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Critiques Express

Vengeance !    (1970)
Ruelles sombres, éclairages opaques, atmosphère lourde, trahisons et lutte d’un individu seul contre un système inattaquable, tels sont les éléments de référence lorsqu’on parle de film noir. Bien qu’il soit difficile d’en établir une définition stricte, l’atmosphère paranoïaque, et l’isolement de l’individu en quête de vérité sont des éléments récurrents. Mais finalement, ce ne sont pas tant les thèmes abordés que l’atmosphère poisseuse, qui permettent immédiatement de reconnaître un film noir.

Dérivé des séries noirs, romans mettant bien souvent en scène un détective, le film noir a connu ses heures de gloire aux Etats-Unis, notamment à travers les adaptations de romans considérés comme cultes, tels que Le Faucon Maltais, écrit par Dashiel Hammet, ou Le Grand Sommeil de Raymond Chandler. Au cinéma, Humphrey Bogart représente une sorte d’idéal du héros de film noir, avec son allure massive, son timbre de vois inimitable, et son cynisme naturel, qui ne le quittait pas, même en dehors des plateaux. L’une des autres caractéristiques de ce genre à part, c’est le travail esthétique, mélange d’ambiances glauques et d’expérimentations sur les éclairages et sur le cadre.

Si le cinéma de Hong Kong n’est pas particulièrement réputé pour s’être illustré dans ce domaine, Vengeance ! constitue certainement l’un des essais les plus flamboyants. En effet, ce n'est pas un hasard si le titre comporte un surprenant point d'exclamation. Le lyrisme et la chorégraphie du sang atteint son paroxysme dans l'une des œuvres les plus marquantes, mais aussi les plus violentes de Chang Cheh. La réalisation de l'ogre est plus soignée que jamais, et confère au récit une atmosphère inquiétante, ou le danger est omniprésent. La scène climatique de Ti Lung à elle seule est un modèle de perfection, entre des décors et des costumes aux couleurs chatoyantes, et surtout, un montage qui alterne avec beaucoup d’audace, le combat fatal et la mise à mort symbolique du personnage, sur scène. Le réalisateur déclarera à plusieurs reprises que c’est dans Vengeance ! qu’il a atteint une maîtrise satisfaisante du ralenti, et même si certains effets peuvent paraître excessifs, plusieurs scènes sont en effet inoubliables grâce à ce procédé. Conscient de la réussite de son introduction, véritable court métrage à elle seule, il réexploitera ce montage avec beaucoup moins de réussite dans Seven Men Army.

Passé ce prologue fulgurant, l’intrigue à proprement parler, peut commencer. Et si jusqu’ici, on était dans le drame purement Chang Cheien, avec une ambiance exceptionnelle, mais classique de film d’arts martiaux, c’est avec l’arrivée de David Chiang que le metteur en scène va exploser dans des scènes puissantes.
Les décors, extrêmement bien mis en valeur par les éclairages inventifs, renforcent l'impression de claustrophobie d'un récit noir, où l'espoir semble impossible. La rédemption n'existe pas chez Chang Cheh, on est loin de la fin surréaliste de La Rage Du Tigre, ici on verse dans le nihilisme le plus total, et les personnages ne se versent d’aucune illusion quant au sort qui les attend.

En véritable héros de film noir (sa première apparition, très théâtrale, mise en scène d'une façon grandiloquente qui pourrait être ridicule si elle n'était pas si puissante, l'affiche immédiatement comme un personnage solitaire, dont le costume blanc contraste nettement avec le reste des décors) David Chiang va s'infiltrer dans une machine dont il va remonter tous les rouages un par un afin de la détruire complètement. Mais dès le départ, il se sait condamné, comme l'exprime parfaitement le parallèle avec son rôle d'opéra. D'ailleurs son but n'est pas de sortir vivant de sa mission, mais de la mener à son terme, de mener sa vengeance à bien. Un titre simple, mais qui retranscrit donc on ne peut mieux l'essence même du cinéma de Chang Cheh, dont ce film est la quintessence.

