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Critiques Express

Kung Fu Killer    (2014)
Depuis 2005, mis à part la série Ip Man, la vedette martiale Donnie Yen s’est surtout distinguée dans des thrillers d’action comme SPL (2005) Flashpoint (2006) de même que Kung-Fu Jungle. Datant de 2014, ce dernier film est différent des autres. Pour une fois, Donnie n’y joue pas un policier affrontant des gangsters. Son personnage fait plutôt face à un pratiquant martial désaxé. « Le kung-fu c’est un art pour tuer » lance t’il à une victime. Le titre chinois du film, Yat Go Yan Dik Mou Lam, “Le monde martial d’un seul homme”, fait référence à la croyance absolue du tueur kung-fu à une conception chimérique et meurtrière de la chevalerie chinoise.

Ce que l’on pourrait appeler le « duel de héros » est une trame récurrente tant dans la fiction wuxia que le ciné kung-fu. Death Duel de Chu Yuan et Prodigal Son de Sammo Hung, sont deux films présentant ce type de confrontation. En situant cette trame à l’époque contemporaine et en donnant un rôle à la police, Kung-Fu Jungle cherche à réaliser une nouvelle synthèse moderne entre le film martial et le thriller urbain.

Kung-Fu Jungle a bénéficié de pas moins de quatre chefs chorégraphes incluant Donnie Yen lui-même ainsi que Stephen Tung, et Yuen Bun. C’est le réalisateur Teddy Chen qui a pris en charge la mise en scène. On lui doit Bodyguards and Assassins l’un des films martiaux made in Hong-Kong les plus ambitieux et populaire des années 2000. Le tueur kung-fu est quant à lui incarné par Wang Bao-qiang; un acteur de Chine Continentale entrainé en wu-shu mais reconnu surtout pour ses rôles de péquenot mal dégrossi.

Des athlètes martiaux super-performants, une caméra continuellement en mouvement, des échelles de plan variant constamment, un montage vif et serré. Tous ces éléments créeent un spectacle superbement dynamique, à la fine pointe du cinéma d’action moderne. Chaque affrontement se déroulant dans un environnement différent (prison, autoroute, plateau de tournage, etc.), et les combattants employant des techniques martiales distinctes (coups de pieds, prises manuelles, épées), les affrontements sont d’une grande variété.

Le duel final se déroulant sur une autoroute est épique à souhait. Voitures et camions frôlent presque constamment les combattants ce qui donne certains reliefs visuels à l’arrière-plan, mais ajoute peu au suspense. L’emploi de doublures et même d’écran vert est évident dans certains instants “serrés” surtout dans les derniers moments, ce qui gâche hélas un peu la fin du duel.

Kung-Fu Jungle ne se limite pas à être un film d’action. Le troisième personnage est l’officier joué par Charlie Young ce qui permet de donner au film l’aspect d’une enquête policière par moment. Comme une partie du récit est présenté de son point de vue, cela permet de jeter certains doutes sur les véritables intentions du personnage de Yen accentuant le suspense.

Toutefois, le vrai pivot du film se révèle être la dualité entre l’instructeur déchu et le tueur, ce qui étoffe l’intrigue et donne une épaisseur aux personnages. Pratiquants martiaux de haut niveau avec leurs propres codes, ce sont des frères ennemis l’un tourmenté l’autre torturé. Bien que Yen soit la vedette, il n’a qu’un nombre limité de combats. Si le premier affrontement du film le voit se déchainer dans un pénitencier, il faut ensuite attendre presque une heure pour le voir entrer en action à nouveau. Entre ces deux moments, Donnie donne du relief à son personnage meurtri par une faute passée et hanté par une fureur qu’il redoute, mais qui garde également des secrets.

