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Killer Constable (1980) |
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Killer Constable est un film difficile à critiquer. Bénéficiant de qualités indéniables, ses défauts sont pourtant eux aussi nombreux, et certaines scènes plongent l'ensemble dans le ridicule. Même en tenant compte des difficultés qu’éprouvaient la firme des frères Shaw à l’époque, on a du mal à accepter le gâchis d’une œuvre au potentiel indéniable.
Entièrement porté par l'interprétation de Chen Kuan Tai, excellent, et l'évolution de son personnage, le glaçon impitoyable, qui prouvera son humanité au fur et à mesure de l'histoire, Killer Constable avait tout pour se hisser au rang des meilleurs drames martiaux de la Shaw Brothers. Le personnage principal, à la morale rigide, et aux principes inébranlables, n'est pas vraiment un enfant de cœur, et le questionnement autour de ses méthodes, posé par certains de ses hommes n'est pas inintéressant, mais on tombe trop vite dans le classique "c'est un dur, mais au fond, qu'est ce qu'il est gentil et loyal!". Alors que le postulat de départ ne se veut pas manichéen, on en arrive donc à une conclusion où tout est noir ou blanc et c'est bien dommage.
Le scénario des plus classiques aurait pu être racheté par un traitement plus subtil, mais au final, on ne dépasse pas la poursuite des voleurs et un twist prévisible à 1000 lieues sans grand intérêt.
Mais on regarde un tel film avant tout pour l'action après tout. De ce point de vue, les chorégraphies sont plutôt efficaces, sans être transcendantes. Quand on voit en plus comme certains artistes martiaux tels que Dick Wei ou Kong Do sont gâchés, on ne peut pas s'empêcher d'être déçu, surtout quand Ku Feng, déjà plus tout jeune se bat plus qu'eux! Toujours est-il que les combats ne resteront pas dans les annales, même si le pré-final et le final retrouvent la rage des Chang Cheh de la grande époque et relèvent énormément le niveau de l'ensemble. On est également surpris par la faible durée des affrontements le final étant notamment vite expédié. La chorégraphie est plutôt réaliste dans l’ensemble, mais l’ensemble n’est pas assez technique pour impressionner réellement.
La mise en scène est par contre franchement réussie d'un point de vue technique. Si le réalisateur peine à rendre sa dramaturgie poignante ou même prenante, avant le dernier tiers, il sait mettre en image et livre un montage nerveux mais lisible des combats, et quelques plans de toute beauté. Dommage que la narration soit sans grand intérêt, alors que le cœur du film devrait être les dilemmes moraux et le cheminement autant psychologique qu’émotionnel du héros. D’ailleurs, une scène en particulier vient plomber le film et même le plonger au rang de bisserie ringarde: celle du mur de flammes de 20 cm d'un ridicule gênant. Même les productions des années 70 bénéficiaient d’effets spéciaux plus impressionnants, et on a l’impression que l’équipe a tourné cette scène dans le jardin de l’un d’entre eux en priant pour que l’incendie ne se propage pas.
Killer Constable n'est pas un grand film mais reste un divertissement sympathique, bénéficiant de scènes de qualité et d'un final catharsique mis en valeur par une BO très réussie (le thème principal dramatique sera néanmoins repris de façon bien plus appropriée dans Eight Diagram Pole Fighter).
Néanmoins, préférez lui un Gang Master, bien plus prenant et bénéficiant d'un scénario nettement plus intéressant, ou encore What Price Honesty ?, la perle noire de la Shaw, nihiliste de bout en bout, ultra nerveux et poignant.
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Léonard Aigoin 6/5/2010 - haut |
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