Hong Kong Cinemagic
Version française English version
 Critiques   Forum   Facebook  
 Personnes
 Films
 Studios
 Lexique
 Vos réglages

Rech. HKCine
Utiliser la Recherche Google
>> Aide

 Réalisateurs
 Acteurs
 Techniciens
 Producteurs

 Arts martiaux
 Action / Polar
 Comédie
 Drame & Opéra
 Catégorie 3

 Shaw Brothers
 Comptes rendus
 Industrie du film
 Culture et société

 Tests DVD Z2 VF
 Tests DVD SB Z2
 Autres Tests DVD
 Bibliographie
 Guide d'achat

 La Catégorie 3
 Héros handicapés
 Le Japon et HK
 Index des Archives

 BOF & Musique
 PDF & E-books
 Livre d'or VIP

 Plan Du Site
 Archives des éditos
 Aide à la Navigation
 Rédaction
 Historique
 Liens Web
 Le ciné HK et nous
 Livre d'or
 Remerciements
 HKCinemagic 2

Statistiques :
11630 Films
19215 Personnes
1448 Studios
230 Articles
82 Interviews
155 Tests DVD
32452 Captures DVD
3722 Vidéos
Critiques Express

En sursis    (2003)
Un petit rappel des faits s’impose pour resituer Cradle 2 The Grave dans son contexte ô combien commercial. La star chinoise Jet Li, en arrivant aux USA pour redonner un souffle à sa carrière d’acteur, inscrit vite dans son carnet d’adresses le nom de Joel Silver, un des papes de la production de blockbusters américains. Ce dernier le propose tout d’abord pour le rôle du méchant de l’Arme Fatale 4, ce que l’ex-grand champion de Wushu acceptera même s’il doit y voir ses qualités d’acteur et d’artiste martial considérablement réduites. Qu’importe, l’avenir montrera de toute façon que la carrière américaine de Jet Li a comme prix sa sous-estimation par les studios américains, du moins pour les premières années. Vint ensuite le « fabuleux » Romeo Must Die (ou quand Hollywood fait du Shakespeare pour les beaufs) dans lequel Jet Li ne parvient toujours pas à sortir de son habituel rôle de petit chinois adepte des arts martiaux coincé avec la gente féminine. Il faut croire que Romeo Must Die a obtenu assez de succès pour que son réalisateur Andrzej Bartkowiak réitère l’expérience. Jet Li rempile donc pour Cradle 2 The Grave qui partage énormément de points communs (dont beaucoup de défauts) avec le film précédemment cité, à un point où l’on se dit que Bartkowiak nous fait son Romeo Must Die une seconde fois. Faisant une fois de plus preuve de mauvais goût, Bartkowiak fait du cinéma qui ne raisonne qu’en termes commerciaux, et se contente de satisfaire les pontes financeurs du film même s’il doit affliger une grande partie des spectateurs.

Cradle 2 The Grave présente tous les caractères du blockbuster calibré pour un public le plus large possible, dont on a auparavant soigneusement calculé l’intelligence moyenne ne s’élevant pas très haut au dessus du zéro. Nous avons donc droit à tous les clichés en vogue dans le cinéma commercial américain de ces dernières années censé plaire aux ados. Ainsi, l’on se rend vite compte que Cradle 2 The Grave ne sera qu’un minable déballage de belles voitures, de bombes sexuelles légèrement vêtues, de personnages virils et bourrés de testostérone qui font la loi comme ils l’entendent en méprisant la police, de rappeurs n’ayant rien à faire dans un film (ça tombe bien, ce terme étant bien trop digne pour une telle production). Les géniteurs de ce film se moquent du public, et le font à tous les niveaux. Ainsi, on soupirera à la vue des personnages très mal écrits et campés n’importe comment par les mieux pistonnés du milieu du cinéma US, à l’image de DMX, le célèbre rappeur à la voix rauque cependant auteur de véritables régals auditifs. Le personnage qu’on lui a confié (ou qu’il s’est confié lui-même pour se complaire dans l’image de gangster qu’il aime à donner de lui) est un bel exemple de cette incohérence écoeurante qui peuple tout le métrage : il interprète le caricatural gangster noir toujours bien habillé, parti de rien et braquant pour vivre dans une belle maison avec sa gentille femme compréhensive et sa petite fille qu’il berce tous les soirs en récitant une prière, un flingue dans la poche et la grosse chaîne pendant autour du cou. En bref, un héros de la rue qui, face à au gros méchant terroriste qui a kidnappé sa fille (ne réussira-t-on jamais à bien employer Mark Dacascos ?) va s’associer au petit flic taïwanais Jet Li. Là, le pire est évité et l’on n’assistera pas à un Rush Hour 3 avant l’heure puisque la carte du « buddy movie ethnique » n’est heureusement pas jouée, et Jet Li et DMX ne passeront pas leur temps à balancer des blagues douteuses sur les noirs et les asiatiques. Exception faite par une belle question de DMX s’adressant à Jet Li : « T’es un James Bond version kung fu ? ».

