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Critiques Express

Griffes d'Acier contre Léopard Noir    (1980)
The Convict Killer est un peu à part dans la carrière de Chu Yuan, tout en restant très proche de ses wu xia pian. La première scène affiche clairement les ambitions du réalisateur: sans abandonner ses visuels poétiques, il inscrit son récit dans une approche qui n'est pas sans rappeler les films noirs de l'âge d'or Hollywoodien. On se situe même dans la catégorie hard boiled, avec un Ti Lung ersatz du Joe Kurtz de Dan Simmons (rétroactivement bien sûr) qui assassine froidement un homme désarmé. L'utilisation d'une arme à feu place le film dans un contexte inquiétant et brutal, l'époque est plus contemporaine, et l'antihéros est encore plus ambigu que les chevaliers solitaires que campe habituellement Ti Lung.

Visuellement, cela se traduit par le mélange entre tenue traditionnelle chinoise et un feutre qui n'aurait pas juré sur le front de Bogie. Tony Liu s'inscrit davantage encore dans cette évolution avec son costume occidental. Les décors sont par contre les mêmes que d'habitude.
La différence tient avant tout au fait que l'intrigue évolue presque exclusivement en huis clos, l'auberge restant le lieu de tous les complots et les protagonistes n'en sortant que peu. On est loin des changements de lieux incessants propres aux adaptations de Gu Long. En ce sens, on se rapproche un peu de la seconde partie du Tigre De Jade, sauf qu'ici cela se passe sur l'ensemble du récit. D'ailleurs l'intrigue s'en ressent, et les coups de théâtre la bouleversent moins. Ici, pas de moine hermaphrodite ou de ninja cannibale. S'il y a bien une enquête, les identités étant à vérifier, le héros sait à qui il a affaire. Son comportement peut paraître un peu passif, car il ne pourchasse pas ses ennemis, mais au contraire les attend pour les éliminer les uns après les autres.

On retrouve cependant les trahisons à répétition auxquelles Chu Yuan nous a habituées. On verse même quasiment dans l'auto-parodie lors d'une scène qui enchaîne les retournements de situation sur à peine 5 minutes. Le suspense est bien entretenu, comme d'habitude, mais l'aspect film noir renforce l'impression de menace imminente, voire permanente.

On observe un jeu intéressant sur le regard, qui se traduit par une utilisation appuyée des fenêtres. La caméra se faufile à travers, les personnages les traversent au cours des combats, on les ouvre pour espionner, on les ferme pour s'isoler. Une caractéristique récurrente, mais bien plus présente ici. Cette dynamique fait de l'auberge le symbole des secrets, des découvertes, et des retournements de situation. Elle est possible grâce à ce lieu quasi unique, et appuie l'aspect presque théâtral du film.

Mais si Chu Yuan a des aspirations précises, il n'oublie pas son public, et les combats s'enchaînent à un rythme qui pourrait paraître épuisant, s'ils ne s'inséraient pas aussi bien dans l'intrigue. Loin des chorégraphies fantaisistes d'un Magic Blade, Tang Chia nous livre un kung fu réaliste, ne privilégiant ni les duels, ni les affrontements de groupes, mais offrant l'un comme l'autre en quantité. Si les premiers sont un peu mous (le duel contre Dick Wei est plutôt décevant), ils vont monter en puissance au fur et à mesure, pour atteindre une intensité qui culminera dans un final aussi long que spectaculaire.
D'une brutalité qu'on a rarement vue chez Chu Yuan, cet affrontement est extrêmement vif, les figures nombreuses, et les acteurs s'investissent beaucoup.

On notera également que Tang Chia n'inclut que peu d'acrobaties dans les affrontements, ce qui contribue à les rendre plus crédibles et permet d'éviter le recours constant aux doublures. Ti Lung est un pratiquant très convaincant, et le fait de proposer des chorégraphies purement martiales met en valeur ses qualités. Il donne notamment un nombre conséquent de coups de pieds puissants et souples.

Son interprétation dramatique est également excellente, même s'il ne surprend pas vraiment dans un genre de rôle qu'il connait bien. Tony Liu est quant à lui plus charismatique que jamais, et Jason Pai campe un savoureux caïd, s'appuyant moins sur des mimiques exagérées que Ku Feng. Et même si ce dernier a un grand charisme, c'est un plaisir de trouver un autre acteur à sa place.
Les femmes (fatales) ne sont pas en reste, et participent grandement au massacre.