Car malgré son apparente simplicité, Vengeance ! est loin d'être un film simple. La réalisation de Chang Cheh est d'une modernité incroyable, et transpire à chaque plan la recherche esthétique extrême. L'implication du réalisateur est telle qu'on ne ressort pas indemne de l’expérience. Si la plupart des films de l'époque de Chang Cheh sont des réussites esthétiques et émotionnelles respectables, Vengeance ! reste le film qui marque le plus, baignant dans une ambiance quasi-malsaine. La musique n’y est certainement pas étrangère, ajoutant un aspect morbide à l'ensemble, sans jamais se faire trop présente, et le travail sur le son en général est d’une qualité rarement atteinte dans les films de l’ogre, si ce n’est le fameux Boxer From Shantung. Et ce n'est pas l'esthétisation outrancière de la mort du héros qui y changera quoi que ce soit, le malaise est là et ne quittera plus le spectateur. A mon sens, seul le rictus de fou furieux que lâche Chen Kuan Tai et l'amputation du bras de Chiang dans La Rage Du Tigre peuvent prétendre créer un malaise si important dans le cinéma de Chang Cheh.

Les scènes d'action sont assez surprenantes. Les combats à mains nues sont brutaux et nerveux, dans un style très combat de rue, qui se veut réaliste, dommage que David Chiang ne soit pas à la hauteur lors de ces passages. Sa carrure frêle est déjà peu crédible face à des adversaires massifs comme Ku Feng, mais sa façon de balancer ses poings fait plus penser à une danseuse étoile qu’à un homme en quête de vengeance cherchant à sauver sa peau. Il se révèle plus à l’aise un couteau à la main, dans des échanges véritablement gores du plus bel effet. L’Ogre n’a jamais été célèbre pour la subtilité de ses affrontements, au contraire, l’emphase pour les éclats de violence et les morts dans des lacs de sang sont bien célèbres. Mais ici, on atteint des sommets, avec des mises à morts de plus en plus brutales, des énucléations, des tranchages de gorge qu’on ne compte même plus, et des vêtements peints en rouge par le sang. Le double final, très long est tout simplement jouissif. Mais Ti Lung, malgré sa courte apparition n'est pas en reste, sa mise à mort est restée dans les annales et on comprend aisément pourquoi. Le reste des scènes d'action pose les bases du genre de l'infiltration, on se croirait presque dans un jeu vidéo du style Splinter Cell.

Le récit est simple, mais traité de façon tellement efficace qu'on ne peut que se sentir impliqué. L'interprétation est également excellente, David Chiang joue avec intensité, et les diaboliques gangsters sont détestables à souhait. Avec Vengance !, Chang Cheh va droit au but et ne conserve que ce qui fait l'essence de son cinéma, mais il le fait avec tant de classe et d'investissement que son film est un classique à ne pas manquer.
Léonard Aigoin 10/22/2010 - haut

