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Critiques Express

Revenge : A Love Story    (2010)
Repéré en 2003 grâce à sa collaboration avec Lee Kung Lok sur Fu Bo, Wong Ching Po s’est réellement fait un nom avec sa première réalisation en solo, Jiang Hu. Dès ses débuts, le metteur en scène se fait une spécialité des polars stylisés, cherchant à impressionner le spectateur en illustrant son propos par des séquences visuellement fortes. Mais malgré le marketing fulgurant autour de son travail, le manque de profondeur de ses scénarios n’a pas permis à Wong Ching Po de convaincre qu’il était autre chose qu’un faiseur de clips. Son Mob Sister a même été une vive déception malgré son casting impressionnant. Car le jeune metteur en scène possède des moyens tout à fait honorables et parvient à obtenir les services d’acteurs très appréciés. Malheureusement, il n’a pas encore réussi à montrer qu’il possédait des talents de conteur et de directeur d’acteurs.

Revenge : A Love Story constitue donc un véritable défi. Pour commencer, Wong Ching Po doit s’affranchir de cette image de poseur en livrant une intrigue bien menée, et en abandonnant certaines extravagances qui n’ont pas été du goût de tout le monde. Mais surtout, son projet est le deuxième film produit par la société de production 852 Films Ltd., créée par Josie Ho et son compagnon Conroy Chan à l’occasion de la sortie du Dream Home d’Edmond Pang. Le poids sur les épaules du réalisateur est donc important, puisqu’on attend de lui qu’il livre une œuvre aussi réussie que le slasher social de son collègue. La publicité du film s’est d’ailleurs articulée autour de la violence de cette histoire d’amour mêlée à une intrigue de crimes en série plutôt monstrueux. Mais les mares de sang suffisent-elles à créer l’événement ? Après tout, la force de Dream Home était finalement plus son scénario que ses scènes sanglantes (pourtant fort réussies et même plutôt jouissives).

Si Edmond Pang plaçait son récit dans un contexte très terre à terre, Wong Ching Po va faire un choix très différent, comme en témoigne le découpage de l’histoire en chapitres. Après une introduction écrite évoquant armaggeddon et le diable, des titres viendront casser la dynamique de l’histoire, en changeant la ligne temporelle. Ces inserts sont déconcertant, car ils ne sont pas en lien direct avec le récit. Ils s’inscrivent davantage dans une remise en perspective théologique des événements, comme si le réalisateur essayait de faire passer un message. Dans un premier temps, ce parti-pris est plutôt intriguant. Les vingt premières minutes baignent dans une atmosphère surréaliste, et sans qu’on explique réellement pourquoi, on pourrait presque penser qu’il y a une touche de surnaturel. Un peu comme si on évoluait entre le Murderer de Roy Chow Hin Yeung et le Victim de Ringo Lam. La photographie terne et le jeu abattu des acteurs donne ainsi la sensation d’être dans une sorte de purgatoire, où l’horreur est omniprésente. Un sentiment renforcé par les meurtres ultra violents qui s’enchaînent dès les premières minutes. Les plans sur les femmes enceintes éventrées pourraient être véritablement ignoble si les images n’avaient pas bénéficié d’un soin aussi particulier. Les mares de sang sont brillantes et les mortes ont l’air apaisé, comme si elles avaient attendu la mort. Ces plans ne sont d’ailleurs pas sans rappeler le décès d’un certain personnage dans le American Beauty de Sam Mendes.

La mise en scène de Wong Ching Po est très différente de la technique adoptée dans ses précédents films. Il privilégie les plans séquences et les travellings amples, donnant l’impression au spectateur d’être voyeur d’événements plutôt révoltants. La façon de filmer des fœtus morts et les cadavres en général verse presque dans la complaisance, mais la façon dont Wong Ching Po filme froidement ces scènes rappelle davantage un enfant ayant tué un animal et qui s’amuse à contempler son méfait sans réellement se rendre compte de la gravité de son acte. Il y a une véritable fascination pour la mort et la violence, mais elle semble presque sincère. Ainsi, malgré un contenu digne des Catégories III du début des années 90, Revenge : A Love Story s’en différencie. Ce qui n’était pas évident, puisque les interrogatoires musclés chers à Danny Lee rapprochent une fois encore cette œuvre des divertissements décadents qui ont vu exploser le talent d’acteurs comme Simon Yam ou Anthony Wong Chau Sang.

Mais avant qu’on puisse prendre nos marques et catégoriser Revenge : A Love Story, un nouveau chapitre s’ouvre et le ton change complètement. Le spectateur va enfin comprendre le pourquoi des événements auxquels il vient d’assister. Et surtout, l’intrigue amoureuse va être développée. Visuellement, on quitte l’environnement semi urbain pour la campagne pure, sans que la photographie soit changée. Les couleurs sont toujours ternes, mais l’ambiance est moins pesante. Le rythme est également plus posé. On appréciera par contre de constater que Wong Ching Po ne se perd jamais en longs dialogues inutiles. Seulement, quand les personnages n’ont rien à dire et qu’il ne se passe rien, le temps commence à devenir long. On sait qu’à un moment où un autre, un drame va arriver, ce qui devrait suffire à maintenir le suspense. Mais le réalisateur ne parvient plus à créer ce sentiment d’oppression qui régnait sur la première partie. Beaucoup plus conventionnel, ce chapitre ne surprend jamais et les défauts d’écriture deviennent beaucoup plus évidents. Le traitement du handicap mental est totalement superficiel et n’apporte rien à l’intrigue. Pourtant, la peinture de ce qui semble être une institution psychiatrique est franchement discutable, mais ce n’est pas ce qui intéresse Wong Ching Po. Dommage qu’il ne parvienne pas à créer le même intérêt chez le spectateur.

