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Critiques Express

Le Vengeur    (1976)
A la fin des années 70, le réalisateur Chu Yuan a livré au public hongkongais toute une série d’adaptations psychédéliques des écrits du célèbre romancier Gu Long. La recette était plus complexe que la plupart des films d’arts martiaux de l’époque, car même si on retrouvait les traditionnelles histoires de vengeance et de haine entre clans, les intrigues à tiroirs se rapprochaient davantage de films noirs que de wu xia pian. Le succès fut en tout cas suffisamment au rendez-vous pour que le metteur en scène renouvelle l’expérience plus d’une dizaine de fois. Observateur, le réalisateur Lo Wei, conscient que sa nouvelle star Jackie Chan peine à séduire les foules en imitation de Bruce Lee, décide de s’inspirer de ce travail. A défaut d’imposer une nouvelle idole mémorable, peut-être parviendra-t-il à amortir son investissement en variant les inspirations. Car malgré les démonstrations spectaculaires de son manque de talent derrière la caméra, notre homme préfère continuer de mettre en scène lui-même les péripéties de ses protégés, même s’il lui arrive parfois de déléguer. Cette obstination est d’autant plus surprenante que lorsqu’on s’attarde sur sa filmographie, on ne trouve pas de réelle identité dans son style. Bien sûr, il s’est fait une spécialité des films d’action, mais sans qu’on puisse identifier un style à part, comme c’est le cas de metteurs en scène qui auront davantage marqué les esprits, comme justement Chu Yuan ou encore Chang Cheh. C’est peut-être la conscience de ne pas posséder de réelle identité artistique qui a poussé Lo Wei à tenter de diversifier le ton de ses films, mais le seul point commun entre ses différentes réalisations est leur manque de personnalité et leur manque d’éclat. Il manque en effet une véritable vision et surtout un sens rigoureux de la narration qui permettrait de transcender des scénarios souvent peu intéressants. To Kill With Intrigue est l’exception qui confirme la règle, puisqu’en adaptant une histoire de Gu Long, Lo Wei livre un récit plus complexe qu’à l’accoutumée, ce qui n’était pas évident quand on voit le résultat de l’association des deux hommes sur Magnificent Bodyguards.

Si Chu Yuan a résolu le problème de la complexité des intrigues de Gu Long par des introductions en voix off, Lo Wei se lance directement dans le vif du sujet sans prendre la peine de nous présenter le contexte. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il démarre sur les chapeaux de roues en nous infligeant une scène romantique surréaliste. Pas parce que le traitement est psychédélique ou particulièrement travaillé, mais parce qu’il est aussi intense que le générique de La Petite Maison Dans La Prairie et semble en décalage complet avec le ton d’un kung fu pian classique. Outre la musique mielleuse, la prestation de Jackie Chan est plutôt effrayante, d’abord parce qu’il est grimé comme Monsieur Spock, ensuite parce qu’il semble totalement ignorer comment réagir. Un sentiment qu’il communiquera d’ailleurs durant tout le film. De toute évidence, la direction d’acteurs n’était pas la priorité de Lo Wei, et tous les interprètes sont en roue libre. Le jeu de l’époque dans les petites productions est manque souvent de justesse, mais cette fois, tout le monde se surpasse. L’attente de l’attaque est certainement la scène la plus spectaculaire de ce point de vue, puisque chaque personnage prend une posture théâtrale exagérée sans parvenir à exprimer un autre état que la passivité. Jackie Chan donne toujours l’impression de chercher à ne pas être sur le plan, ce qu’on peut comprendre tant il ne sait jamais quoi exprimer. Il livre une prestation aussi peu convaincante que dans Magnificent Bodyguards. Il est d’ailleurs surprenant de le voir peu à l’aise devant la caméra quand il se montrait bien plus charismatique dans de plus vieux films comme Hand Of Death. Peut-être son opération des yeux ne lui permettait pas encore d’évoluer avec confiance à l’écran. Il n’est cependant pas le plus mauvais interprète. Le comédien jouant son père, croisé dans One-armed Boxer de Jimmy Wang Yu, nous livre ainsi une des morts les plus grotesques de l’histoire. Ces soucis d’interprétation sont d’autant plus regrettables que sur le plan visuel Lo Wei s’applique bien plus que d’habitude.

