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Dragon Swamp (1969) |
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Avant d’être labellisé "Pygmalion" de Bruce Lee et de Jackie Chan à la Golden Harvest (ce que ses détracteurs lui contestent fortement), Lo Wei fut un réalisateur prisé à la Shaw Brothers, spécialisé dans le wu xia pian féminin, et on peut considérer que cette partie de sa carrière comme celle de ses meilleurs films. Il tourna une poignée de films avec LA star du genre, Cheng Pei-pei, cimentant son statut de première épéiste des années 60.
"The Dragon Swamp" appartient à la veine des wu xia fantastiques (comme le sera "Vengeance of a Snowgirl" du même Lo Wei), et si la langue utilisée n’était pas le mandarin, on aurait l’impression de voir une réactualisation du wu xia cantonais, même s’il ne verse pas dans l’abus de super pouvoirs (façon "Buddha's Palm"). La partie fantastique concerne surtout les scènes au Marais du Dragon, avec les effets spéciaux kitsch d’époque que cela implique, et on se dit que Tsui Hark a forcément vu "The Dragon Swamp" quand il réalisa "Green Snake". En effet, le Marais est un bastion féminin gardé par des créatures reptiliennes, et on trouve parmi les décors, des champs de nénuphars, rappelant la demeure des deux femmes-serpent de "Green Snake". Bien évidemment, Lo Wei est un réalisateur sans envergure ni style personnel, et on ne retrouve pas le travail sur les filtres et les couleurs qui feront le charme du film de Tsui Hark. Il ne se foule pas non plus pour donner un aspect brumeux et onirique à ces scènes, comme l’aurait fait Chu Yuan par exemple, d’où l’aspect kitsch de l’ensemble.
Cheng Pei-pei joue ici deux rôles, la mère et la fille. Si dans le costume de la mère, on retrouve l’actrice racée et charismatique que l’on connaît, c’est dans le costume de la fille qu'elle a tendance à en faire un peu trop, jouant à la Shih Szu (ou Li Ching) première manière, avec toutes les minauderies que cela implique. Ce n’est pas très subtil, mais le fait de faire jouer les deux personnages par la même actrice était justifié par le scénario : c’est par sa ressemblance avec sa mère qu’elle sera repérée par l’ancien amant de celle-ci, et le voleur de l’épée. A ses côtés, on retrouve ses partenaires masculins habituels, Yueh Hua en chevalier servant et Lo Lieh en voleur. Cependant, la gestion du récit n’est pas optimale, Yueh Hua qui donnait l’impression d’être un personnage aussi important que le Chat Ivre de "l’Hirondelle d’Or", disparaît du récit pendant près d’une demi-heure, pour mourir peu de temps après.
La chorégraphie est plutôt bonne pour l’époque, même si on peut déplorer certaines accélérations pour donner un dynamisme artificiel aux joutes à l’épée, accélérations qui ne sont pas aussi exagérées que chez Yuen Woo-ping, mais qui donnent l’impression qu’on est parfois devant un film muet.
Un wu xia pian avec Cheng Pei-pei post-Hirondelle d’Or sans scène d’auberge ne serait pas, et on retrouve la confrontation type, qui est sans doute la meilleure scène du film. L’héroïne, dans son chemin, rencontre un mendiant, un pêcheur et un bûcheron et leur demande son chemin, et les retrouvera chacun à l’auberge où elle s’est arrêtée, puis comprendra que les hommes rencontrés en route sont ses ennemis. Lo Wei n’a certes pas la maestria de stratège de King Hu, mais la scène est enlevée et dynamique.
La fin du film verse dans le mélodrame familial, illustrant la malédiction de l’épée, dont le mythe est de diviser la famille de ceux qui ont tenté de se l’approprier par la force. D’ailleurs, le prêtre taoïste l’avait comparée aux divisions religieuses des bouddhistes et des taoïstes, qui ont portant une source commune.
En résumé, un véhicule sympathique pour l’actrice, réalisé par un metteur en scène sans génie certes, mais qui mérite le coup d’œil pour ses admirateurs. En tout cas meilleur que "L'ombre du fouet", si on est indulgent devant les effets spéciaux primitifs.
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Anne Saïdi 8/27/2008 - haut |
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