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Critiques Express

Crazy Kung Fu    (2004)
Si le cinéma est un art, on peut estimer que le mo lei tau en est un autre. Wong Jing expliquait dans une interview donnée sur le site, qu’il s’agissait d’un juron qu’employaient les Hongkongais lorsqu’ils ne comprenaient pas l’humour des films qu’il tournait avec Stephen Chow (notamment à cause de références nombreuses aux mangas). En somme, on pourrait définir ce style d’humour comme une succession de non-sens, dont le déroulement se fait bien souvent en dépit des règles de narration. L’humour absurde primant alors sur le développement des personnages ou de l’intrigue. Et si l'Angleterre a eu les Monthy Python pour vendre ce genre particulier, à Hong Kong, c’est Stephen Chow qui en reste le représentant le plus spectaculaire. Si ses débuts aux côtés de Danny Lee ou Jet Li et une tripotée de films sans genre particulier ne laissaient pas supposer qu’il deviendrait le roi de l’humour cantonais, sa rencontre avec le metteur en scène Jeff Lau allait changer la donne. L’acteur avait déjà eu l’occasion de s’illustrer dans des comédies, mais c’est la fausse suite de God Of Gamblers, All For The Winner, qui va lui permettre de créer son personnage. Qu’il soit naïf, roublard, débonnaire ou escroc, le héros Chowien est avant tout un loser, qui va devoir traverser des épreuves plutôt folkloriques afin de retrouver, voire de trouver sa dignité. Cette recette restera inchangée tout au long de sa carrière, néanmoins à partir de la fin des années 90, la star s’engage dans une voie plus complexe. La violence est plus présente, le ton plus pessimiste, et la narration plus rigoureuse. A ce titre, King Of Comedy est un peu l’œuvre de la transition, et l’acteur, qui enchaînait les tournages jusque-là, va se faire de moins en moins présent sur les écrans. Il faudra attendre 2 ans pour que son ambitieux projet, Shaolin Soccer, voit le jour. Plus accessible que ses comédies précédentes, il sera exporté en occident, notamment en France, où il aura droit à une sortie dans les salles obscures. Si Jackie Chan et Jet Li ont l’argument évident de leurs prouesses physiques pour se vendre à l’étranger, Stephen Chow est davantage connu pour sa diction fluide et frénétique que ses talents de combattant. Pourtant dans Shaolin Soccer, il démontre des aptitudes qu’on avait déjà aperçues, ce qui a certainement facilité cette ouverture. Le succès aidant, une succursale asiatique de Columbia Pictures fit office de producteur pour le nouveau projet de la star, Kung Fu Hustle. Stephen Chow a toujours revendiqué son amour des arts martiaux, et notamment de celui qu’il considère comme le maître, Bruce Lee. Au début du tournage, il s’est donc lancé à la recherche d’authentiques artistes martiaux, afin de présenter des affrontements spectaculaires et crédibles. Et les photos de production, présentant des centaines de figurants armés de haches, suffisaient largement à faire revivre les sensations provoquées par les combats des films de Chang Cheh.

Mais les influences de Chow sont multiples, et son ambition est grande. Le budget alloué, plutôt conséquent, est largement mis à profit pour donner vie au Shanghai des années 40, comme en témoignent les magnifiques décors et les spectaculaires néons des boutiques, brillant comme autant de témoins d’une époque révolue. On pense d’ailleurs par moment au Miracles de Jackie Chan, mais l’ambiance est finalement très différente. Il faut dire que la star s’est davantage investie en tant que réalisateur, insufflant un véritable style à sa mise en scène, que ni ses précédents essais, ni son CJ7 ne laissent imaginer. La première scène est particulièrement efficace, et représente parfaitement l’esprit du film. Son mélange habile de violence fulgurante, de visuels flamboyants, et d’humour décalé annonce immédiatement la couleur. Cette introduction, aux mouvements de caméras amples et élégants, restera longtemps dans les annales, non seulement pour sa brutalité surprenante, mais aussi pour sa fameuse danse ses haches, véritable moment d’anthologie, rappelant les déhanchements de Tony Leung Ka Fai dans Jiang Hu : The Triad Zone. Bien vite, on ne sait plus à quoi s’attendre. Ce gang sans foi ni loi, dont la première apparition rappelle les gangsters se déplaçant par centaine dans le Boxer From Shantung de Chang Cheh, ne serait donc qu’une vaste blague ? Chow ne facilite pas la tâche à son public, en choisissant par exemple de n’apparaître à l’écran que sporadiquement, même s’il devient une figure plus centrale dans la deuxième partie de l’intrigue. Il n’y a d’ailleurs pas de héros à proprement parler, qu’on suivrait du début à la fin. A la manière du Shogun And Little Kitchen de Ronny Yu, c’est bien la résidence du porc, véritable village, qui reste LE personnage. Cet aspect vie quotidienne simple et sincère est touchant, et rappelle un peu le House Of 72 Tenants que Chu Yuan avait réalisé pour la Shaw Brothers. Les scènes de comédie, très vaudeville, contribuent largement à nous immerger dans cette vie d’un autre temps, illustrée par une bande originale qui se fait plus traditionnelle. Les musiques sont d’ailleurs toujours en accord avec l’action, swingantes quand le gang des haches se fait menaçant, dans un vrai style film noir, et traditionnelle et enthousiasmante comme dans un Heroes Of The East lorsque les poings dansent. Le contraste musical souligne la différence de ton entre la grande ville flamboyante et la petite résidence crasseuse.