Cette incursion dans un genre différent est aussi appréciable que réussie et apporte un vent de fraicheur au cinéma de Chu Yuan, tout en en gardant les codes.
Léonard Aigoin 5/4/2010 - haut

Griffes d'Acier contre Léopard Noir    (1980)
Lorsqu’il tourne en 1980 The Convict Killer, Chu Yuan est toujours au faîte de sa créativité : il a déjà offert à la Shaw Brothers des chef-d’œuvres et en a encore à lui offrir. Le film est pour lui l’occasion de retrouver Ti Lung et Chang Lee, deux de ses interprètes favoris, qu’il met face à la jeune génération du studio : Jason Pai Piao, Anthony Lau Wing… Cantonné de force dans les films d’arts martiaux par Run Run Shaw, il parvient une fois de plus à en contourner les codes classiques pour y intégrer des éléments lorgnant franchement vers le genre du film noir.

The Convict Killer s’ouvre en pleine nuit, alors qu’un homme armé en poursuit un autre dans les rues brumeuses d’une ville. L’assaillant, Teng Piao (Ti Lung), menace le fugitif (Wong Yung) de son pistolet pour qu’il lui révèle le nom de son patron, trafiquant d’opium qui l’a piégé et dénoncé aux forces de l’ordre. Devant l’arme, l’homme lui livre le nom du mystérieux Lan Fei, surnommé le Léopard Noir du fait d’une tâche en forme d’animal sur son torse, seul élément permettant son identification. Fou de rage, Teng Piao tue l’employé quand la police fait soudainement son apparition et l’arrête. Jugé, il est condamné à quinze années de prison.
Les mois passent et Teng Piao sort de geôle. Il n’a plus qu’une idée en tête, ruminée pendant toutes les années passées derrière les barreaux : se venger. Il conservera aux poignets celles qui ne l’ont jamais quitté pendant sa peine et qui lui permettront de se souvenir de ces terribles moments : des chaînes métalliques qu’il a appris à utiliser comme des armes.
Libre, il chevauche en plein jour jusqu’à se faire attaquer, dans un passage étroit, par un bandit embusqué (Dick Wei). Teng Piao apprend de sa bouche qu’il a été envoyé par Lan Fei et que celui-ci réside dans la ville de Flying Eagle. L’ancien prisonnier s’y rend alors et, à peine arrivé, fait la connaissance de Maître Zhou (Jason Pai Piao) qui lui propose 5000 HK$ pour renoncer à son projet. Teng Piao refuse tandis que Zhou le met en garde contre les Sept Invincibles, un groupe de tueurs à l’apparence inconnue auquel appartient Lan Fei. La menace ne le fait pas changer d’avis et il s’installe dans une auberge…

