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Critiques Express

Dead End    (1969)
En 1969, Chang Cheh est déjà un réalisateur confirmé, grâce à ses collaborations fructueuses avec Jimmy Wang Yu. Dead End marque un tournant dans sa carrière, puisqu’il met en vedette ses deux acteurs fétiches, David Chiang, et surtout Ti Lung, ensemble pour la première fois (même s’ils apparaissent tous deux dans Return Of The One-Armed Swordsman.

De façon surprenante, pour cet équivalent hongkongais de La Fureur De Vivre, ce n’est pas David Chiang, pourtant considéré comme le James Dean de Hong Kong (une comparaison qui est même faite dans une scène du film), qui interprète le rôle principal, mais un tout jeune Ti Lung. L’acteur, dont la carrière force le respect, se lance à corps perdu dans l’histoire, et on a bien du mal à croire qu’il s’agisse de son premier grand rôle.

Irradiant de charisme à chaque apparition, il incarne l’archétype d’une jeunesse en perte de repères, à qui on n’a jamais imposé de limites (il est l’homme de la vie de sa mère depuis que son mari l’ait abandonnée, et elle est prête à tout lui pardonner). Et c’est bien là le sujet de Dead End : deux mondes qui s’affrontent, et la découverte de règles pour un jeune homme perdu (le thème principal qui ouvre et ferme le film l’annonce d’ailleurs) qui découvre un univers nouveau. Sans jamais surjouer, Ti Lung parvient à faire passer l’émotion, par un geste, un regard. Son attitude désinvolte a dû servir de modèle à bon nombre de jeunes gens de l’époque, et il y a fort à parier qu’Andy Lau a vu ce film avant de tourner A Moment Of Romance.

Face à lui, les autres acteurs font ce qu’ils peuvent, mais la lutte est perdue d’avance. Li Ching, qui n’apparaît que tard, ne fait pas grand-chose de plus que le pot de fleur, Angela Yu bénéficiant finalement d’un rôle plus intéressant, et David Chiang nous rappelle que son charisme aurait dû l’imposer plus souvent dans le rôle de l’acolyte que celui du héros. C’est à Ti Lung qu’appartient le film, non seulement parce qu’on le voit plus, mais surtout grâce à sa présence incroyable.

Le scénario suit un rythme plutôt contemplatif, présentant dès son introduction les enjeux de la confrontation. La première partie pose le cadre de vie du héros et nous fait suivre son quotidien. Ses pensées restent secrètes, et même si on assiste à tous ses faits et gestes, l’impression qu’il est insaisissable domine. Fulgurance semble être le mot qui le définit le mieux. Il n’est pas là pour perdre son temps, mais pour faire ce qu’il veut, quand il le veut. L’histoire est construite avec intelligence. Chang Cheh ne présente pas les riches comme des démons prêts à sortir les griffes immédiatement. Même si les relations semblent impossible, qu’il existe un interdit, ce n’est qu’après une arrestation qui porte atteinte au nom de sa sœur que le personnage de Chen Hung Lieh va s’en prendre à Ti Lung.

Les événements de cette seconde partie, plutôt anodins dans un premier temps, vont rapidement basculer vers une violence irrationnelle. Mais le tout est amené de façon crédible, ce qui rend le final prenant.

La réalisation de Chang Cheh est magnifique. Mélangeant le classicisme de One Armed Swordsman et la recherche presque expérimentale de Golden Swallow, sa mise en scène est dynamique, esthétique, et originale. Les plans de caméra sont amples, le montage travaillé à la seconde, et l’utilisation du ralenti, loin d’être abusive, toujours justifiée. Les scènes violentes sont également plus crues qu’à l’accoutumée, moins esthétisée, ce qui les rend plus perturbantes. Le plus surprenant reste la capacité du réalisateur à développer la romance sans qu’elle ne paraisse ridicule, même pour un spectateur d’aujourd’hui. C’est certainement l’attitude désinvolte du personnage de Ti Lung et la passion de celui de Li Ching qui créent une alchimie crédible.

L’action est bien sûr présente, même si elle reste secondaire. Les chorégraphies du duo Tang Chia/Lau Kar Leung imposent un style plus proche du combat de rue que des affrontements martiaux, ce qui est plus approprié. On sent bien néanmoins que ces scènes n’intéressent pas trop Chang Cheh, à qui on a les a certainement imposées.