On imagine largement où Chow a puisé son inspiration, comme dans cette scène où assis au milieu de sans abri, il crie son ambition dévorante et sa rage de s’échapper d’une destinée morose mais qui semble toute tracée. S’il renoue avec un jeu plus outré que dans Shaolin Soccer, l’acteur nous rappelle que ses capacités dramatiques sont évidentes, et on peut supposer qu’il puise l’inspiration dans son propre vécu. Son personnage reste dans la tradition de sa filmographie, un paumé, qui tente de creuser son trou, et va devoir se battre pour retrouver sa dignité. L’utilisation du flashback est classique, mais elle illustre efficacement le désenchantement de ce personnage, et le côté universel de la confrontation à la réalité est réellement touchant. La galerie de personnages est de toutes manières très attachante, grâce à des acteurs investis, mais aussi à des scènes iconiques. L’adieu des 3 maîtres, en plus d’être l’un des affrontements les plus techniques, est réalisé avec classe, et rappelle les confrontations pleines de respect des films de kung fu d’antan. Car même si l’humour est présent, Kung Fu Hustle reste un film d’action, et les quatre gros combats représentent une part non négligeable de la pellicule. A l’origine, c’est Sammo Hung qui devait faire office de chorégraphe, mais une maladie et quelques désaccords l’ont poussé à quitter le tournage. Les notes de production informent de la suppression de son travail, mais on peut se demander si certains duels, comme celui opposant les vétérans Fung Hak On et Chu Chi Ling ne sont pas son travail. Les échanges au corps à corps sont en effet plus complexes et plus impressionnants que les combats à grande échelle. On a bien sûr toujours plaisir à voir un héros lutter seul contre cent adversaires, ou 3 héros contre cent gangsters, mais comme souvent, les figurants attaquent un par un. En particulier dans le final, qui voit Chow singer le Bruce Lee de Fist Of Fury, allant jusqu’à reproduire ses moindres mouvements. Mais on peut y voir une volonté dans ce cas précis. Le premier duel de masse est plus réussi de ce point de vue, car les cascadeurs fondent littéralement sur les héros (même s’ils ne les attaquent pas avec trop de violence). Le mélange effets spéciaux numériques, câbles, et prouesses physiques réelles fonctionne plutôt bien, mais la chorégraphie privilégie les acrobaties spectaculaires et les chutes qui font mal aux échanges longs et complexes. Il y a bien quelques parades intéressantes, en particulier quand les trois maîtres font quelques passes, ou dans le duel susmentionné, mais il ne faut pas s’attendre à une véritable bible des arts martiaux. Reste que le plaisir est là, on retrouve cette ambiance si particulière des films de kung fu traditionnels, et un véritable amour pour le genre. Cet enthousiasme est communicatif, grâce à un montage habile. La présence de vétérans comme Bruce Leung ou Yuen Wah n’est pas non plus étrangère à cette allégresse, d’autant qu’ils sont employés comme de véritables acteurs, et se montrent convaincant, y compris dans les scènes dramatiques ou comiques.

