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Critiques Express

As Tears Go By    (1988)
Premier essai filmique du futur génie du cinéma Hongkongais, As Tears Go By sort enfin dans nos contrées et il est intéressant, au regard de sa filmographie de l’analyser pour se rendre compte de la façon dont le cinéma de Wong Kar Wai s’est construit.

En prenant les deux extrémités de sa filmographie il est étonnant de constater qu’entre sa première tentative As Tears Go By et son récent gros soufflé 2046, Wong Kar-wai affiche d’emblée aussi bien les qualités de son style que ses propres limites. Wong est un génie, c’est sûr et certain, un immense metteur en scène qui en partant d’un cinéma totalement codifié (le film de triades avec As Tears Go By donc) a su inventer un langage et un univers cinématographiques qui lui sont propres, ayant en gros redéfini un mode de cinéma. Mais comme tout grand auteur, Wong a ses limites, comme il l’avait plus ou moins montré avec le très beau In The Mood For Love, qui sonnait déjà comme une redite de son style des 90’s. Avec 2046, en plus de réitérer les exploits stylistiques de son précédent film, il tombait dans le piège d’être conscient de son style et de son talent : une erreur fatale pour un cinéaste formel (même si Wong à toujours su offrir de belles histoires). Mais il faut bien avouer qu’en compagnie de son chef opérateur Christopher Doyle et directeur artistique William Chang Suk Ping, la recherche formelle était primordiale dans ces deux films pour faire naître les émotions. Ainsi en se prenant au piège de son propre style, Wong surfait sur la vague d’un genre codifié, le sien. Avec As Tears Go By, il ne partait pas dans cette optique de faire du cinéma formel consciemment. Ici on peut dire qu’il se lance plutôt dans un exercice de style où le fond prime sur la forme. Aussi le film entretient des rapports avec 2046 dans le fait que Wong Kar-wai abandonnera par la suite cette idée de faire du cinéma basé sur une histoire linéaire comme ici, préférant raconter des histoires avec un instinct de légèreté et d’urgence.

L’analyse de As Tears Go By est une expérience intéressante car pour ce projet, Wong Kar-wai accepta une commande commerciale et par le biais d’un style très codifié, définira les bases de son cinéma.

C’est en 1988 que Wong qui n’est encore que scénariste accepte cette commande du producteur Alan Tang Kong Wing (qui produira aussi son film suivant Days Of Being Wild). Egalement scénariste sur ce projet, Wong va de suite le faire sortir des sentiers battus en injectant une sérieuse dose de romantisme. Ce qui frappe d’entrée dans cette intrigue, ce n’est pas cette classique histoire de gangsters, mais cet étonnant mélange entre romantisme à fleur de peau et ultra violence réaliste. Wong crée déjà un étrange climat dans une troublante première partie du film et d’emblée il appose sa marque de fabrique.

Seulement, c’est un premier film et de plus ce n’est encore qu’un brouillon de son style futur. Pourquoi ? Parce que Wong arrive certes déjà à imposer cette fameuse histoire d’amour impossible, réunion de personnages mélancoliques écrasés par la grisaille de leur existence, mais doit en contrepartie s’accommoder de multiples outils cinématographiques et codes qui ne sont pas les siens. D’abord ce n’est pas son légendaire assistant Chris Doyle qui officie à la photographie mais le jeune Andrew Lau Wai Keung (infâme metteur en scène de Storm Riders et de The Duel) habile photographe qui officia sur un grand nombre de productions dans les années 80 et plus récemment auteur des succès Infernal Affairs et Initial D.
Très marqué par le style tape à l’œil propre au cinéma de Jerry Bruckheimer (American Gigolo notamment), Andrew Lau éloigne largement par son style plus sec et nerveux le film des premières intentions de Wong à savoir de plus axer son film sur la romance que sur l’action.
Mais il réussit en outre, à créer une étouffante atmosphère glauque en nous emmenant dans les night clubs sordides de l’ancienne colonie. Et il parvient aussi à imposer un rythme rapide par le biais de l’utilisation constante d’une caméra à l’épaule. Le style est peut-être moins soigné qu’avec un Chris Doyle, technicien extrêmement talentueux, mais Lau et Wong, réunis à nouveau pour Chungking Express, engendrent un rendu visuel proche de la réalité citadine.

Notons également que l’utilisation de la musique dans As Tears Go By est assez perfectible et se révèle opposée à son usage dans les films suivants. Pour signifier un peu plus les emprunts à tout un pan du ciné US de par son style et son histoire (une variante Hongkongaise du Mean Streets de Martin Scorsese avec la dérive nocturne des personnages mais aussi le triangle amoureux), As Tears Go By va jusqu'à utiliser une reprise chinoise du tube "Take My Breath Away" (entendu dans Top Gun avec Tom Cruise). Cette version cantonaise revient constamment briser les scènes de romance importantes (la sublime scène du baiser entre Andy Lau et Maggie Cheung).

En fait, c’est dans le choix du casting que réside toute l’essence du style de Wong Kar-wai. En arrachant la délicate Maggie Cheung de ses éternels rôles de potiche dans les films de Jackie Chan, il parvient grâce à son personnage à esquisser ses futurs thèmes d’auteur (l’histoire d’amour en particulier). Cette dernière est une fois encore touchante et belle et apporte au film ses meilleurs moments, le début du film notamment. Face à Cheung c’est un Andy Lau encore jeunot qui tire son épingle du jeu à défaut d'un Jacky Cheung plutôt agaçant dans ses éternels rôles de chien fou. Andy Lau joue aujourd’hui de sa célébrité mais le voir jouer quelques rôles à contre-emploi comme ici est très agréable.

Bref, As Tears Go By est un très bon film, principalement pour sa merveilleuse première partie qui provoque déjà cette sensation de rêverie en apesanteur propre au cinéma de Wong. La suite du film rentre plus dans le créneau classique du film de triades ultra violent mais la qualité de l’ensemble parvient facilement à faire oublier un final expéditif. Et déjà au regard des autres films de triade de l’époque, Wong Kar-wai parvient à offrir un métrage bien au dessus de la moyenne car original et séduisant par son mélange entre drame intimiste et urbain.

De plus, As Tears Go By est un film intéressant qui dévoile les prémices d’un grand metteur en scène en devenir, peut-être déjà un génie en son époque. As Tears Go By n’est peut-être qu’un brouillon au regard de ses autres films, mais en tout cas il est une base solide qui servira de terrain d’expérimentation pour aboutir a son premier chef d’œuvre -Nos Années sauvages. En tout cas, Cannes aura su le remarquer dès le départ puisque le film fut présenté à la semaine de la critique en 1989.
Benjamin Banon 9/3/2005 - haut

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 9/3/2005 Benjamin Ba...

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