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Critiques Express

Le Syndicat du crime    (1986)
Dire de A Better Tomorrow qu’il s’agit d’une date importante pour le cinéma de Hong Kong relève de l’euphémisme. Même si on parle davantage d’un avant et d’un après The Killer, c’est ce film qui a permis à John Woo de poser clairement les bases de son univers (même s’il avait entamé ce processus en 1979 dans Last Hurrah For Chivalry, un wu xia pian sanglant dans la pure veine des films de Chang Cheh). Les moyens sont moins importants, et en conséquence la réalisation moins ample, mais tous les thèmes chers à l’artiste sont présents et illustrés de façon puissante, à tel point qu’on se prend à repenser à certaines scènes longtemps après la vision, un signe qui ne trompe jamais.

Ce n’est pas un hasard si John Woo a débuté comme assistant-réalisateur de celui qu’on surnomme l’Ogre de Hong Kong, Chang Cheh. Et si son travail auprès du réalisateur n’est pas constituée que de classiques, l’influence de films comme Boxer From Shantung ou Blood Brothers sur son travail est évidente. Si la fibre homo-érotique qu’on prête au réalisateur phare de la Shaw Brothers est plus difficilement apposable au cinéma de Woo, ce sont également les amitiés viriles indéfectibles qui font l’essence de ses histoires. Honneur, loyauté, mais aussi trahison sont des composantes que l’on retrouvera sans cesse. Tout comme la question du double, qui tournera presque à l’obsession, à tel point qu’il l’illustrera physiquement dans ses films américains, Face Off (et ses échanges de visages) et Mission : Impossible 2 (et son jeu de masques qui occupe le dernier tiers du récit).

Et si on repérait déjà la complémentarité de ses héros dans Last Hurrah For Chivalry, c’est dans le lien presque utopiste qui unie Ti Lung à Chow Yun Fat qu’elle explosera pour créer une histoire poignante, qui bouleversera autant les spectateurs et les critiques que les chiffres du box-office. Bien sûr, ce succès n’est pas le fruit du travail d’un seul homme, et le fait que Woo ait pu le renouveler avec ses films suivants prouve que la recette employée était sans faille. Considéré comme le remake de Story Of A Discharged Prisoner, un film datant de 1967, A Better Tomorrow raconte une histoire des plus classiques, sur les tentatives de réinsertion d’un criminel ayant purgé sa peine. Bien sûr, les gens étant comme ils sont, il éprouvera toutes les difficultés à trouver sa place, y compris auprès de son jeune frère qui le tient pour responsable de l’assassinat de leur père.

Pas trop de surprise de ce point de vue a priori. Mais le traitement de cette intrigue a quelque chose d’unique. Ce qui intéresse le réalisateur, ce n’est pas tant les événements que les sentiments de ses protagonistes, exacerbés par une mise en scène romantique, qui emploie avec une efficacité redoutable les procédés de montage qu’affectionnait Chang Cheh, en particulier les ralentis grandiloquents. Le 1er degré assumé rend l’ensemble poignant, alors qu’il aurait facilement pu sombrer dans la caricature grand guignol. Mais la sincérité sans faille du projet et de l’ensemble de l’équipe donne un aspect attachant qui fait de A Better Tomorrow le film le plus pur de son auteur.

Bien sûr, il n’est pas exempt de défauts, et on repère de nombreuses approximations, des transitions brutales, des coupes sèches lors de certaines scènes, une chorégraphie parfois brouillonne… Mais tous ces éléments contribuent à donner une âme au film. La musique de Joseph Koo, déclinée à volonté s’impose dans l’esprit du spectateur, l’habite, et donne vie à un univers aussi violent que romantique. On est plus surpris d’entendre l’un des thèmes composés par Peter Gabriel pour le Birdy d’Alan Parker au détour d’un massacre. Mais cette utilisation donne une impression surréaliste à la scène, proche du mythe, ce qui semble être l’effet recherché.

A Better Tomorrow, c’est en effet une succession de scènes inoubliables, entre disputes familiales et lacrymales, et affrontements sanglants au Beretta ou à l’uzi. Le crescendo dramatique est d’une puissance remarquable. Si le rythme reste relativement élevé tout au long du film, c’est le climax dans lequel on règle les comptes, et où les passions se déchainent, qui achève d’en faire l’œuvre culte que tout fan du cinéma de l’ex-colonie a vue. Les fusillades sont moins élaborées que dans d’autres films du réalisateur, l’influence bondissante de Tony Ching Siu Tung manque parfois un peu, mais le déluge d’hémoglobine, la rage des personnages, et surtout l’explosion de sentiments font des fusillades des moments intenses et, ce qui ne gâche rien, imprévisibles.

Et si on s’attache autant aux personnages, c’est aussi parce que les acteurs sont excellents. C’est l’explosion du phénomène Chow Yun Fat qui reste la plus souvent associée au succès du film. L’acteur se montre en effet très crédible en tête brulée prête à tout par amitié. Sa rage est aussi palpable qu’elle peut être effrayante, et il brule la pellicule. Il faut dire que si le succès n’était pas encore au rendez-vous, l’acteur a tout de même plus d’une trentaine de films derrière lui. Leslie Cheung est également déjà connu, et même s’il n’a pas encore acquis une véritable crédibilité en tant qu’acteur, sa réputation de chanteur en fait déjà une star confirmée. Son rôle de flic prêt à renier son frère pour trouver sa place lui permet de prouver l’étendue de son talent. Waise Lee pour sa première apparition à l’écran se montre également très convaincant et ne manquera pas de créer des réactions chez le spectateur.

Mais c’est surtout la prestation de Ti Lung qui rend le film si touchant. Son cas est bien différent de celui des autres acteurs, puisqu’il a déjà connu la gloire lorsqu’il tournait les premiers rôles aux côtés de David Chiang dans les films de Chang Cheh. Et s’il restait souvent dans l’ombre de son partenaire, certaines de ses prestations ont été très remarqués, notamment dans Blood Brothers, qui lui a permis de remporter le prix du meilleur acteur à l’Asia-pacific film festival. Après avoir été l’une des stars les plus flamboyantes de la fameuse Shaw Brothers, Ti Lung connaît une période moins faste dans les années 80, suite au déclin de la fameuse société. Dans A Better Tomorrow, il retrouve un univers qui lui est familier, tout en s’y présentant de façon sensiblement différente. Il n’est plus un jeune guerrier fatigué, mais un gangster fatigué et plein de remords décidé à se ranger. Son interprétation est saisissante, et en quelques regards il parvient à faire passer l’émotion. Son regard dégage une telle chaleur qu’on comprend facilement pourquoi il reste aujourd’hui encore l’un des acteurs les plus importants du cinéma de Hong Kong.

Tous ces éléments font de A Better Tomorrow un film aussi attachant qu’inoubliable, à voir absolument. Et ce même si du point de vue formel il n’atteint pas l’excellence des films suivants de John Woo.
Léonard Aigoin 6/20/2010 - haut

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