Dead End est une chronique sociale comme on en voit rarement dans le cinéma de Chang Cheh, mais c’est aussi et surtout, un testament. Testament du talent du réalisateur, qui signe l’un de ses plus beaux films. Testament aussi de la naissance d’un acteur, Ti Lung, bouillonnant d’énergie et de charisme. Testament enfin, de la naissance du triangle d’or, à qui l’on doit des œuvres telles que La Rage Du Tigre (même si en parlant de triangle, on a tendance à oublier Tang Chia et Lau Kar Leung…), Chang Cheh/Ti Lung/David Chiang.

A voir absolument.
Léonard Aigoin 1/21/2010 - haut

Dead End    (1969)
Les films qui abordent le difficile passage de l’adolescence à l’âge adulte forment un genre à part entière. Bon nombre de chef-d’œuvres cinématographiques en sont issus, parmi lesquels on ne manquera pas de citer le classique Rebel Without A Cause de N. Ray et le sublime Splendor In The Grass d’E. Kazan, véritable diamant brut. Tous ces films ont pour point commun d’être portés par de jeunes acteurs – alors peu connus - qui ont quasiment l’âge de leur personnage (J. Dean, W. Beatty…) et d’être mis en scène par des cinéastes novateurs.
Si les plus flamboyants exemples de ce genre viennent des Etats-Unis, les autres pays ne sont pas en reste et l’on peut trouver jusque dans l’Antoine Doinel des Quatre Cents Coups un lointain cousin du J. Dean de Rebel Without A Cause. Il était donc naturel qu’un jour ou l’autre Hong Kong s’approprie lui aussi cette thématique : la période socialement et économiquement trouble des années 60 était le parfait terreau pour que l’ancienne colonie nous livre sa propre vision d’une jeunesse rebelle et perdue…
Et c’est Chang Cheh, à l’époque déjà réputé pour ses films d’arts martiaux (Tiger Boy, One-Armed Swordsman, Golden Swallow…), qui s’empare du sujet et met en chantier Dead End, une de ses œuvres les plus surprenantes.

Dès le générique, le réalisateur brosse le décor : dans la société hongkongaise de cette fin des années 60, les gens issus des classes moyennes travaillent dans les bureaux (panoramique sur un pool de clercs d’une société d’assurance), tandis que les patrons jouent à la pétanque (immense green avec quelques vieillards ventripotents et satisfaits) et que leurs enfants s’ébattent dans la piscine de leurs luxueuses résidences (jeux d’eau avec plongeons au ralenti et éclats de rire ampoulés). Ces images ont d’autant plus d’impact sur le spectateur qu’elles sont pratiquement dénuées de bande sonore et qu’aucun visage familier (en 1969) ne vient captiver l’attention.
Peu après la fin des crédits, nous quittons le jeune Zhang Chun clerc et le retrouvons sur son lieu de travail, en pleine nuit, avec une jeune fille. Habitant encore chez sa mère, il convie où il peut ses compagnes d’un soir pour des ébats amoureux. Las, un gardien les surprend et il se retrouve une fois encore sans travail. Il traîne alors de lieux en lieux, du garage où son ami David (David Chiang) est employé, au domicile maternel (le père a délaissé le foyer), en passant par les boîtes de nuit et les bars à hôtesses. Il cherche aussi du travail et refuse tout compromis : lors d’un entretien d’embauche, il déclare ainsi être athée, chose assez inconcevable en Asie et pouvant entraîner un refus direct de l’employeur. La vie suit donc son cours, une existence qui le condamne à rester à sa place, sans espoir de progression sociale. Il s’en accommode du reste fort bien jusqu’au jour où il fait accidentellement la connaissance d’une jeune fille, Wen Ru (Li Ching), en panne sur le bord d’une route. Les ennuis vont alors réellement commencer pour les deux jeunes gens qui tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Wen Ru vient d’une famille riche et influente et, à ce titre, se voit refuser par son père et son frère Wen Oiang (Chan Hung Lit) l’autorisation de poursuivre sa relation avec Zhang Chun. Bien entendu, les amoureux vont braver l’interdiction et la situation ne va pas tarder à s’envenimer.

