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Critiques Express

La Nouvelle fureur de vaincre    (1976)
Faisant parti de l’industrie cinématographique chinoise depuis le milieu du 20ème siècle, Lo Wei est un artiste dont la carrière peut-être qualifié de prolifique. On l’a ainsi vu acteur, puis réalisateur, avant qu’il ne se lance dans la production. S’il a d’abord mis en scène quelques films d’action pour la Cathay Asia Films, c’est en 1965, en intégrant les rangs de la Shaw Brothers qu’il va prendre de l’ampleur. Le réalisateur va ainsi s’engager dans un long et fructueux partenariat avec la jeune star Cheng Pei Pei révélée par King Hu dans Come Drink With Me, dont le statut d’actrice d’action a été confirmée par ses collaborations avec Ho Meng-Hua. Lorsque Raymond Chow décide de créer sa propre société, Lo Wei se joint à lui, et confirme son talent pour engager de véritables vedettes, venant à la rescousse de l’équipe de Big Boss, puis réalisant Fist Of Fury, deux films que tout amateur de films d’arts martiaux connaît pour la participation de la tornade Bruce Lee. Le petit Dragon va cependant rapidement voler de ses propres ailes, avant de disparaître dramatiquement, laissant le réalisateur sans star. Sans s’éloigner du film d’action, Lo Wei va délaisser le cinéma de kung fu au profit de divertissements plus contemporains, qui tentent d’attirer un public plus large. On reconnaît par exemple parmi ses influences le cinéma japonais, comme dans certains plans de A Man Called Tiger, et il parvient à faire tourner Chuck Norris pour plaire au public américain. Mais le succès peine à venir, et il est plus que temps pour le metteur en scène de trouver sa nouvelle poule aux œufs d’or. Il va alors profiter de son association à l’un des grands succès du petit dragon pour se relancer. D’ailleurs, avec l’explosion de la Bruceploitation dès la fin de l’année 1973, il était surprenant que Lo Wei n’ait pas cherché à capitaliser plus tôt sur ce phénomène. Néanmoins, il ne va pas réellement s’engouffrer dans cette mode, et plutôt que de choisir un acteur ayant une vague ressemblance avec le petit dragon, il va choisir, conseillé par Willie Chan, un cascadeur qui a déjà travaillé sur ses films, et qui s’est déjà essayé au métier d’acteur, Jackie Chan. Ce dernier a eu l’occasion de tourner des rôles conséquents, dans Master With Cracked Fingers, Not Scared To Die/ Eagle Shadow Fist, ou le Hand Of Death de John Woo, mais sans parvenir à s’imposer en tant que vedette. Afin de le rendre plus présentable, Lo Wei va l’inviter à avoir recours à la chirurgie esthétique, afin notamment d’agrandir ses yeux. Il va aussi le surnommer « Sing-Lung », afin de rappeler Bruce Lee dont le prénom cantonais pour le cinéma était Siu-Lung. Et si James Tien, qui tournera régulièrement avec Chan les années suivantes, ne fait pas partie du tournage, on retrouve malgré tout l’actrice Nora Miao et le chorégraphe Han Ying Chieh, qui apparaît également devant la caméra (alors qu’il jouait un traitre tué par Bruce Lee dans le film précédent).