Bien sûr, on ne peut pas comparer To Kill With Intrigue avec une des œuvres de Chu Yuan, baignant dans des atmosphères surnaturelles prenantes et bénéficiant de décors et de moyens plus que conséquents. De ce point de vue le réalisateur parvient malgré tout à nous surprendre. On n’observe rien de chatoyant ou de démesuré, mais les décors sont plus soignés que d’habitude, comme cette petite maison dans la forêt entourée de jolies fleurs qui illustrent le côté romantique de l’intrigue, ou le domaine du gouverneur, dont certains paysages semblent d’ailleurs avoir été utilisés dans Game Of Death 2. Mais c’est surtout le travail sur l’atmosphère qui est appréciable. Outre l’utilisation de filtres de couleurs à quelques passages clés (la fameuse course en amoureux dans l’herbe), le montage sonore est très développé. L’utilisation systématique du vent créé une atmosphère mystérieuse, et certains cris sont effrayants. On s’étonnera davantage de bruits de crapauds sortis de nulle part. Malheureusement, Lo Wei ne va jamais au bout de sa démarche, et l’ambiance qui existait réellement dans les premières minutes, faisant presque passer To Kill With Intrigue d’un cousin éloigné des œuvres de Chu Yuan, va vite se transformer en classique histoire de vengeance. Les retournements de situation, le jeu sur les apparences et les réputations et les trahisons vont être simplifiés à l’extrême pour créer un récit aussi linéaire que peu impliquant. C’est bien dommage car certaines révélations auraient permis de remettre en perspective notre rapport à l’héroïsme et on aurait pu assister à une quête identitaire classique mais sympathique. En l’état, il est difficile de s’attacher au héros que la découverte de la barbarie de son père ne semble même pas émouvoir. Les relations entre les protagonistes ne sont de toutes manières pas très développées, ce qui ne permet pas d’en mesurer la profondeur. De plus, leurs réactions semblent souvent manquer de logique et ne sont pas crédibles. A l’image du personnage de Jade Hsu obsédé par la vengeance avant de devenir obsédé par le corps de Jackie. Elle n’est pas la seule à subir l’influence de cet Apollon, puisque tous ceux qui le croiseront voudront rester à ses côtés quitte à y laisser la vie. Comme si Lo Wei tentait de convaincre le public par ce moyen de s’attacher à son acteur. Mais si Jackie l’interprète ne fait rien pour donner vie à son personnage, le héros qu’il campe ne fait pas non plus grand-chose pour mériter ces élans d’affection. Ce qui ne serait pas dérangeant si l’intrigue ne sombrait pas régulièrement dans le soap opéra. Poussé par la folie créatrice, Lo Wei ira ainsi jusqu’à monter le dialogue de deux couples en parallèles pour illustrer les mystères de l’amour. Car le cœur a ses raisons que la raison ignore, et Lo Wei, qui semble ignorer comment bat un cœur, s’obstine à vouloir nous émouvoir. Il se montre toutefois plus audacieux qu’on pourrait le croire, illustrant la fine frontière entre amour et haine de façon brutale dans le dernier tiers. Cette partie surprend par sa cruauté, malheureusement, fidèle à son manque de constance, Lo Wei va amoindrir son propos au moyen d’un happy end risible et sans cohérence.

Du point de vue narratif, To Kill With Intrigue, malgré des prémisses plus intrigantes qu’à l’accoutumée, reste une déception. Mais l’investissement de Lo Wei est évident, et on le sent bien plus inventif derrière sa caméra que dans ses précédentes réalisations. S’il nous avait habitués à des plans paresseux et sans envergure, il expérimente bien plus ici, en particulier dans les combats. Cette fois, il ne se contente pas de plans larges fixes, mais multiplie les gros plans et les caméras portées à l’épaule pour un résultat inégal mais immersif. L’action n’en est que plus dynamique, et on regrettera que ce parti-pris ne soit appliqué que les trois premiers quart d’heure. Il y a une véritable rupture de ton, tant scénaristique ment que visuellement, symbolisée par l’approche bien plus classique et soporifique du kung fu pian. Les chorégraphies elles-mêmes sont assez inégales. Le premier combat se fait épées à la main. Les échanges sont fluides, mais les mouvements très répétitifs, malgré les quelques acrobaties d’un Jackie Bondissant. Quand on voit le résultat des combats à mains nues, on se réjouit de voir les adversaires lâcher leurs armes. Les enchaînements deviennent plus complexes et élaborés, la vitesse est appréciable, et on sent presque l’impact des coups. Du moins lorsque c’est Jackie qui se bat. Les seconds rôles sont nettement moins convaincants malgré l’utilisation de doublures. Quand plusieurs cascadeurs sont sur un même plan, ceux qui se trouvent en arrière ne cherchent même pas à cacher qu’ils attendent d’attaquer en mimant des poses de combat. Dans tous les cas, on ne peut pas juger tous les combats de la même manière. Celui dans la maison est intéressant mais non dénué de défauts par exemple. L’utilisation de l’environnement et les acrobaties préfigurent largement le futur style Jackie Chan. Mais les échanges plus techniques déçoivent car les mouvements sont beaucoup plus décomposés que dans les combats précédents. Globalement, les échanges sont plutôt satisfaisants et variés, mais le final n’est pas à la hauteur. Il n’est pas tellement long si on se réfère aux classiques de l’époque, mais son aspect répétitif donne l’impression qu’il est interminable. Il faut dire que les duels où l’ennemi du héros est invincible sont peu intéressants. Surtout quant ils tournent au passage à tabac, ce qui est le cas ici. De plus, difficile de croire que Jackie est censé être devenu plus fort alors que ses mouvements sont beaucoup trop amples et le laissent constamment à découvert. Cependant, malgré un final décevant, la quantité de combats et leur qualité globale fait que To Kill With Intrigue devrait satisfaire les amateurs d’action, sans que les affrontements soient inoubliables du point de vue martial.

Lo Wei aura lutté jusqu’au départ de sa star pour prouver qu’il pouvait être un réalisateur compétent. Il n’aura jamais réellement su convaincre de ce point de vue, mais certains de ses travaux ne sont pas dénués de qualités. To Kill With Intrigue en fait partie et possède plus d’arguments qu’un New Fist Of Fury. A réserver aux inconditionnels de Jackie Chan malgré tout.
Léonard Aigoin 3/25/2011 - haut

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