Sa romance n’est pas convaincante et les événements qui suivent ne sont pas plus crédibles. On ne s’explique pas la bêtise de Chan Kit (interprété par Juno Mak) qui semble plus simple d’esprit encore que Aoi Sora. Que l’histoire en elle-même se permette quelques raccourcis ou soit un peu prévisible est regrettable, mais que les personnages n’aient aucune épaisseur est impardonnable. Comment émouvoir quand une romance se noue entre deux fantômes ? Les personnages secondaires ne sont pas mieux traités, puisque les policiers n’ont aucune constance. Ce qui aurait pu devenir un Outrages de Brian De Palma version Hong Kong se transforme effectivement en banal revenge flick sans aucune nuance. Il était pourtant possible d’apporter de la profondeur au propos, de montrer que tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Mais Wong Ching Po privilégie le spectaculaire crasseux à la véritable réflexion. Mais même de ce point de vue, il ne réussira jamais à retranscrire l’ambiance poisseuse de sa première partie, n’épargnant pourtant pas les jets d’hémoglobine et les passages à tabac. On a même droit à un viol dénudé mais bref.

Mais là où le bât blesse véritablement c’est dans la dernière partie du récit. C’est là que le réalisateur décide de démontrer que quand même, il a quelque chose à dire et qu’il ne se contente pas d’accumuler les scènes choc pour le plaisir. C’est là que les fameux titres de chapitres et autres citations théologiques sont censées prendre tout leur sens. Tout en continuant de choquer un peu tout de même. Le fameux message du film est d’une naïveté telle qu’on se demande si Wong Ching Po cherche à insulter le spectateur où s’il se croit réellement très fin. Sa morale aurait pu être écrite par un enfant et confirme sa méconnaissance du concept de nuance. Dans l’idée, on peut rapprocher la boucle de son récit à la trilogie de la vengeance de Park Chan-Wook. Mais là où le réalisateur coréen réussit à marquer son spectateur, à le faire souffrir, et surtout à l’impliquer émotionnellement, le scénario de Revenge : A Love Story est tellement décousu et les personnages tellement creux et inconstants qu’on ne s’intéresse pas à leur destin. Pire, si on redécoupe l’histoire de façon chronologique, les actes des uns et des autres ne semblent jamais justifiés.

Les fameux meurtres du début n’ont aucun sens, même si on comprend ce qu’a voulu dire le réalisateur. Les changements de comportements de certains personnages dans la dernière partie sont également loin d’être convaincants. Et la dernière image, qui se veut poétique et devrait remettre en perspective la philosophie du film paraît difficilement acceptable, plus encore que la conclusion du Running On Karma de Johnnie To, qui semble avoir inspiré le scénariste. En ne réussissant pas à choisir entre Catégorie III complaisante et film moralisateur, Wong Ching Po livre un film inégal, possédant quelques qualités mais qui ne parvient à convaincre dans aucun domaine. C’est d’autant plus regrettable que la mise en image est plutôt maîtrisée. Loin des effets de clips de Jiang Hu ou Mob Sister, elle s’impose par un style plus posé, qui place le spectateur dans cette fameuse position de voyeur.

Sauf que Wong Ching Po n’est pas Herman Yau, et en n’assumant pas pleinement le contenu violemment complaisant de son film, il le prive de la folie des Catégories III les plus extrêmes. Mais il n’est pas le seul responsable de cette déception (sauf si on estime que sa direction d’acteurs est une fois de plus en cause). Juno Mak n’a pas grand-chose d’un grand acteur, et il traverse le récit comme un fantôme, ce qui contribue à lui attribuer une ambiance surnaturelle, mais n’œuvre pas pour l’élaboration d’une dramaturgie convaincante. Face à lui, on retrouve avec plaisir Chin Siu Ho qui s’investit beaucoup mais n’a pas la chance d’interpréter un personnage extrême ni même tout simplement intéressant. Aoi Sora a été choisie pour une raison claire : contourner l’après scandale Edison Chen Koon Hei. Depuis la fameuse affaire des photos de stars nues, difficile de trouver une actrice Hong Kongaise qui accepte de se montrer nue. Du point de vue dramatique, elle ne livre pas une mauvaise prestation, mais elle se contente de jouer comme un enfant.

La véritable attraction de Revenge : A Love Story, c’est Anthony Lau, qui campe une véritable pourriture avec un naturel effrayant. Son personnage renoue avec la grande tradition des ordures sans foi ni loi, mais il n’est pas assez exploité pour réellement marquer et c’est bien dommage. Mais c’est à l’image de l’ensemble des éléments constitutifs de cette romance sanglante, qui sont pour la plupart intéressants, mais mal exploités. La capacité de Wong Ching Po à bien raconter une histoire ne peut pas être totalement mise en cause, car le scénario souffre de trop de raccourcis et d’inconsistances. On observe néanmoins une tentative sincère de s’effacer derrière son propos.

Revenge : A Love Story ne réconciliera pas les détracteurs du réalisateur, et il ne convaincra pas non plus ses admirateurs. Cette néo Catégorie IIII possède quelques arguments techniques indéniables et une première partie prenante, malheureusement l’équipe ne parvient pas à transformer l’essai.
Léonard Aigoin 5/4/2011 - haut

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 5/4/2011 Léonard Aig...

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