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Critiques Express

Return Of The Sentimental Swordsman    (1981)
Comme s’il se sentait fatigué d’adapter l’un après l’autre, et parfois même plusieurs fois, les romans de chevalerie de Gu Long, Chu Yuan s’attache avec Return Of The Sentimental Swordsman à nous dépeindre un monde martial des plus sinistres. Sans foi ni loi, le Jiang Hu n’est plus qu’un univers où les chevaliers n’ont de cesse de se battre les uns contre les autres pour asseoir leur suprématie et accéder aux plus hautes fonctions. Chacun d’eux possède un numéro correspondant à son rang dans la hiérarchie chevaleresque, chiffre qui tend à les définir bien plus qu’une quelconque appartenance à un clan, une secte ou autre organisation sociale. Tous les coups sont permis pour se rapprocher du statut ultime, trahison, traîtrise, piège, corruption, séduction…
Mais où est donc passé l’esprit chevaleresque ? Cette notion typiquement française, que l’on retrouve dans le cycle du Graal de Chrétien de Troyes, se caractérise par la réalisation de la synthèse entre l’Amour, le Savoir et le Pouvoir. Ici, seul le pouvoir semble motiver les épéistes. L’amour et le savoir ne sont plus que des outils ayant perdu leur beauté originelle destinés à s’imposer par la force dans un univers régit par la terreur.
Chu Yuan nous démontre dans Return Of The Sentimental Swordsman qu’il est impossible d’associer bonheur et pouvoir. Dans leur lutte désespérée pour asseoir leur position hiérarchique, les épéistes perdent leur âme et adoptent un comportement scélérat, bien loin des idéaux chevaleresques.
Une poignée de chevaliers tente néanmoins de conserver un idéal de pureté mais ils sont détruits par leur folle entreprise. L’un (Ti Lung) trouve refuge dans l’alcool qui le ronge peu à peu et rejette toute relation pouvant l’impliquer émotionnellement (il délaisse la femme qui l’aime, Cheng Li). L’autre (Derek Yee) se réfugie dans les bras d’une courtisane qui le manipule pour le compte d’un puissant.

Chu Yuan mène dans Return Of The Sentimental Swordsman une véritable entreprise de destruction du mythe du Jiang Hu. Aucun des personnages n’est présenté comme un être parfait, de l’épéiste « sentimental », en proie à de redoutables démons intérieurs (en plus de ses ennemis humains naturels), au fils à papa traître et passablement vicieux (excellent Goo Goon Chung, plus haïssable que jamais). Adieu le romantisme développé dans de si nombreux films – dont beaucoup ont été réalisés par ce même Chu Yuan ! -, le monde des arts martiaux fait tomber son masque et se dévoile dans toute son inhumanité. C’est sur une montagne de cadavres que les réputations se font, et sur sa propre dépouille qu’elle se défait un jour… La vie de Li Xunhuan (Ti Lung) est celle d’un homme en perpétuelle attente du prochain combat, provoqué par un épéiste désireux de prendre sa place dans la hiérarchie. Comme Grégory Peck dans La Cible humaine, il doit tuer pour survivre aux incessants assauts des aspirants… Ses seules issues possibles s’il veut arrêter ce sanglant rituel : la mort ou la disparition (une simple retraite ne suffisant malheureusement pas à lui assurer la sécurité). Comme le confie un jour Li Xunhuan à un jeune chevalier, sa propre vie ne lui appartient plus, manipulé qu’il est par un système qui le dépasse.
Return Of The Sentimental Swordsman n’est donc pas un film d’arts martiaux de plus, mais une œuvre qu’on pourrait comparer à ce qu’on a appelé aux Etats-Unis, à la fin des années 50, le « sur-western ». Le genre, exploité jusqu’alors à outrance (et se répétant même bien souvent), entrait dans une nouvelle ère beaucoup plus intellectualisée et n’hésitait pas à prendre un certain recul vis-à-vis des mythes qu’il avait créés. Chu Yuan porte ainsi un regard d’entomologiste sur les héros qui peuplent habituellement ses films et la quasi-totalité des productions martiales, tout au moins jusqu’à ce début des années 80.

Ti Lung nous gratifie d’une très belle interprétation et hisse sa performance dans Return Of The Sentimental Swordsman au niveau de ses toutes meilleures. Tour à tour malade, fatigué, empoisonné puis dominateur, le film est pour lui l’occasion de prouver à quel point il n’était pas qu’une masse musculaire. Derek Yee développe un personnage de chevalier tombé par faiblesse entre les mains d’une intrigante (Choh Seung Wan) à la solde de l’impérial Ku Feng. Fu Sheng, quant à lui, est employé à contre emploi dans le rôle d’un tueur au comportement ambigu, à la recherche d’une figure paternelle et constamment trompé par ceux auxquels il accorde sa confiance.

Comme souvent chez Chu Yuan, les affrontements martiaux ne sont pas le principal intérêt du film. Cette particularité, qu’on aimerait partagée par plus de réalisateurs de la Shaw Brothers notamment, fait que l’œuvre reste cohérente et constamment passionnante. Chu Yuan était conscient qu’il racontait une histoire avant tout : le scénario occupait une place primordiale, au même titre que les décors, les chorégraphies et la mise en scène.
Ce qui fait le prix des combats de Return Of The Sentimental Swordsman, outre le fait qu’ils ont été créés par le vénérable Tong Gaai, c’est qu’ils sont un des moteurs principaux du récit. Le magistral duel entre Ti Lung et Ku Feng, l’un « armé » d’une cruche de vin, l’autre d’un verre, est à ce titre aussi beau à découvrir à l’écran qu’il nous en apprend sur les personnages. Trop souvent gratuits chez Chang Cheh, les combats sont porteurs de sens chez Chu Yuan.

Return Of The Sentimental Swordsman se présente comme la suite de The Sentimental Swordsman, tourné quatre ans plus tôt par la même équipe. S’il en reprend certains protagonistes, il s’avère être une œuvre beaucoup plus profonde et travaillée, en un mot, supérieure.
David-Olivier Vidouze 10/17/2005 - haut

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