Vengeance !    (1970)
Vengeance ! est un des plus grands succès de la Shaw Brothers des années 70 (avec One Armed Boxer), un film très noir, pessimiste et à la mise en scène "claustrophobique" qui rapportera à Chang Cheh le prix de la mise en scène et à David Chiang le prix d'interprétation masculine au Asia-Pacific Film Festival de 1970. C'est une oeuvre dure, oppressante, aussi acérée qu'un couteau, vrai exercice de style qui ne s'embarrasse d'aucun scénario élaboré. Celui-ci suit simplement la trame d'un film policier américain de série B, jeu de massacre au cours duquel le héros remonte une organisation criminelle jusqu'à sa tête afin de la faire tomber. Il suffit de rajouter à ce point de départ la thématique favorite du cinéma de Hong Kong, la vengeance, et le scénario est ficelé ! Ce n'est donc pas de ce côté qu'il faudra chercher et trouver la richesse du film... Côté personnages, rien de révolutionnaire non plus. Les protagonistes sont monolythiques, enfermés dans les stéréotypes classiques de ce genre de production : bons, méchants, traitres, puissants... Les femmes sont parfois dangereuses dans Vengeance !, déterminées toujours. C'est par leur faute que les deux frères seront séparés par la mort et seule la vengeance, prise en main par un homme, leur permettra de se retrouver de l'autre côté du miroir.
Bien que partageant la tête d'affiche avec David Chiang, Ti Lung n'apparaît qu'une vingtaine de minutes, le temps de nous démontrer quel grand artiste - martial - il est : de la danse qu'il effectue en plein opéra chinois aux joutes à poings nus contre une armée d'assaillants. Comme d'habitude chez Chang Cheh, le héros se doit de mourir torse nu, lentement et dans d'atroces souffrances (pour le coup d'une intensité gore rarement atteinte à l'époque...). Avant de rendre son dernier souffle, il aura eu le temps de régler leur compte à quelques dizaines de combattants, une hache plantée dans l'abdomen !
David Chiang, la mèche au vent dans son costume blanc(*) maculé de sang, reprend son rôle de héros ténébreux prenant la pose au détour d'une figure martiale bien sentie. Le spectateur est témoin de la construction d'un mythe, d'une figure qui, au final, frappera plus les esprits que celle de Ti Lung. Ce dernier, quant à lui, essaya de se diversifier un maximum en n'hésitant pas à revêtir le costume du méchant (Blood Brothers) ou à jouer les faibles (The Empress Dowager et The Last Tempest). La différence ultime entre l'acteur et le cabot ? Les limites dramatiques de David Chiang apparaissent clairement au cours des scènes romantiques à l'occasion desquelles il a des difficultés à se placer et a étrangement l'air benêt. La castagne, oui, l'art dramatique, une autre fois !
Les chorégraphies sont très violentes et bien maîtrisées par l'éternel complice de Chang Cheh , Tang Chia, cette fois-ci sans sa moitié Liu Chia Liang (on sait que le grand chorégraphe répugne à utiliser à outrance la violence dans les combats qu'il crée ; son absence du générique est peut-être due au désir du metteur en scène de représenter cette violence de manières abondante et graphique). Chang Cheh découvrait à l'époque les techniques du Hung Fist et du Wing Chun, toutes deux appartenant à "l'école du Sud", et souhaitait les mettre en scène dans ses films (ce qu'il fit avec Vengeance !, mais aussi The Boxer From Shantung). L'utilisation d'inserts en noir er blanc, d'extraits d'opéra chinois (afin d'appuyer la mort des héros et le côté théâtral de leur chute, Chang Cheh dresse des parallèles avec des scènes d'opéra ; l'effet est particulièrement réussi dans la séquence qui voit Ti Lung se faire attaquer par une meute assoiffée de sang) et de ralentis(**) donne une force brutale aux combats. Ces "expérimentations" d'alors seront reprises maintes et maintes fois dans les productions à venir.
On pourra noter dans la mise en scène un mélange de scènes d'extérieurs - toujours agréables - et d'intérieurs, avec une fascination pour les escaliers, lieux très théatraux, cinégéniques et particulièrement appréciés des réalisateurs (Eisenstein, de Palma...) : descente aux enfers mais aussi élan pour porter l'estocade finale.
Vengeance ! peut être appréhendé comme une oeuvre de transition dans la carrière de Chang Cheh. Avec ce film, il s'éloigne quelque peu de son genre de prédilection, le film de sabres, qui l'a rendu célèbre au cours des années 60 (même si il réalisera encore de nombreux films d'arts martiaux et wu xia-pian) et s'amuse à mélanger les genres : arts martiaux "fist and leg", armes blanches, pistolets, fusils (les armes à feu étaient alors complètement bannies des films d'arts martiaux : elles représentaient le déclin occidental, la machine prenant l'ascendant sur l'humain)... tout y passe ! Mention spéciale à la présence incongrue, presque anachronique (nous sommes en 1925 !), d'un tueur à gages muni d'un fusil à lunette. Chang Cheh ouvrait alors une brèche dans laquelle s'engouffra un certain Bruce Lee avec le succès qu'on connaît... Un de ses regrets a été que la vague Bruce Lee a tout balayé sur son passage et a forcé le cinéma hongkongais à se cantonner des années durant dans le style kung-fu. Vengeance ! n'était pour lui qu'une étape vers un but qu'atteindra ironiquement un de ses élèves, John Woo, la définition d'un nouveau genre, le "gunplay".

En conclusion, il faut voir en Vengeance ! un pur film esthétique où l'histoire et les personnages restent secondaires. C'est peut être sa force, mais c'est aussi sa limite, l'empêchant d'atteindre ainsi le rang de chef d'oeuvre.
David-Olivier Vidouze 8/29/2003 - haut

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