Car le tragique n’est jamais loin du burlesque, et même si les innombrables références sont plus accessibles que d’habitude au public occidental, le mélange des genres typiquement cantonais reste un élément important. On retrouve d’ailleurs le comique à répétition cher à la star, rappelant par exemple le gag récurrent du feu dans A Chinese Odyssey : Pandora's Box, qui sera d’ailleurs plus ou moins cité. Les inspirations sont éclectiques, allant de Tex Avery à Matrix, en passant par Nikki Larson et The Shining et s’inscrivent dans la logique du film. On s’étonnera davantage de la fameuse réplique de Spiderman sur le pouvoir et les responsabilités, plus ou moins utilisés à contresens ici. En effet, c’est la mort d’un être cher qui a poussé le jeune Peter Parker à utiliser ses pouvoirs pour faire le bien. Au contraire, c’est le décès de leur fils qui pousse le couple Yuen Wah/Yuen Qiu à vivre dans l’ombre, rappelant les difficultés à mener une vie quand on est un maître, comme évoqué dans le Death Duel de Chu Yuan. La subtilité n’est de toutes manières pas un art que Stephen Chow cultive, comme en témoigne le lourd symbole de la chenille, qui était déjà bien assez parlant sans qu’on ajoute un plan de papillon s’envolant. Mais qu’importe, tous les partis-pris sont assumés, et cette flamboyance, cette énergie, sont les éléments qui font de Kung Fu Hustle une œuvre touchante et attachante. L’ambition est grande, les moyens aussi, la technique bonne, mais avant toute chose, c’est une œuvre de cœur, et cela se sent. Quand le générique retentit, on a l’impression d’avoir revécu, le temps d’un film, toute une époque. On regrettera que la star se fasse de plus en plus discrète, mais peut-être Stephen Chow a-t-il raconté tout ce qu’il avait à dire ?
Léonard Aigoin 2/23/2011 - haut

Crazy Kung Fu    (2004)
Kung Fu traditionnel + humour de Chow + effets modernes + hommage au cinema et à la culture chinoise = nouveau chef d’oeuvre du cinéma hongkongais.

Ce qui a fait la faiblesse de beaucoup de films asiatiques ces dernières années était la volonté de conquérir à tout prix les marchés internationaux avec une tendance à gommer son identité propre. Il en résultait des films pour la plupart chèrement produits, vites consommés, et au final fades et creux. Bénéficiant de moyens conséquents en provenance de Chine, de Hong Kong et des USA, et d’une excellente qualité de production, Kung Fu Hustle, la dernière réalisation du comique numéro 1 de HK Stephen Chow échappe à cette tendance. Même s'il a un vrai potentiel pour conquérir les marchés occidentaux, Kung Fu Hustle est avant tout un film de kung fu respectant la tradition du genre et qui de plus est accessible à tous. Hommage au cinema de HK, il est une belle démonstration du meilleur qu'offre cette industrie : le kung fu, la kung Fu comedy et le molaito. Voyons dans quelles mesures Kung Fu Hustle engloble ces genres uniques et passionnants.

Le titre original du film annonce la couleur, « Gung Fu », ou Kung Fu en Mandarin, indique qu’il s’agira clairement d’un Kung Fu Pian, un film de Kung Fu. Comment pourrait-il en être autrement avec les maîtres du genre associés au film dans l’équipe technique ou le casting (Sammo Hung, Yuen Woo Ping, Yuen Wah, Tung Chi Hwa, Bruce Leung…) ? Et surtout la référence au genre, Bruce Lee, que Chow admire tant (son ombre plane sur chacun de ses films) et dont il endosse la défroque pour la confrontation finale. Même si Chow aime à dire dans ses interviews qu’il n’imite pas le Petit Dragon par respect et que son costume dans Kung Fu Hustle n’est qu’un habit traditionnel chinois il ressemble fortement à celui de Bruce Lee dans La Fureur de vaincre.

Les films appartenant au genre Kung Fu ont une trame identique : «le héros, vaincu ou humilié par son ennemi ou suite à la perte de son maître ou d’un être cher, apprend une nouvelle technique de combat qui lui permettra de se venger». SPOILERS- Ici, un jeune homme naïf (Chow donc) mais attiré par l’argent et le pouvoir tente de rejoindre un clan de gangsters violents et stupides, le clan des Haches qui sévit dans la région. Pour ce faire il doit éliminer par tous les moyens une bande de maîtres en arts martiaux récalcitrants. Toutes les tentatives sont vaines et notre ami est contraint de délivrer un maître surpuissant et incontrôlable. Chow se retrouve au sein d'une confrontation qui depasse son entendement et y perd des plumes. Les talents martiaux du jeune benêt s'éveilleront finalement et il se tournera du coté de la vertu martiale et de la cause la plus juste. -FIN SPOILERS Le genre est donc ici respecté à la lettre.