Chang Cheh prend résolument parti pour son héros en nous dépeignant de manière à la fois rude et triste le monde des riches. Alors que d’un côté Zhang Chun est entouré d’amis fidèles, David le mécanicien et Mary (Angela Yu) l’hôtesse de bar, Wen Ru apparaît bien seule et Wen Oiang vit au milieu de gardes du corps. Zhang habite avec son petit frère et sa mère (Chen Yan Yan) au dessus du magasin de jouets familial, créant ainsi une atmosphère de « cocon », alors que Wen Ru loge en haut d’une tour (superbe vue plongeante sur Hong Kong qui renforce le sentiment d’inaccessibilité et de solitude de la jeune femme) et Wen Oiang dans une propriété surprotégée.
De même, Chang Cheh critique le pouvoir de l’argent et semble admirer le désintérêt total que lui porte Zhang Chun (facilité, il est vrai, par une mère qui lui répète sans cesse qu’il n’a pas besoin de travailler car elle peut subvenir à ses besoins). Wen Oiang, lui, se sert de l’argent pour imposer sa volonté et écraser les autres : de manière «douce» dans la boîte de nuit, lorsqu’il propose à Zhang Chun de régler toutes ses consommations de la soirée (chose qui mettra le jeune homme hors de lui et le fera quitter l’endroit), ou de manière brutale, lorsqu’il corrompt un policier et fait corriger le héros par ses acolytes dans l’enceinte même d’une prison.

Dans Dead End, Chang Cheh prend le temps de développer la psychologie des personnages principaux, chose qu’il n’aura pas systématiquement l’habitude de faire par la suite. Il évite la caricature en prenant pour héros non pas un miséreux mais un garçon issu des classes moyennes : ainsi, il touche un public plus large et qui aura d’autant plus de facilité à s’identifier au personnage ou à y reconnaître quelqu’un de proche. Zhang Chun, c’est un peu le frère du spectateur hongkongais lambda de cette année 1969 qui aimerait bien changer de vie !
Si la relation entre Ti Lung et David Chiang aurait pu être étoffée, l’hôtesse de bar incarnée avec brio par Angela Yu est un superbe personnage : tellement amoureuse de Zhang Chun, elle est prête à tout pour son bonheur. Son métier, qui la fait passer d’homme en homme, lui a comme retiré toute identité, toute personnalité à force de mépris de soi : elle n’existe plus vraiment comme être humain, idée poussée à son paroxysme lorsqu’elle vante les mérites de Wen Ru à celui qu’elle aime (et avec lequel elle a des relations sexuelles), Zhang Chun. Plus tard, Chang Cheh compose une scène magnifique et terrible, complètement muette, lorsque la belle se recoiffe devant la glace et prend conscience de la vacuité de son existence…

Dead End est aussi le début d’un mythe, la construction en direct, en 24 images par seconde, d’une star : Ti Lung. C’est au cours d’une audition pour le film que Chang Cheh le remarque, l’engage et le teste dans Return Of The One-Armed Swordsman. L’essai étant concluant, il se voit offrir son premier grand rôle, un jeune rebelle un peu perdu dans la société hongkongaise de la fin des années 60.
Chang Cheh se saisit de l’acteur et va y cristalliser toutes ses obsessions : le jeune homme sera une bête de sexe (il fera l’amour à beaucoup de femmes), doté d’un corps d’athlète (voir la scène de musculation), fier (il refuse de se laisser inviter par un homme), intègre (il ne ment jamais même si cela lui porte préjudice), violent (il en rechigne pas à se servir de ses poings), fidèle en amitié (il se sacrifie pour venger son ami), exalté (il fûme deux cigarettes à la fois, comme s'il avait conscience de la brièveté de sa vie) et plein de sang dans les veines (les héros de Chang Cheh se doivent de saigner…).
Ti Lung est absolument magnifique dans le rôle, sûrement un des plus beaux de sa longue carrière. Il évite avec maestria la caricature et l’exagération, sait être séduisant et inquiétant, parfois méprisable (sa relation avec Mary), mais toujours convaincant.

Chang Cheh retrouve, à l’occasion de Dead End, l’audace et l’innovation cinématographiques qui caractérisaient Tiger Boy, réalisé 3 ans plus tôt . En 1969, le metteur en scène a 46 ans mais c’est encore un artiste qui cherche de nouvelles voies pour raconter une histoire, n’hésite pas à expérimenter plastiquement, sortir des sentiers battus. A ce titre, les jeux sur la bande son et le montage sont particulièrement remarquables.
The Singing Killer, qui suivra et qu’on peut aussi appréhender comme la volonté d’explorer un nouveau genre (la comédie musicale), sera beaucoup plus kitch et historiquement daté. On ne peut pas livrer un chef-d’œuvre tous les ans…
David-Olivier Vidouze 7/15/2005 - haut

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