Si Donnie Yen n’entre en action qu’au début et dans le dernier quart du film, Wang Bao-qiang se déchaine à presque chacune de ses apparitions et pas juste au niveau physique. Avec un rictus hideux et de grands yeux fous, il donne au tueur une férocité maniaque terrifiante. Aussi schématique et caricaturale que soit le personnage, Wang a toutefois l’occasion de présenter un côté plus tendre et tragique du Tueur ce qui lui donne une troublante humanité. Pour ceux qui ne connaissaient Wang que pour ses rôles comiques ou semi-tragiques de péquenot naïf, Kung-Fu Jungle a dû constituer toute une révélation.

Des flashbacks, des réminiscences visualisées et même un cauchemar sont utilisés pour présenter des facettes au personnages. Le film stylise également la narration en présentant un des duels, de même que le dénouement en séquences non chronologiques (fin, début, milieu retour à fin). Malgré l’emploi de gimmicks narratifs astucieux, le récit n’échappe pas à une lacune typique des films d’action; les facilités scénaristiques plus ou moins évidentes pour passer par-dessus les invraisemblances, faire rebondir le récit ou créer de la tension. La façon dont sont justifiées les cachoteries d’Haohou ou comment le tueur échappe toujours à la police, sont plus accommodant que vraiment crédibles. C’est le grand défaut de Jungle qui lui donne même un certain côté bancal.

Il est intéressant de noter que Kung-Fu Jungle a un sens d’identité hongkongaise beaucoup plus marqué que la franchise Ip Man. Le film se déroule et a été tourné à Hong-Kong non pas dans un studio chinois et presque tout le monde parle cantonais. Tout comme Bodyguards et Assassins le précédent film de Teddy Chen, Kung-Fu Jungle montre le territoire être envahi par des chinois continentaux pour y commettre des crimes contre ses habitants. D’habitude, les gangsters et les étrangers (surtout des japonais) sont des méchants plus typiques dans le cinéma d’action chinois contemporain. Contrairement à la série Ip Man produite en chine pour un public chinois, Kung-fu Jungle et Bodyguards sont des produits de l’industrie filmique locale et cible le public hongkongais. Les deux films semblent refléter certaines appréhensions voire des anxiétés de la part des citoyens de l’ancienne colonie envers la Chine.
L’identité hongkongaise du film se manifeste également par les nombreux caméos de personnalités ayant œuvré dans le cinéma local. Kung-Fu Jungle se clôt avec une dédicace honorant à la fois les artisans ayant travaillé au film de même que ceux ayant contribué au cinéma d’action hongkongais. On voit ensuite défiler des extraits du film montrant à nouveau tous les caméos de même que des images du tournage présentant les techniciens du film (directeur photo, chorégraphes, maquilleur, etc.) Parmi les caméos, on retrouve David Chiang, Sharon Yeung, Yuen Cheung-yan, Bruce Law, Meng Ho, Tsui Siu-ming et Raymond Chow. Même Jackie Chan et Lau Kar-leung apparaissent via des écrans TV. Des affiches de films de Bruce Lee, Tsui Hark et Chang Cheh sont également entrevues posées sur des murs. Ce défilement se fait sous un air folklorique déjà entendu dans Kung-Fu Hustle de Stephen Chow. Tout comme ce dernier film, Kung-Fu Jungle s’avère un hommage bien senti et bougrement sympathique au cinéma d’action made in Hong-Kong tout en mettant en relief le fait que le film est le continuateur d’un héritage remontant jusqu’à Bruce Lee et plus loin encore.

Malgré ses défauts (les facilités bancales du scénario) et ses ratages (les effets CGI trop évidents de la finale) Kung-Fu Jungle atteint les objectifs visés celui d’être un thriller martial trépidant modernisant le cinéma martial. De plus, Wang Bao-jiang y crée un antagoniste mémorable pour Donnie Yen en tout point digne de ceux joués par Sammo Hung dans SPL, et Wang Yu dans Wu Xia. Au final, on peut considérer Jungle comme un des deux ou trois meilleurs films martiaux hongkongais de la décennie 2010-2020.
Yves Gendron 6/22/2020 - haut

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 6/22/2020 Yves Gendr...

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