Or donc, si les combats de kung fu sont légions, les gags ne manquent pas. Et ils inscrivent ainsi Kung Fu Hustle au sous-genre de la Kung Fu Comedy. Initiée dans les années 70 par Jackie Chan et Yuen Woo Ping et par Sammo Hung, ce sous-genre avait la caractéristique de contrebalancer les scènes d’action intenses par des gags, plus ou moins réussis, et permettant ainsi d’équilibrer le film entre climax violent et moments de détente. Si à l’époque les gags lourds étaient nombreux et prenaient parfois le pas sur l'action ou trop en décalage avec le ton du film, ici les gags issus du Mo Lai To, sont bien alternés avec les combats.

La comédie mo lai to (« n’importe quoi » littéralement), est le genre dans lequel excelle Chow et qui a fait sa réputation auprès du public asiatique très demandeur de ce type d’humour. Si pendant plus d’une décennie, Chow a officié dans le molaito, comprenez gags toutes les minutes et scénario au second plan, « on fait rire le public sur le moment », ici l’animal a su canaliser sa force créatrice et humoristique. Comme à son habitude, il ajoute donc sa marque de fabrique au film, son molaito traditionnel. Des gags scatologiques, des gueules pas possible, un humour décalé, des seconds rôles délirants, des situations cartoonesques (Tex Avery en serait fière) et un héros naïf mais au bon cœur, restent les éléments majeurs de ses films. Mais ici il n’y a pas d’accumulation de gags comme avant, ils s'intègrent dans la construction de récit. Les gags et les combats vont jouer alors un rôle essentiel dans la présentation et l’évolution des protagonistes et la progression du récit. Les moments comiques sont d’ailleurs en parfait équilibre avec les scènes d’action et créent une atmosphère propre au film, pas excessif dans le n’importe quoi, mais pas extrêmement sérieuse non plus. Le métrage en devient réellement divertissant et surprenant, c'est un sorte de cartoon live ! Donc tout est possible et encore plus aujourd'hui avec les effets spéciaux numériques qui mettent cette folie en image.

Chow ne se contente pas de nous resservir du vieux Kung Fu comedy et son moleitau d’antan. Il propose sa vision du genre en en rajeunissant la forme et lissant les bords pointus. Il a largement recours aux effets spéciaux. Des trucages proches de ceux de Shaolin Soccer pour amplifier les coups (une boule de feu se transforme en poing gigantesque), ou démontrer la force ou les intentions des combattants (un orage fantasmé évoque la méchanceté profonde d'un adversaire). Par ailleurs, le métrage délivre un message positive et reste humaniste. Si les films de Bruce Lee montraient la force brute et la vengeance, parfois jusqu'à la folie (voir la névrose du héros de La Fureur de Vaincre), il n’y a pas de loi du talion ni de sadisme ici. La violence du film reste contenue. Certes il y a du sang, des coups portés et les effets de force de frappe sont impressionnants, mais le héros ne s’acharne pas, les méchants se massacrent entre eux ou vaincus, ils se repentent. Bref les vengeances sanglantes et froides ou autres tueries finales inutiles sont absentes. Bien que le film s’ancre de par son genre et son traitement dans l’imaginaire chinois, il n'est pas imperméable. Chow maîtrise parfaitement son sujet et s’adresse à n’importe quel public. Les bons mots, les croyances et métaphores chinoises sont relativement simples à saisir. On y évoque par exemple la puissance de Bouddha comme force divine invulnérable.

En fait le vrai talent de Chow est de ne pas proposer qu’une série de combats mais aussi une vision très personnel et poétique du kung fu ce qui donne lieu à des moments intenses. Ainsi les scènes d’action sont sublimées par des métaphores ou une vision traditionnelle et poètique des choses (une pluie de sabres, la métaphore de la transformation du jeune disciple en maître, de la chenille en papillon). Kung Fu Hustle reste ancré dans un genre chinois très codifié, et le réalisateur ne perd pas de vue son projet. Si le film est grand public, il n’en reste pas moins très personnel et ambitieux. Il prouve que Chow, un des meilleurs acteurs de HK, peut aussi écrire, produire et réaliser avec rigueur un film chinois non édulcoré, et rencontrer un succès public des plus mérités.

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Thomas Podvin 12/27/2004 - haut

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