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Piège à Hong Kong (1998) |
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Knock Off est le second film de Tsui Hark à Hollywood, ou du moins pour l’industrie hollywoodienne, car le tournage a eu lieu sur l’ancienne colonie britannique. Malgré l’échec de Double Team, Jean-Claude Van Damme retrouve le premier rôle, tandis que Sammo Hung Kam Bo se charge une fois de plus des chorégraphies, accompagné de Yuen Bun. Le film sort en 1998 et scelle la carrière américaine de Tsui Hark. Mais peut-on vraiment parler d’échec lorsqu’un réalisateur semble avoir voulu saboter ouvertement son film ?
En dépit des difficultés rencontrées au cours du tournage de Double Team, Tsui Hark a de nouveau droit au meilleur acteur belge de films d’action. Néanmoins, Nansun Shi est cette fois la productrice du film de son époux, et Knock Off est produit entre autres par la Film Workshop. Le titre original signifie contrefaçon, et c’est là son thème principal. Cette notion se retrouve d’ailleurs tout au long de Knock Off, qui n’est finalement qu’une pâle copie de ce que le réalisateur hongkongais est capable de faire lorsqu’il s’en donne les moyens. L’équipe du film est encore une fois hétérogène, et de nouvelles incompréhensions lors du tournage apparaissent. Par cynisme ou par dépit, Tsui Hark décide de saboter son film et renie les qualités qui lui avaient ouvert les portes d’Hollywood, au détriment des acteurs.
Le ton est donné dès la première apparition de Jean-Claude Van Damme, sifflotant joyeusement de la pop chinoise au volant de son coupé, sourire niais figé aux lèvres. On le retrouve quelques minutes plus tard, tirant son associé (Rob Schneider) lors d’une course de pousse-pousse improbable dans les rues de Hong Kong, fessé par une anguille. Cette campagne de décrédibilisation envers l’acteur belge atteint son paroxysme avec la réplique : « Je suis une contrefaçon ». Tous les moyens sont bons pour se moquer d’un Jean-Claude Van Damme qui n’a pourtant pas besoin de ça, souffrant de gros problèmes de santé au cours du tournage en raison de son addiction à la cocaïne. Il navigue entre comédie et action, sans jamais convaincre. Ses compagnons d’infortune ne sont guère mieux lotis, que ce soit Rob Schneider ou Michael Wong Man Tak, qui ne peuvent pas compter sur leurs talents de comédiens pour relever le niveau de cette grosse farce. Du point de vue de la réalisation, Tsui Hark place sa caméra n’importe où, et fait une fixation sur les jambes et les pieds, allant jusqu’à filmer l’intérieur de la chaussure de Jean-Claude Van Damme… Les séquences d’action sont tantôt ralenties, tantôt accélérées, sans que cela ne serve l’action. Ces changements de rythme sont même plutôt déroutants, et on est loin de la réalisation inventive et astucieuse qui a fait la réputation de Tsui Hark. De plus, les retournements de situation sont trop nombreux et confus pour donner un semblant de cohésion à Knock Off et retenir l’attention.
Tsui Hark aurait voulu enterrer sa carrière et celle de Jean-Claude Van Damme, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Le cynisme, la provocation et l’insoumission sont les seuls points communs entre Knock Off et les premiers films de Tsui Hark (We're Going To Eat You, Don't Play With Fire). A noter la présence encore une fois imposante de Coca-Cola, dans une scène de combat sur un énorme panneau publicitaire de la marque de sodas. La compagnie était déjà représentée de manière grotesque dans Double Team, puisqu’un de ses distributeurs automatiques sauvait les protagonistes du film d’une mort certaine. Difficile de croire que cette double présence est due au hasard…
Avec toutes ces imperfections, le film n’engrange que dix millions de dollars aux Etats-Unis, et termine l’année 1998 à la 124e place du box-office américain, ce qui en fait un échec commercial encore plus important que celui de Double Team. Tsui Hark repart alors à Hong Kong, et va tenter de redonner une impulsion au cinéma qui l’a vu naître, bien morne depuis la rétrocession de l’île à la Chine. Knock Off justifie amplement son titre, et clôt l’épisode hollywoodien de la carrière de Tsui Hark . Personne ne sort grandi de ce film, et le réalisateur repart des Etats-Unis avec un sentiment partagé entre la joie d’avoir découvert une autre manière de faire du cinéma, et un sentiment de frustration lié à des visions du septième art bien trop divergentes.
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Sébastien Massaferro 11/11/2005 - haut |
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