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Critiques Express

L' Auberge du Printemps    (1973)
Lorsqu’il réalise Fate Of Lee Khan en 1973, King Hu a déjà eu l’occasion de s’entraîner à la réalisation à plusieurs reprises. Comme beaucoup de réalisateurs de Wu Xia Pian, c’est pour la Shaw Brothers qu’il met en scène ses premiers films, dont le fameux Come Drink With Me, qui reste l’une de ses œuvres les plus célèbres. Mais rapidement, King Hu s’éloigne du studio des frères Shaw et émigre à Taïwan, où il aura le loisir de développer sa vision très personnelle du cinéma d’arts martiaux, assez éloignée des drames sanglants d’un Chang Cheh ou des thrillers à l’ambiance presque surnaturelle d’un Chu Yuan. Il faudra attendre Dragon Gate Inn en 1967 pour que son style explose littéralement. Réexploitant l’un des passages les plus prometteurs de Come Drink With Me, le metteur en scène va créer le film d'auberge. Situant son récit presque exclusivement dans le décor unique d’une auberge isolée, il y développe alors de véritables joutes psychologiques, dans lesquelles les antagonistes se toisent et tentent de faire preuve de davantage de ruse pour se prendre en défaut.

Dans un tel contexte, le suspense sur lequel se bâtit l’anticipation du combat est aussi important, sinon plus important encore, que l’affrontement en lui-même. Ce parti-pris, qui tranche radicalement avec les productions de l’époque, et s’inscrit presque davantage dans la construction martiale des chambaras, les films de sabres japonais, sera très apprécié, et Tsui Hark lui rendra hommage en produisant le remake de Raymond Lee Wai Man, Dragon Inn. Mais réduire le cinéma de King Hu à l’élaboration d’un suspense serait oublier le soin particulier apporté à la mise en image. Véritable esthète, le réalisateur fait de chaque plan une peinture où le moindre détail a un intérêt au moins visuel.

Ce sens du style s’exprime dès le générique de Fate Of Lee Khan. Outre la musique très réussie, on découvre les noms des acteurs et de l’équipe techniques calligraphiés avec élégance ce qui a le mérite de plonger dans l’ambiance. La voix off qui introduit le contexte historique et l’ampleur des premiers décors s’inscrivent largement dans cette immersion et donnent envie d’anticiper les événements à venir. On nous dépeint en effet un Lee Khan cruel et sournois, dont les capacités sont celles d’un formidable adversaire, ce qui promet des péripéties plutôt rythmées.

Sans perdre de temps, King Hu va cependant abandonner cet aspect grand budget pour recentrer le cadre de son intrigue dans la fameuse auberge du printemps. Il en profite pour rapidement présenter les protagonistes, sans grands discours, mais en détaillant leurs spécificités. Ce choix permet de rapidement identifier les enjeux, plutôt simples au demeurant, et d’installer une ambiance intimiste, renforcée par le cloisonnement des lieux. On s’attend donc à un climat de paranoïa lourd, teinté de malice, de trahisons, et de meurtres. Et le mot clé est bien l’attente. Car sans patience, le spectateur risque fort de céder lui-même à une névrose paranoïaque, se persuadant alors que c’est lui qui est persécuté, par nul autre que King Hu lui-même.

Tout commence lentement, quand on pense assister à une série de coups de théâtres et de retournements de situation. On constate que ce qui semble intéresser le réalisateur, c’est la vie d’une auberge, puisqu’on nous présente en détail le service des repas. Bien sûr, ce choix pourrait favoriser l’immersion dans la vie de l’époque. Mais après un premier service, de nouveaux clients arrivent, et le service reprend. Les tentatives d’humour ne fonctionnent pas, et les enjeux sont inexistants. Où est le fameux Lee Khan ? Que fait-il ? Ses espions sont-ils donc payés pour prendre du bon temps ? On peut estimer qu’ils sont compétents, puisqu’ils parviennent à se faire passer pour des clients impolis et exigeants. Mais était-il réellement nécessaire d’occuper une cinquantaine de minutes pour nous assener ces interminables scènes de repas ? Avait-on besoin de traverser un ennui aussi terrifiant ? King Hu avait-il connaissance de la notion de rythme ? Etait-il familier avec le concept de narration ? Cette première partie permet largement d’en douter, et il faut faire preuve d’un courage non négligeable pour la supporter.