Une fois de plus dans une production hongkongaise de cette époque, c’est le thème récurrent de la vengeance qui semble dominer The Convict Killer : un homme piégé veut retrouver et punir celui qui est la cause directe de sa chute. Mais, si Chu Yuan semble se plier aux diktats commerciaux, il se réapproprie totalement son œuvre en la plaçant sous le signe du film noir, légèrement onirique, et en lui appliquant un traitement esthétique identifiable entre mille.
The Convict Killer pourrait être appréhendé comme un long cauchemar au réveil surprenant dont la victime serait Teng Piao. Lorsqu’il commence sa quête, notre héros chevauche au grand jour un destrier qui le mène directement dans un passage étroit situé entre deux montagnes. Là, dans une semi obscurité (les nuages emplissent les rares morceaux de ciel qui apparaissent encore), il va se battre avec un individu (Dick Wei) qui a pour mission de stopper sa course. Au fur et à mesure que la luminosité diminue, Teng Piao prend l’ascendant sur son adversaire et s’enfonce un peu plus dans un monde nocturne qui va le happer tout entier. A la manière d’Alice qui traversait le miroir, l’ancien prisonnier se retrouve soudainement dans un autre univers, comme en plein cauchemar. Ce mauvais rêve prend pour décor une ville, Flying Eagle (nom ironique pour un lieu duquel il semble impossible de « s’envoler » !), peuplée de personnages troubles et inquiétants. Durant toute son aventure, Teng Piao va tenter d’y débusquer le Léopard Noir, méchant de légende terré dans sa cachette…
Sur son chemin, et plus précisément dans l’hôtel qu’il ne quittera presque pas de toute son entreprise, il rencontre un nombre incalculable de protagonistes que le spectateur soupçonnera, à raison, d’être le criminel recherché : une mystérieuse femme (Cheng Li) qui attend son mari depuis 15 ans, un énigmatique lanceur de couteaux (Anthony Lau Wing) à moitié voleur, une nymphomane aguicheuse (Chan Maan Loh), un policier trop souriant pour être honnête (Ngaai Fei), Maître Zhou (Jason Pai Piao) un parrain local, une servante au comportement de zombie (Wong Mei Mei), un patron de salle de jeux bien sûr de lui (Walter Tso), un bourgeois (Cheng Miu), etc. Chu Yuan prend manifestement plaisir à perdre et son héros et le spectateur dans les méandres de son scénario (écrit sous un pseudonyme) : rarement il n’a été possible de voir dans un film tant de retournements de situations, à tel point qu’on frôle parfois le ridicule ! Teng Piao devient l’unique phare, la seule balise, la dernière certitude d’un public perdu. Perdu, oui, mais amusé. Car Chu Yuan a machiavéliquement construit son récit qui commence comme un film policier, se poursuit comme un film à suspense, et s’achève à 100 à l’heure, selon un rythme allant crescendo. Toujours dans les murs de l’auberge qu’il occupe, Ti Lung se bat contre la bande des Invincibles qui le poursuivent de pièces en pièces : le trouble grandit dans son cerveau en même temps que s’accélèrent les combats.
L’épilogue de The Convict Killer, que l’on ne peut dévoiler sans gâcher un ultime plaisir offert par le réalisateur, se déroule en pleine lumière dans un paysage enneigé. Une fois de plus, le décor est en adéquation avec l’état mental de Teng Piao : satisfait et serein, débarrassé de ses chaînes, il pense en avoir terminé avec la mission qu’il s’était fixée. Oui mais…

La fin des années 80 n’a pas entraîné de changements majeurs dans les choix de mise en scène de Chu Yuan. Privilégier comme de coutume les tournages en studio lui offre les moyens de maîtriser à la perfection les jeux de lumière et la construction des décors. Des premiers, il en tire des ambiances quasi surnaturelles ; des seconds, il fait de superbes et originaux terrains de jeux où vont s’affronter les personnages de son film. Un soin tout particulier est également apporté aux costumes et l’on se rappellera longtemps de celui que revêt Teng Piao, véritable reflet de sa personnalité : il troque sa casquette de prolétaire et son costume deux pièces du début du film pour un chapeau moderne, qui n’est pas sans rappeler ceux des détectives privés des films noirs hollywoodiens, et un costume proche de ceux des artistes martiaux « classiques ». Mais la panoplie ne serait pas complète sans les chaînes qu’il garde aux poignets, afin de conserver constamment sous les yeux les raisons de sa présence à Flying Eagle. Comme c’est souvent le cas dans les récits martiaux, les héros ont un fâcheux penchant à l’individualisme, voire l’égoïsme. Ti Lung joue sur cette corde et parvient à rendre son personnage quelque peu antipathique, tellement il est gonflé d’orgueil et obnubilé par son désir de vengeance. Il subit l’action car il ne prend pas le temps de regarder autour de lui. Un aveuglement qui pourrait causer sa perte...

The Convict Killer n’est pas avare en combats martiaux, très bien réglés par les spécialistes Wong Pau Gei et Tong Gaai, ancien comparse de Liu Chia Liang et coutumier de Ti Lung. Les joutes qu’ils composent utilisent au mieux la fort changeante géographie des lieux : petites pièces, grandes salles, bassins d’eau, chambres à coucher… l’auberge toute entière sert de décor aux affrontements des héros, aucun recoin n’est épargné.

Avec The Convict Killer, Chu Yuan prouve qu’à l’orée des années 80 il est encore un réalisateur avec lequel il faut compter. C’est une bonne nouvelle pour la Shaw Brothers mais également pour nous !
David-Olivier Vidouze 9/15/2006 - haut

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