Cradle 2 The Grave empile donc tout le long de sa durée des clichés tous plus vulgaires les uns que les autres, et ce dès le début du film lors d’une scène où Anthony Anderson (déjà vu dans Romeo Must Die) se fait passer pour gay afin de lâcher des allusions sexuelles du plus mauvais goût, et surtout du plus faible effet comique. Une gêne qui n’aurait été que minime si le film assurait par ailleurs sa fonction de divertissement à scènes d’action de qualité.

Cradle 2 The Grave se voudrait être un film d’action dont le casting promet déjà beaucoup à l’avance. Malheureusement force est de constater qu’une fois de plus, on fait venir Jet Li sur le tournage en ne connaissant pas l’acteur et ce qu’on peut attendre de lui, et l’on ne peut cacher une certaine fumisterie concernant les scènes d’action. Ces dernières sont sur le papier très ambitieuses mais ne tiennent pas leurs promesses à l’écran. L’exemple le plus significatif de ce problème est la scène des combats libres clandestins, qui aurait pu donner quelque chose de tout simplement jouissif à l’écran. En effet, quoi de plus intéressant que de faire s’affronter d’un côté des bêtes de muscles habituées à combattre avec peu de règles et parfois peu de finesse et de l’autre, le chinois champion de Wushu ? Le free fight est un symbole du show bourrin à l’américaine très à la mode également chez les japonais qui se déplacent par dizaines de milliers pour les tournois de Mix Martial Arts comme le célèbre Pride. Par conséquent, intégrer au casting d’un film des stars du combat libre comme Tito Ortiz ou Chuck Liddell, pour un combat les opposant à Jet Li à l’intérieur d’une cage comme dans le tournoi UFC, est aussi excitant que mercantile. Malheureusement c’est plutôt le dernier aspect qui ressort de la scène en question, qui propose des combats vraiment pas folichons et qui fait s’envoler Jet Li dans les airs alors même que ce type de combat devrait impliquer des techniques crédibles. Pour le spectateur intéressé par les combats de cinéma opposant deux corpulences radicalement opposées de ce type, on recommandera plutôt un bon vieux Boxer From Shantung (la superbe scène où Chen Kuan Tai affronte un énorme lutteur) ou vers le récent Danny The Dog qui propose des combats clandestins sans règles violents et bourrins comme on les aime. Les autres scènes d’action volent presque toutes aussi bas : DMX pas crédible pour un sou qui marche sur les murs à la verticale en wall flip (le syndrome Matrix touche de plus en plus de cas), le même DMX enfourchant un quad pour une poursuite en ville molle, Dacascos visiblement prêt pour la maison de retraite, etc... Autant de vains mouvements qui finalement font de Cradle 2 The Grave une succession de scènes au potentiel loin d’être exploité, tout comme celui de Jet Li.

En Occident, Jet Li n’est jusque là pas parvenu à marquer les esprits de la même manière que quand il officiait pour les pointures chinoises que sont Tsui Hark, Yuen Woo Ping ou encore Gordon Chan. Cependant, il y a film occidental et film occidental dans « l’affaire Jet Li ». Ainsi, alors qu’un sympathique Kiss Of The Dragon assure un minimum de plaisir au spectateur et qu’un Danny The Dog réussit le tour de force de cerner les réelles capacités de l’acteur, les grosses machines américaines comme Romeo Must Die ou Cradle 2 The Grave mettent fièrement son nom au générique mais n’ont rien compris au personnage et ne savent pas s’en servir intelligemment. A ce titre, Cradle 2 The Grave constitue, après L'Arme Fatale 4 (qui ne compte pas, étant un film test pour la carrière américaine de Li) le point culminant de la non-compréhension de l’acteur chinois. A un tel point qu’on se demande si dans cette véritable daube, DMX ne pique pas la vedette à un Jet Li effacé, qui se tient en retrait et reste coincé dans son personnage exigu. Censé intervenir essentiellement dans les scènes d’action, celui qui a enthousiasmé des millions de spectateurs dans la série Il Etait une fois en Chine fera dans celles-ci le minimum syndical, adoptant tout comme dans Danny The Dog un style de combat direct, brutal et efficace mais en inadéquation avec certaines envolées câblées mal venues.

Cradle 2 The Grave, ou le typique blockbuster hollywoodien beauf, vulgaire et même pas agréable à regarder se résume dans les quelques mots suivants : vite vu, et à vite oublier. Accident de parcours de Jet Li à ne pas reproduire, ce dernier nous remplit fort heureusement d’espoir avec ses nouvelles sorties (Danny The Dog, puis le film de Ronny Yu dont on attend beaucoup de bonnes choses) qui écartent la star de ce genre d’atteinte à la dignité humaine que représente Cradle 2 The Grave.
Florent d'Azevedo 5/7/2005 - haut

Index de la page
 5/7/2005 Florent d'A...

 Publicité avec Google AdSense   Participer au site   Contact   FAQ   Utilisation contenu du site   Disclaimer   Rapport d'erreur  
copyright ©1998-2013 hkcinemagic.com