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Legend Of The Fox (1980) |
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Au tout début des années 80, Chang Cheh se spécialisa dans les adaptations de romans de Jin Yong mettant en vedette la troupe d’acteurs martiaux qu’il avait formée, les Venoms : The Sword Stained With Royal Blood, The Brave Archer 3 (cycle entamé en 1977), Ode To Gallantry… Il s’enticha également d’un tout jeune artiste prometteur (mais qui a beaucoup déçu par la suite), Chin Siu Ho. Legend Of The Fox, qui est en quelque sorte le film destiné à lancer sa carrière, lui est tout entièrement dévolu.
Legend Of The Fox s’ouvre sur un paysage en déliquescence où la pluie semble mener tous les protagonistes d’un même drame en un lieu unique. Ce doigt du destin, à la limite du fantastique, va permettre à un enfant de connaître l’assassin de son père et de le venger, après bien des rencontres et des aventures. Adaptation d’un roman de Jin Yong oblige, le récit est constitué d’une multitude d’histoires qui se révèlent être chacune une pierre à l’édifice de la vérité. Chang Cheh épouse la structure de l’ouvrage et, peut-être par paresse, décide de découper son film à la manière des chapitres d’un livre. Le spectateur sera donc promené de flash-back (certains en noir et blanc, d’autres en couleurs) en digression et intrigues parallèles. A tel point qu’il est parfois légitime de se demander si l’on n’est pas en train de regarder un autre film…
Chin Siu Ho est un jeune homme élevé par un ancien serveur d’auberge depuis la mort de ses parents. Sans cesse sur les routes, ils sont contraints, une nuit de forte pluie, de chercher asile dans la demeure d’un riche citoyen. A peine installés, arrive un bandit (Chui Tai Ping) en lequel l’ancien serveur reconnaît un des acteurs du drame, puis un chevalier (Philip Kwok) avec lequel son père (Lu Feng) se battit sept jours durant avant d’être empoisonné par son épée et, enfin, le frère du chevalier (Chiang Sheng), au comportement trouble. Très vite la tension monte entre tous ces hommes d’action, sous les yeux du jeune garçon qui ne sait encore qui est le coupable… Du point de vue de l’intrigue, jamais Chang Cheh ne s’est autant approché d’un film d’arts martiaux de Chu Yuan. Un événement tragique qu’on pensait oublié – l’assassinat non résolu d’un chevalier, le suicide de sa femme et la disparition de son bébé – ressurgit des années plus tard alors que les esprits se sont brouillés et que la légende a pris le pas sur la réalité. Comme dans une tragédie grecque, les personnes pouvant démêler les écheveaux de ce mystère se retrouvent toutes dans la même maison alors que les éléments se déchaînent à l’extérieur. Les clans luttent pour le pouvoir et les chefs n’hésitent pas, même entre frères, à se jouer des coups tordus, dignes de brigands de petite engeance. Une fois encore, le Jiang Hu n’est pas dépeint sous un jour des plus reluisants et un bel épéiste vêtu de blanc peut s’avérer être une âme infâme, prête à tout pour conquérir le pouvoir. Le monde des chevaliers est corrompu et toutes les ruses sont utilisées à des fins médiocres : dans Legend Of The Fox, les personnages utilisent plus de poisons que tous les Borgia réunis ! La recherche du roi du poison, seul être capable de trouver un antidote au mal d’un des héros, est une aventure en soi, un film dans le film. Chang Cheh aurait-il dû alléger son scénario ? Faire un film en deux parties ? Il est certain que ce passage, aussi sympathique soit-il, casse véritablement le rythme de Legend Of The Fox. On en vient à oublier les événements qui se sont déroulés précédemment et la tension (provoquée chez le spectateur par la haine du traître) chute inexorablement…
Les Venoms (sans Lo Meng et Sun Chien cette fois-ci) n’ont pas bâti leur réputation sur leurs qualités dramatiques et Legend Of The Fox en est malheureusement un nouvel exemple. Dire de Lu Feng qu’il est particulièrement inexpressif est un doux euphémisme : il demeure des séquences entières le regard perdu dans le vide. Chiang Sheng, d’ordinaire un peu plus vif, est cantonné dans le rôle du fourbe en retrait qui complote. Philip Kwok, peut-être le « meilleur » acteur de la bande, est également décevant. Le spectateur pas trop exigeant pourra toujours se rabattre sur les très agréables scènes d’action, même si elles sont chorégraphiées sans réel génie créatif (et qu’on a l’impression de les avoir déjà vues dans un autre film des Venoms !). Chin Siu Ho y développe un réel talent qu’il aura du mal à exploiter dans la suite de sa carrière.
Toujours sur la pente descendante, Chang Cheh s’enfonce en ce début des années 80 toujours un peu plus dans la médiocrité. Mais la médiocrité d’un Chang Cheh, ce n’est déjà pas si mal !
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David-Olivier Vidouze 9/25/2005 - haut |
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