Alors bien sûr, on pourra toujours rétorquer que Hu démontre une maîtrise du cadre saisissante, et que sa réputation d’esthète n’est pas usurpée. Car oui, les plans sont très travaillés, et les mouvements de caméra sont vraiment réussis. Mais sans enjeux, cet aspect ne semble pas suffisant pour éveiller l’intérêt. Non seulement le scénario n’a aucune profondeur, mais le réalisateur ne parvient pas à développer ses personnages et leur fait répéter systématiquement les mêmes propos. On aura donc compris, après que cela nous ait été dit une dizaine de fois, que l’auberge est remplie d’espions. Malheureusement, leur affrontement reste insipide, et ce ne sont pas les quelques combats qui vont rythmer cette succession de scènes anecdotiques.

On a bien du mal à reconnaître le style de Sammo Hung, même en sachant qu’il n’était pas encore un chorégraphe confirmé. Bien qu'il soit listé en tant que chorégraphe dans le générique, le style des affrontements rappelle nettement plus les chorégraphies de Han Ying Chieh, habitué à régler les combats des films de King Hu. En tout cas, les échanges sont mous et très peu techniques. Même en comparant les duels à d’autres films de la même époque, ils font pâle figure. Pour compenser cette faiblesse, King Hu a l’idée d’accélérer les mouvements, ce qui provoque un effet comique involontaire. Il est donc difficile de trouver des arguments pour défendre ces très pénibles cinquante premières minutes.

C’est alors que ce qu’on attendait plus se produit : Lee Khan, personnage titre, se décide enfin à arriver, accompagné de son impitoyable sœur incarnée par Hsu Feng, actrice égérie de King Hu. C’est aussi l’occasion de découvrir Roy Chiao dans l’un des rôles les plus intéressants, introduit par l’une des scènes les plus réussies.

On y voit un interrogatoire à la mise en scène savante, jouant sur la profondeur de l’image. L’avant plan présente ainsi Lee Khan dégustant son thé, pendant que les personnages sont interrogés dans une pièce voisine à l’arrière plan. Les meilleurs acteurs étant enfin présents, l’intrigue prend de l’envergure grâce à une réelle qualité de jeu et à des enjeux plus clairement définis (mais pas vraiment beaucoup plus intéressants). Le suspense est mieux mené, grâce à quelques subterfuges sympathiques, et à un travail sur les regards qui donneraient presque l’impression d’être dans un western.

King Hu semble donc enfin avoir trouvé son rythme, et livre un travail un peu plus prenant. Malgré tout, les situations ne sont pas vraiment inventives, même pour l’époque. La tension reste limitée, notamment parce que Lee Khan n’est pas si terrifiant qu’on l’aurait espéré. Tien Feng se montre pourtant convaincant et donne beaucoup de prestance à ce sournois personnage. Mais ses exactions ne sont pas assez ignobles pour qu’on en vienne réellement à le détester. Si elle n’était pas mise de côté, ce serait finalement la sœur incarnée par Hsu Feng qui marquerait davantage les esprits. Elle se montre en effet glacée et impitoyable, et donne froid dans le dos.

Certaines scènes de suspense sont bien construites, et rappelles des dilemmes moraux qu’on retrouvera des années plus tard dans des œuvres comme Jade Tiger ou Avenging Eagle, mais le réalisateur n’exploite pas réellement l’impact émotionnel et transforme rapidement le spectacle en affrontement martial. Par chance, l'équipe de chorégraphes semble enfin se réveiller pour le final, et livre un travail plus sympathique. Certains enchaînements sont très satisfaisants, mais globalement, le niveau martial reste faible, avec une Angela Mao bien esseulée. Cette dernière nous fait une démonstration de coups de pieds réjouissante, mais c’est finalement la folie des sauts sur trampolines qui remporte l’adhésion. Associées à un montage frénétique, ces acrobaties précède les wu xia pian des années 90 et expliquent pourquoi on parle souvent de King Hu comme d’un précurseur. Malheureusement, malgré un sens du cadre évident et quelques scènes au suspense bien entretenu, Fate Of Lee Khan reste un film mal rythmé, parfois ennuyeux, et qui n’a finalement pas grand-chose à raconter.

King Hu est indéniablement un réalisateur à part, au style très différent de ses concurrents de l’époque. Néanmoins, Fate Of Lee Khan reste une œuvre anecdotique.
Léonard Aigoin 5/12/2011 - haut

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 5/12/2011 Léonard Ai...

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