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Center Stage    (1992)
La mort tragique de l’actrice Chinoise Ruan Ling Yu en 1935 a donné naissance à un mythe : Celui d’une actrice superbe crucifiée par la presse Shanghaiaise pour ses amours tumultueuses. Une personnalité hautement tragique car disparue jeune et au faîte de sa gloire, équivalent à une Marilyn Monroe ou un Bruce Lee.
Ironiquement, cette disparition trop rapide, inspirera producteurs et réalisateurs qui souhaiteront raconter la vie de la star du cinéma Chinois des années 30 et toucher de près son aura légendaire. Stanley Kwan est de ceux-là. Après avoir visionné plusieurs de ses films lors d’un festival à HK, le réalisateur tombe sous le charme et décide de monter un projet sur sa vie. Encore très affecté par son travail sur l’excellent Rouge, le réalisateur souhaite faire jouer Ruan par l’actrice/chanteuse Anita Mui. Un choix qui se comprend d’autant plus que les deux actrices partagent une légère ressemblance physique. Mais le massacre de Tien An Men vient bouleverser le cours des événements. Alors que Kwan souhaite tourner à Shanghai, la Madonna de HK refuse absolument de voyager en Chine Continentale. Le réalisateur ne se laisse pas abattre et décide de faire appel à Maggie Cheung pour la remplacer. L’excellent travail de cette dernière sur Full Moon In New York et son statut grandissant de Star/actrice majeure pesant probablement un bon poids dans ce choix de casting. Kwan complète sa distribution d’autres acteurs importants de HK et une petite sélection d’acteurs Chinois locaux. Il obtient même le soutien de deux réalisateurs/chorégraphes majeurs de Hong Kong pour monter la production : Jackie Chan (qui l’avait déjà aidé à faire Rouge et pour qui il avait été assistant-réalisateur dans les années 80) et Tsui Siu Ming (auteur de l’incroyable Mirage).
Au final, le film fait un très correct résultat commercial au box-office de l’ex-colonie Britannique, empoche un bon nombre de récompenses aux HK film award de 1993 et aboutit à la consécration internationale de Maggie Cheung, gagnante de l’Ours d’Argent de la meilleure actrice au festival de Berlin.

La forme choisie par Kwan pour raconter la vie de Ruan est probablement ce qui marque le plus à la vision de Center Stage. Au lieu de choisir un développement linéaire en partant de l’enfance de la star jusqu’à sa mort, le réalisateur choisit d’intercaler reconstitutions de l’époque avec des moments documentaires où témoigne des intervenants extérieurs voire le réalisateur lui-même ou certains de ses acteurs. Cette construction n’a rien d’hasardeuse et participe au projet d’ensemble du réalisateur. Ce n’est pas seulement la vie de l’ancienne star qui l’intéresse mais surtout les nombreux parallèles qui peuvent être faits avec l’époque contemporaine.
Kwan peut ainsi pointer du doigt les points communs qui lient les acteurs des années 20 aux années 90. La quête de gloire et d’immortalité y pointe le bout de son nez (à travers les propos de Carina ou de Lawrence Ng), atténué par la volonté de vivre une vie normale, loin des excès journalistiques. Le type de pensée qui animait également Ruan Ling Yu au temps de sa gloire. La différence tenant ici au contexte de l’époque beaucoup plus porté sur l’importance de la réputation qu’aujourd’hui (même si il en reste des traces puissantes dans la mentalité Chinoise).
Ce montage tout en alternance permet également à Kwan de mettre en valeur la beauté de la création cinématographique. Un monde où pendant une seconde on est en 1920 à pleurer les êtres qu’on aime et la seconde d’après à rire en groupe entouré de gens qu’on apprécie. Cet aspect semble passionner Kwan qui aime à montrer chaque moment du processus créatif nécessaire à la fabrication d’un film (ceux des autres comme le sien). De l’élaboration du script à la performance des acteurs (voir le moment où Ruan pleure la mort de son père), le metteur en scène ne manque la moindre occasion de sacraliser ces moments d’inspiration géniaux.

Le choix d’une forme aussi originale est artistiquement parfaitement justifié. Cependant, elle pose un réel problème pour s’attacher profondément au personnage de Ruan. Car, n’oublions pas que Center Stage est censé nous conter son histoire dramatique, ce qui implique de s’intéresser au personnage et de ressentir ce qu’elle éprouve. Cette identification au personnage s’avère très difficile à cause des incessants allers et retours entre passé et présent. Juste au moment où l’on commence à s’attacher à sa personnalité généreuse et réservée, on est renvoyé vers Stanley Kwan nous expliquant ce qu’avait été sa vie. La performance de Maggie demeure digne d’éloge, on la sent constamment dans le personnage (voir la très belle scène de danse), tout comme l’ensemble de ses partenaires mais la puissance émotionnelle de leurs prestations est partiellement mis à mal par le procédé mis en place par Kwan.
En résulte une certaine artificialité qui atténue l’implication émotionnelle. Kwan a privilégié l’esprit, la réflexion au cœur. Cela peut gêner pour s’attacher à Center Stage et est, clairement, à l’opposé de la manière dominante dont les films de Hong Kong sont envisagés (le tournage Shanghaiais aurait-il eu une influence dans ce sens ?).

Il est en tout cas indéniable que Kwan a fait un long travail de recherche historique pour l’occasion. Sa description des studios Shanghaiais de l’époque montre bien l’importance des choix politiques avec l’opposition conservateurs (affiliés aux positions de Tchang Kai Chek, héritier déviant de Sun Yat-Sen) contre communistes (vers lequel penchait la Linghei). Cette politisation du milieu (qui aboutira à l’essor du cinéma Hong Kongais 20 à 30 ans plus tard) était rendue encore plus dure par le contexte guerrier qui secouait la Chine suite à l’invasion Japonaise. Autant d’éléments bien réels et que Kwan a su mettre en scène comme il se doit, sans que cela prenne le pas sur le récit mais avec toute l’importance que cela pouvait avoir sur les gens de l’époque.
Ce respect historique se ressent également à travers le soin apporté à l’ensemble de la direction artistique. Reconstitué les années 20 Chinoises n’a rien d’une sinécure, même quand on tourne à Shanghai. Pourtant, Piu Yeuk Muk et son équipe sont parvenus à recréer un petit monde du cinéma Shanghaiais tout ce qu’il y a de crédible. Particulièrement remarquables sont les diverses Qipaos portés par les actrices, ouvragées et esthétiques.

Center Stage est une œuvre bourrée de qualités et atypique dans le monde du cinéma de Hong Kong. Et même si certains choix de Kwan sont discutables, le metteur en scène a le mérite d’avoir été jusqu’au bout de son projet sans faillir, assumant pleinement ses ambitions artistiques.
Arnaud Lanuque 2/18/2006 - haut

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 2/18/2006 Arnaud Lan...

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