New Fist Of Fury se présente en effet comme une véritable suite au premier Fist Of Fury, contrairement à toutes les autres productions ayant repris une partie de son titre. Les décors ne sont plus les mêmes, mais Lo Wei va tout faire pour nous rappeler la légitimité de son produit. Dès le générique, appuyé par une musique pop qui rappelle celle du générique de Big Boss, sans en raviver la puissance, on retrouve la léthargie du style du metteur en scène. S’il s’investit complètement, produisant, écrivant le scénario, et réalisant, il ne parvient jamais à transmettre cette énergie, et sa mise en scène est d’une mollesse incroyable. Il ne manifestait déjà aucun sens du cadre à l’époque du premier Fist Of Fury, proposant des plans aussi sommaires que sans imagination, mais l’énergie du petit dragon compensait. Cette fois, il n’y a plus de tornade, et le scénario se perd dans de longs dialogues à l’écriture risible, interprétés par des acteurs qui semblent tout ignorer de leur métier, et dont l’intérêt pour la progression dramatique est plus que discutable. En effet, pensant certainement ne pas pouvoir se fier à sa vedette en herbe, Lo Wei fait le choix de laisser Chan au second plan pendant une bonne partie de l’histoire, ce dernier n’intervenant presque pas dans tout le deuxième tiers du métrage. Un parti-pris aussi surprenant que décevant, Nora Miao n’ayant absolument pas le charisme nécessaire pour interpréter une chef de la résistance. A sa décharge, le scénario se construit autour de personnages insipides, et l’intrigue n’a pas beaucoup de sens. Comme dans Eagle Shadow Fist, les révolutionnaires ne légitiment jamais leur réputation, leur action la plus spectaculaire consistant à donner un nom chinois à leur école. Alors que Lo Wei met un point d’honneur à présenter les japonais comme des animaux (le traitement le plus classique dans un film de Hong Kong), on a bien du mal à comprendre ce qui fait des chinois un peuple héroïque, puisqu’ils ne se montrent jamais réellement courageux. Le développement des personnages est de toutes manières des plus aléatoires. Il ne dépasse bien sûr jamais la caricature, et il ne parvient que rarement à bien illustrer les clichés. Si Chiang Kam, bien connu des amateurs de kung fu comédies, est plutôt convaincant en brute sans cervelle mais digne, le professeur de kung fu chinois n’est jamais crédible en traître, puisque sa fourberie se limite à acquiescer aux propos de l’envahisseur japonais. Pire, la description des japonais, brutaux et sans pitié, n’est presque jamais illustrée, puisqu’à part imposer la domination des écoles d’arts martiaux, ils ne se livrent à aucune exaction. Les scènes violentes, les passages à tabac et les exécutions sont d’ailleurs très peu nombreux, ce qui ne permet pas au climat d’être pesant. Certaines scènes possèdent pourtant les atouts pour construire cette ambiance oppressante, notamment lors du contrôle des arrivants chinois. Les figurants sont bien assez nombreux pour que leur sort soit immersif. Mais Lo Wei ne parvient jamais à donner de souffle à sa mise en scène et tire en longueur des scènes sans intérêt et sans conséquence. Outre cet interminable contrôle, une descente finalement bien pacifique à l’école de nos héros finit de casser un rythme déjà peu maîtrisé.

Fist Of Fury ne débordait pas non plus de combats, mais la violence y était omniprésente, et le sentiment de paranoïa rendait les péripéties de Bruce Lee plutôt prenantes. Par contre, le pickpocket interprété par Jackie Chan est bien trop détaché pour qu’on se sente concerné par ses aventures. On a d’ailleurs bien du mal à comprendre pourquoi tout le monde semble fasciné par ses exploits, puisqu’il s’est contenté de dérober un petit coffret. Le choix d’en faire un petit voyou n’est pas mauvais, puisqu’il permet à l’acteur de s’appuyer sur un jeu teinté d’arrogance et d’insolence. Son personnage pourrait presque rappeler le Wong Fei-hong qu’il interprète dans Drunken Master. Mais son manque d’aptitude martiale est un élément scénaristique peu intéressant, d’abord parce qu’il rend les deux premiers affrontements anecdotiques, ensuite parce qu’il n’a pas d’intérêt du point de vue de l’histoire. On aurait pu en effet tout à fait imaginer qu’il refuse de se joindre au combat tout en sachant se battre. D’autant plus que son entraînement ne dure pas plus de cinq minutes, et qu’il devient un maître imbattable en l’espace de quelques jours. Les apprentissages martiaux constituent un élément presque indissociable d’une grande majorité des films de kung fu des années 70, et des chorégraphes comme Liu chia-Liang ou Yuen Woo-Pin ont su les rendre aussi ludiques qu’instructifs. Lo Wei et son chorégraphe Han Ying Chieh se contentent quant à eux du minimum syndical, mettant en scène quelques figures basiques ainsi que des échanges entre Jackie et les autres membres de l’école. L’acteur y a l’occasion de montrer ses acrobaties et sa maîtrise des armes, maniant le setsukon de façon très convaincante. Paradoxalement, cet entraînement est peut-être la prestation martiale la plus saisissante de New Fist Of Fury. Mais au-delà du manque de crédibilité de cette transformation du personnage, c’est son évolution psychologique qui ne convainc pas. Refusant le combat à tout prix pendant 50 minutes, il décide sans que rien ne l’ait annoncé, de devenir un résistant, risquant sa vie en l’annonçant publiquement, alors que toute une armée de chinois vient de se taire devant cinq japonais. Même Si Chen Sing, vétéran de la Shaw Brothers, est non seulement l’acteur le plus charismatique, mais aussi un adversaire menaçant et inquiétant, on a bien du mal à trouver héroïque un groupe 10 fois plus nombreux que l’oppresseur. Sans attendre un film de Lo Wei pour son scénario ou sa réalisation, il faut bien avouer que New Fist Of Fury reste une épreuve, d’autant plus que les combats sont peu nombreux.

