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Critiques Express

Opération Scorpio    (1992)
Cette année, le producteur Raymond Chow Man Wai a été couronné pour l’ensemble de sa carrière de producteur durant la 5ème édition des Asian Film Awards. L’occasion de se replonger dans certains des productions de sa Golden Harvest. Connue pour avoir permis à des stars comme Jackie Chan de s’épanouir, la société s’est fait une spécialité des films d’action comme beaucoup de ses concurrentes. Operation Scorpio est un excellent exemple des divertissements qui ont permis à Raymond Chow Man Wai d’être un producteur victorieux. Pour l’occasion, la Bo Ho Films Co., Ltd., créée par Sammo hung en 1982, participait également au financement. Il faut dire qu’Operation Scorpio est réellement la rencontre de talents multiples. On retrouve ainsi David Lai Dai Wai à la réalisation, connu pour ses multiples collaborations avec la star Andy Lau. Ayant débuté par des films plutôt anecdotiques, dont quelques films de triades s’inscrivant dans la mode de l’époque, c’est en 1991 que son travail va connaître une véritable expansion. Saviour Of The soul, véritable Wu Xia Pian fantastique moderne sorti en 1991 marque ainsi sa rencontre avec le chorégraphe Corey Yuen Kwai. Ce dernier a largement prouvé dans les années 80 qu’il était capable de présenter des combats efficaces et originaux, mais aussi de mettre en scènes des divertissements percutants à la narration soignée. Les deux compères vont cependant se dépasser pour Saviour Of The Soul, ce qui va les amener à renouveler l’expérience pour une suite et une petite série d’autres productions, dont Operation Scorpio, où Corey Yuen Kwai ne fait par contre office que de chorégraphe. Mais il ne sera pas seul pour s’occuper des scènes d’action, puisque son vieux comparse de l’Opéra de Pékin, Yuen Tak vient lui prêter main forte. Moins connu que ses autres « frères » des sept petites fortunes (exception faite de Yuen Mo), Yuen Tak est un chorégraphe inventif, aussi à l’aise dans les échanges martiaux très techniques que dans les affrontements plus délirants des Wu Xia Pian des années 90. Afin de compléter la vision de ce duo habitué aux expérimentations martiales, le vétéran Lau Kar Leung, qui s’offre également un des rôles principaux, vient offrir une alternative plus traditionnelle aux combats. Une opportunité pour le maître de faire oublier l’accueil réservé à sa dernière réalisation, Mad Mission 5, considéré comme le plus mauvais épisode de la série (du moins si on ne comptabilise pas New Mad Mission). Le casting est tout aussi éclectique, puisqu’outre Lau Kar Leung, on retrouve le cascadeur Chin Kar-Lok, qui a doublé presque tous les acteurs de l’ex-colonie, le monsieur muscle de l’époque Frankie Chin et l’artiste martial coréen Kim Won Jin, célèbre pour ses coups de pied, ses acrobaties et la technique du scorpion qui donne son titre à Operation Scorpio.

Saviour Of The Soul possédait une identité visuelle très forte, proche du comic book, grâce à des jeux de lumière très inventifs et à un travail sur la couleur original. La scène d’introduction d’Operation Scorpio prouve que David Lai Dai Wai est un metteur en scène qui soigne l’aspect visuel de son travail bien plus que beaucoup de réalisateurs de l’époque, et on retrouve cette atmosphère surréaliste qui caractérisait son précédent film. Le découpage de cette scène est un mélange d’inspirations. Lorsque les adversaires s’observent en se préparant au combat, on pense immédiatement aux Manhua, ces bandes dessinées chinoises, en particulier aux poses des héros des planches de Tony Wong Yuk Long (dont le travail a été adapté par wilson Yip dans Dragon Tiger Gate). Le montage des combats s’inscrit quant à lui dans la logique de ce que proposent les wu xia pian du début des années 90. Les câbles sont largement exploités, et le duel totalement délirant rappelle davantage l’emphase d’une bande dessinée que l’échange martial très technique des Kung Fu Pianclassiques. La transition entre ce monde fantasmé et la réalité est convaincante, grâce à une opposition pertinente entre les univers visuels (les couleurs rouges des éclairages contre les murs jaunes de l’école) et thématique (le héros devient un rêveur victime de moqueries, y compris celles de son professeur). Dans le même ordre d’idée, les plongeons câblés consécutifs aux coups reçus du rêve sont remplacés par des chutes bien réelles au réveil. Et c’est bien l’intérêt d’offrir à l’un des meilleurs cascadeurs de Hong Kong le rôle principal : Chin Kar-Lok enchaîne les chutes qui font mal du début à la fin. Mais malgré le rythme de ses démonstrations, l’action est bizarrement absente durant la majorité du film. Il faudra se contenter de ces innombrables petites (mais réjouissantes) cascades. En opposition, Kim won Jin va multiplier les occasions de nous faire découvrir ses capacités. Ses apparitions sont d’ailleurs aussi brèves que fulgurantes, et son rôle consiste uniquement à tenter d’avoir l’air agressif en bondissant. L’artiste martial va ainsi nous gratifier de coups de pied d’une vivacité effrayante, dont la puissance semble bien réelle. Extrêmement souple, il se révèle être un acrobate dont le style rappelle un peu les démonstrations d’un Yuen Biao des grands jours. Dommage qu’il soit incapable de véhiculer la moindre émotion Son visage crispé n’en fait même pas un adversaire réellement convaincant. Bien sûr, on ne s’attend pas à voir des prestations inoubliables lorsqu’on regarde Operation Scorpio. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’accent est davantage mis sur le développement des personnages que sur l’action, puisqu’il faudra attendre la dernière demi-heure du film pour contempler des affrontements dépassant une minute. Un parti-pris surprenant avec un tel casting martial et une telle armée de chorégraphes de renom.

