»), budget ridicule (dixit John Woo), acteurs travaillant gratuitement (il s’agit d’ailleurs pour la plupart d’artistes ayant tourné avec le maître du temps de la Shaw Brothers), casting prestigieux bourré d’apparitions amicales (un nombre excessif de caméos distrait le spectateur et l’éloigne du récit), film tourné à la va-vite (John Woo mettait en scène, la même année, The Killer), etc. Et malheureusement, on ne peut vraiment pas dire que Just Heroes en soit sorti indemne…

En 1989, Chang Cheh, qui continue pourtant de filmer (un film par an les trois dernières années), est écrasé par les dettes accumulées suite à ses échecs au box office et un train de vie qui ne correspond plus à ses ressources. John Woo, son ancien élève et disciple au sein de la Shaw Brothers, décide alors d’aider son mentor à sortir de sa pénible situation financière. Pour ce faire, il réunit toute la crème des vétérans du cinéma d’arts martiaux des années 60 et 70 (le «traître» Jimmy Wang Yu est bien évidemment absent !) et met en chantier un film dont les bénéfices lui seront totalement reversés. On retrouvera ainsi au premier plan Chen Kuan Tai, David Chiang et Danny Lee (ce dernier, bien que non spécialiste des films de kung-fu, a souvent tenu des seconds rôles dans des productions telles que The Water Margin), et pour de courtes apparitions Ti Lung, Ku Feng, Lo Lieh, Philip Ko, Cheng Lui, etc. La nouvelle génération est peu représentée hormis dans les rôles interprétés par Stephen Chow (à contre-emploi dans un registre dramatique) et le jeune apprenti pêcheur.
Pour des questions de rentabilité, le tournage devait être rapide et peu onéreux, les acteurs travaillant bénévolement.
Ironiquement, Chang Cheh refusa finalement les gains rapportés par Just Heroes et les reversa à une association aidant les jeunes à poursuivre des études cinématographiques.

Un chef de triade (Zhao Lei) est assassiné. Son avocat (James Wong) et son plus proche ami (Wu Ma) décident de cacher l’identité du dauphin désigné dans son testament. Par ce stratagème, ils pensent inciter le tueur, qu’ils soupçonnent d’être un des prétendants (Danny Lee, Chen Kuan Tai et David Chiang), à se dévoiler.
Une guerre des clans va alors éclater…

Même si Just Heroes n’est pas un véritable film de John Woo – au sens où peuvent l’être A Better Tomorrow ou The Killer – et qu’il est officiellement coréalisé par Wu Ma (David Chiang et Danny Lee auraient, selon certaines sources, mis aussi la main à la pâte), il en porte pour autant, dans une certaine mesure, l’empreinte indéniable.

Si elle se rapproche parfois du King Lear de William Shakespeare, l’intrigue de Just Heroes est on ne peut plus basique : devant la dépouille de leur «père», les «enfants» se déchirent pour la suprématie et la direction du clan. Seul un des trois «frères» (David Chiang), qui n’a pas souhaité répondre aux sirènes maffieuses et occupe le métier de pêcheur, ne souhaite pas sa part du gâteau. (Pour accentuer encore plus cette différence d’ambition, les réalisateurs font arborer au personnage de superbes bottes en caoutchouc qu’il va traîner pendant presque tout le film !) Vont se mêler à l’histoire un second impulsif et aveugle (Stephen Chow), un chef de gang exubérant et minable (Shing Fui On), une épouse dépressive et suicidaire (Cally Kwong) et jeune apprenti triade qui passe son temps à singer Chow Yun Fat dans A Better Tomorrow et réussit presque à gâcher le gunfight final !
Malheureusement pour le spectateur, les personnages sont tellement stéréotypés qu’il lui est extrêmement facile de deviner quelques plans à l’avance ce qui va se passer. Nul besoin d’être un fin psychologue pour anticiper les réactions et les aveux des maffieux : les quelques expressions dont ils se parent se suffisent à elles seules…
Pour une fois dans un film de John Woo – serait-ce l’influence de Wu Ma ? -, les femmes ont une réelle importance. Le récit se féminise en dehors des scènes d’action et, par le truchement de leur présence, elles donnent un peu plus de consistance aux hommes. Le message est clair : ce n’est pas dans le monde des triades que vous vous épanouirez en tant que couple !

On n’aborde pas un film de John Woo comme un film classique, même si celui-ci se déroule aussi dans les milieux de la pègre hongkongaise. On s’attend raisonnablement à de nombreux gunfights, indissociables du genre qu’a quasiment créé le réalisateur, l’«heroic bloodshed».
Just Heroes s’ouvre donc sur une séquence pleine d’adrénaline qui se conclut, bien entendu, en carnage après de flamboyants échanges de feu. La scène est typique du style John Woo et est menée avec la maestria qu’on lui connaît dans ses chef-d’œuvres. Le hic, c’est que pour l’heure qui suit, le rythme est comparable à un électrocardiogramme plat, perturbé par quelques larmoyantes scènes dramatiques avec gros plans sur des visages aux yeux embués de larmes sur fond de musique «Bontempi» ou d’interminables dialogues bourrés de poncifs. Il faudra attendre l’éclat de violence final, fort comparable à celui de A Better Tomorrow II (tourné l’année précédente), pour être les témoins d’une scène paroxystique à entrer dans les annales du film de triades hongkongais. Cette véritable tuerie est si éblouissante que même l’intervention débile du jeune pêcheur qui, comme Mark / Chow Yun Fat, cache des pistolets dans les pots de fleurs (sans les charger… humour !), ne parvient pas à la gâcher.

Parmi les comédiens en selle pour cette œuvre charitable, on retrouve malheureusement un peu trop d’acteurs âgés. Ils ne sont certes pas grabataires (loin de là), mais on les a connus si vifs et si beaux qu’il est pénible de les retrouver avec le poids des ans… Je ne suis pas contre retrouver de vieilles stars dans les productions récentes – c’est même un réel plaisir -, mais en voir autant à la fois à l’écran met vraiment mal à l’aise. Trop de moustaches, de crânes dégarnis, de rides, de brushings, de moumoutes, de ventres bedonnants… c’est étouffant. Sommes nous devant un film d’action hongkongais ou à un après-midi belotte de la maison de retraite du coin ? Tout est affaire de dosage : John Woo l’avait réussi en mélangeant, au sein d’un même film, Leslie Cheung, Chow Yun Fat et Ti Lung. Pour Just Heroes, force est de constater que c’est raté…

Just Heroes restera surtout dans les annales comme un film improbable, une sorte de production de la Shaw Brothers tournée des années après la mort artistique du mythique studio, avec les fantômes de ses stars…
David-Olivier Vidouze 1/21/2005 - haut

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