Du point de vue martial, il y a une véritable rupture entre les échanges qui ponctuent les 50 premières minutes et ceux auxquels on assiste à partir de l’entraînement du héros. On a presque l’impression que le chorégraphe n’est plus le même. D’autant plus que Han Ying Chieh se fait plus présent à l’écran. Mais avec son rythme décevant, il ne faut compter que sur le final d’une durée traditionnelle de 15 minutes pour obtenir le quota d’arts martiaux qu’on est en droit d’attendre avec un tel sujet. Présenté sous forme de tournoi improvisé, cette grosse scène d’action est très dynamique, grâce au nombre de protagonistes, mais le montage est plus chaotiques, et on a presque l’impression, durant les cinq premières minutes, d’assister à un épisode de Dragon Ball. Même si le niveau est largement supérieur aux autres combats, les acteurs ont tendance à se découvrir bien trop lorsqu’ils attaquent. Les chorégraphies sont malgré tout plus techniques, les figures sont plus précises, et les enchaînements plus vifs. Mais c’est réellement lorsque Jackie Chan intervient que les affrontements prennent de l’ampleur. L’acteur allie vitesse, précision et puissance, tout en nous gratifiant de quelques acrobaties sympathiques, multipliant par exemple les flips avant. Son duel contre Chen Shing est inégal, mais comporte quelques échanges aussi complexes qu’intéressants. On pouvait craindre le pire en voyant l’insistance sur la force brute de Chen Sing, mais les autres phases du duel sont plus traditionnelles, et donc plus satisfaisantes martialement. La confrontation entre Setsukon et saïs est notamment plutôt réussie, sans être inoubliable. Malheureusement, la dernière partie du combat est ratée, puisqu’elle se limite à un classique passage à tabac du héros, censé accentuer la tension dramatique, mais qui se conclue par une inévitable victoire sans éclat.

New Fist Of Fury n’est pas un bon film. Lo Wei ne possède pas le talent d’un Chang Cheh pour construire une dramaturgie prenante, ni l’audace visuelle d’un Chu Yuan. Il n’est même pas assez rigoureux pour être comparé à un Joseph Kuo. Ne maîtrisant aucun des aspects de son film, il ne parvient même pas à en faire un véritable divertissement martial, malgré quelques passages satisfaisants. Le casting est globalement mauvais, seul Chen Sing tirant réellement son épingle du jeu. Quand à Chan, sans avoir le charisme qui fera de lui une star par la suite, il offre une interprétation dramatique plutôt convaincante, ce qui n’était pas évident avec un tel scénario, et s’illustre de façon très convaincante dans les affrontements, malgré des chorégraphies qui manquent d’ambition.
C'est un film qui est donc à voir avant tout pour son importance historique.
Léonard Aigoin 3/14/2011 - haut

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 3/14/2011 Léonard Ai...

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