D’autant plus que l’intrigue n’a rien de fascinant. Les éléments intéressants sont peu exploités, et les deux histoires peinent à se rencontrer. L’obsession de Yu-Shu pour la vocation de justicier n’a pas de réelle explication. Ce n’est pas un problème en soi, puisque tant le comic book que le film Kick-Ass ont prouvé que le sujet de l’apprenti super-héros sans pouvoirs peut donner un traitement aussi cynique que divertissant. Mais finalement, l’aspect bande dessinée n’est plus vraiment exploité après l’introduction. Bien sûr, le héros utilise sa plume à plusieurs reprises, mais l’intérêt narratif de ses dessins reste très proche du manuel d’arts martiaux que Jackie Chan consultait dans le final de Half A Loaf Of Kung Fu. Le traitement devient donc rapidement paresseux et n’est pas plus original que celui de la majorité des Kung Fu Pian de l’époque. On en vient même à se demander si les scènes mélangeant l’apprentissage de la cuisine et du Kung-fu ne sont pas reprises du Dragon From Russia de Clarence Ford, datant de 1990, sur lequel Yuen Tak officiait également en tant que chorégraphe. Le montage est d’ailleurs presque identique, jusqu’à l’utilisation similaire d’une chanson de canto-pop pour illustrer l’entraînement du héros. Mais même l’apprentissage du combat s’inscrit dans le schéma dual du film, puisque Yu –shu apprendra également à devenir fort auprès du musculeux Frankie Chin. Ce dernier tournait beaucoup au début des années 90, grâce à un charisme plus développé que celui de la plupart des autres messieurs muscles. Malheureusement, ces séances ludiques, en plus de manquer d’originalité et d’audace, sont trop mises en avant au détriment d’une intrigue qui peine à démarrer. Car malgré le temps passé auprès des personnages, leur psychologie reste trop simpliste pour assurer une véritable implication du spectateur. D’autant plus que les antagonistes ne font pas grand-chose à part pavaner auprès de servantes et passer à tabac des concurrents. Les situations ne se renouvellent pas assez et manquent de fraicheur. La faute à des dialogues plutôt anecdotiques et à des prestations dramatiques sans éclat. Chin Kar-Lok bénéficie d’une côte de sympathie évidente, mais sa présence à l’écran reste limitée. Il n’y a finalement que Lau Kar Leung qui tire son épingle du jeu, mais son personnage n’est réellement exploité que tardivement. Globalement, on sent que le rythme et la narration manquent de rigueur, ce qu’une quantité de combats plus généreuse aurait pu compenser aisément.

Après tout, il n’était pas rare au début des années 90, de devoir attendre le dernier tiers d’un film avant d’assister à une explosion d’action virevoltante. Comment ne pas citer le survolté Legend Of The Wolf de Donnie Yen, dans lequel la star appâte le spectateur pendant une heure par de brèves échanges musclés avant de le terrasser avec son final de plus de vingt minutes. Mais même de ce point de vue, Operation Scorpio n’est pas aussi spectaculaire qu’on pourrait le croire. Le pré-final opposant Frankie Chin à Kim Won Jin a le mérite de mettre en valeur l’élasticité du combattant coréen face au monsieur muscle et à sa technique limitée. Mais malgré les acrobaties vraiment époustouflantes, les amateurs d’arts martiaux trouveront difficilement leur compte. Le final est plus réjouissant, avec un affrontement de groupe durant lequel Lau Kar Leung nous montre sa maîtrise du setsukon (exécutant un mouvement identique à celui pour lequel il doublait Gordon Liu dans Heroes From The East) et échangeant quelques politesses avec un Yuen Tak très en forme. La vitesse du maître est plutôt impressionnante, et sa façon de combattre montre que le style du sud n’a rien à envier au style du nord, plus axé sur les coups de pied. On regrettera donc que ce combat de masse soit très court. Car Lau Kar Leung et Kim Won Jin vont rapidement en venir aux poings. Le mélange entre chorégraphie technique plutôt traditionnelle et les acrobaties moins réalistes est très sympathique. On regrettera que les décors soient peu exploités dans les chorégraphies, par contre ils sont bien mis en valeur sur le plan visuel. A noter que fidèle à ses habitudes, Chin Kar Lok double Lau Kar Leung pour les sauts et les chutes les plus spectaculaires. En tant qu’acteur principal, il n’a par contre que peu l’occasion de démontrer ses capacités. Son duel avec Kim Won Jin est court, et consiste en grande partie à se faire frapper et à tomber violemment. Mais la technique qu’il emploie pour vaincre renoue un peu avec l’esprit comic book de l’ensemble et lui permet de montrer sa souplesse. Finalement, ce sont davantage ses qualités d’acrobate que d’artiste martial qui sont sollicitées.

Le combat final est à l’image du film : rempli de bonnes idées et fait avec sérieux, mais un peu décevant. En effet, avec tant de talents impliqués, Operation Scorpio se contente d’être un très sympathique divertissement quand on attendait un film bien plus audacieux. Il devrait néanmoins réjouir les fans de comédies d’action de l’époque, grâce à son énergie et sa bonne humeur communicatives.
Léonard Aigoin 4/5/2011 - haut

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 4/5/2011 Léonard Aig...

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