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Critiques Express

Love In A Puff    (2010)
Avec un titre comme Love In A Puff, Edmond Pang Ho-Cheung n’avait même pas besoin de présenter son film pour que l’on comprenne la catégorie dans laquelle il était à classer. L’amour dans une bouffée, ou plutôt le temps d’une bouffée, voilà qui semble promettre une histoire inscrite dans un contexte léger, évoquant un quotidien dans lequel chacun pourra se reconnaître. Mais le réalisateur va brouiller une fois de plus les pistes, un jeu dont il s’est fait le spécialiste, tant chacun de ses films témoigne d’une identité unique, même si son style reste reconnaissable entre mille. Après la lecture d'un texte qui présente la loi relative aux zones fumeurs à Hong Kong, le spectateur est confronté à un générique aussi surprenant que déstabilisant : des noms affichés dans une écriture sanguinolente, une musique tonitruante, les lumières défaillantes d’un parking sous-terrain… Pourtant, il ne s’agit pas d’une scène coupée de Dream Home ! Une question qu’il paraît légitime de se poser, tant la réalisation, constituée de plans d’ensemble au mouvement lent s’inscrit dans la continuité du précédent film du réalisateur. Certaines images bénéficient d’ailleurs d’une esthétique surprenante et réussie, comme le reflet d’un homme sur le capot humide d’une voiture. Cette atmosphère angoissante va donner lieu à un double twist amusant, qui n’est pas sans rappeler le genre de fin qu’on rencontrerait dans une série comme Les Contes de la Crypte ou Les Maîtres de l’Horreur.

Après cette introduction très bien ficelée, le réalisateur nous plonge dans ces fameuses pauses cigarettes qui servent de point de départ à l’intrigue, au gré de plans caméras à l’épaule qui collent au plus près des personnages. Cette mise en scène naturaliste tranche avec l’esthétique léchée d’un Dream Home aux plans plus posés. Mais surtout, elle confère une atmosphère intimiste à la discussion, qui est tout à fait dans la logique du propos. L’impression de vie n’en est que plus grande, ce qui permet aux différentes anecdotes et aux nombreux ragots d’illustrer de façon convaincante les discussions de la vie de tous les jours. La qualité de l’écriture, constante chez Pang, est particulièrement mise en valeur dans les dialogues, qui ne sont jamais trop rédigés. Il y a d’ailleurs fort à parier que le réalisateur a laissé à ses acteurs l’opportunité d’improviser un peu autour de leurs répliques, tant les échanges paraissent naturels. Les personnages sont rapidement attachants, même si on ne sait que peu de choses de la plupart d’entre eux. Dans un premier temps, ce sont les détails vestimentaires qui leur confèrent une identité : le cuisinier, le livreur, la vendeuse en cosmétique. On peut y voir une facilité scénaristique, jouant sur les préjugés liés à chaque profession, et estimer que le film véhicule l’idée selon laquelle la catégorie socioprofessionnelle s’inscrit dans les théories du déterminisme social de Bourdieu. Mais l’auteur évite ce piège en n’enfonçant jamais de portes ouvertes. Ainsi n’entendra-t-on jamais de plaisanteries immédiatement liées au métier de l’un, ou à la profession de l’autre. Love In A Puff n’est ni une comédie caricaturale, ni un film à tendance sociale, le propos est tout autre.

L’insertion de quelques interviews des protagonistes filmés dans un style documentaire pourrait en effet faire penser que Edmond Pang Ho-Cheung va laisser éclater, à travers ses personnages, son opinion sur la loi. En vérité, ce procédé, employé à plusieurs reprises mais sans excès, rappelle davantage les témoignages de couples qui ponctuaient les rencontres entre Billy Crystal et Meg Ryan dans Quand Harry Rencontre Sally de Rob Reiner. Sauf qu’ici, ce sont les principaux intéressés qui s’expriment, qui confient leurs doutes, leurs craintes, leurs espoirs, leurs joies, nous permettant de comprendre leur état d’esprit sans imposer de voix off qui détaillerait la moindre pensée. Loin de casser le rythme, ces interventions renforcent la sensation de vrai qui se dégage du film. Et s’il y a une chose vraie dans l’œuvre du réalisateur, c’est son amour pour sa ville, qu’il aime filmer sans jamais la surexposer. Contrairement à un Johnnie To qui a parfois tendance à articuler ses films davantage autour d’une visite guidée que d’une histoire, Pang l’utilise pour illustrer son propos ou dépeindre les sentiments de ses héros. Et si les plans sur les buildings sont moins nombreux que dans Dream Home, ils expriment parfaitement la modernité de l’intrigue par leur architecture aseptisée.

Car au-delà du contexte inspiré par la loi, Love In A Puff est une œuvre inscrite dans son temps. Les décors sont modernes, mais les dialogues, très drôles et très référencés (le nom d’Angelina Jolie sera prononcé plusieurs fois) le sont aussi. A ce titre, il est intéressant de comparer le gweilo chez Pang à celui que nous a subtilement présenté Wilson Yip dans Ip Man 2. Si sa présence est néfaste au personnage, ce n’est pas parce qu’il est le diable incarné, brutal et vociférant. Concrètement, il n’est d’ailleurs pas dépeint comme un monstre, même si Shawn Yue ne le décrit pas en termes flatteurs. C’est la situation qui est la cause de son irritation plus que la nationalité du personnage. La présence et l’évocation de l’étranger ne parait jamais agressive, et donne à des plaisanteries très amusantes. On apprend par exemple que « les français sont très ouverts », et on a même le droit à des jeux de mots dans la langue de Molière. La multiplicité des points de vue permet une nuance tout à fait bienvenue, y compris dans l’utilisation de la technologie. Une grande partie des dialogues se fait en effet par SMS, et on se rencontre par Facebook, en trafiquant sa photo de profil. La légèreté de l’ambiance est à l’image de la légèreté des rapports, les personnages se croisent et s’entrecroisent au hasard d’un achat (…de cigarettes), se suivent et se poursuivent.

La romance est traitée avec beaucoup de pudeur, et évite le passage tragique obligé de toute comédie romantique qui se respecte. Les sentiments naissants sont manifestes sans qu’aucune grosse scène d’amour ne nous soit imposée. Au contraire, c’est lors des passages les plus anodins qu’on en apprend le plus sur le couple potentiel de Miriam Yeung et Shawn Yue. L’alchimie entre les deux acteurs est évidente, et ils interprètent leur personnage avec beaucoup de naturel. On regrettera juste que leurs rôles prennent le devant de la scène. Les amis rencontrés lors des premières pauses ne font que de la figuration alors qu’on pouvait espérer les voir contribuer davantage à l’intrigue. Conscient qu’il serait dommage de mettre de côté la bonne humeur installée au début du film au profit de la romance pure et simple, le réalisateur donne suite à l’une des premières scènes pour un résultat très drôle. C’est d’ailleurs l’humour qui reste la plus grande force de Love In A Puff. On ne rit pas à gorge déployée, et les gags restent plutôt fins, mais la bonne humeur est constante, et appuyée par une bande originale enthousiasmante sans jamais être trop envahissante.

Le montage s’appuie sur l’inscription dans le temps, en affichant la date pour que le spectateur soit en mesure d’évaluer l’évolution de la relation, mais on a droit à des transitions plus habiles, comme le passage du déménagement évoqué en trois scènes dont l’enchaînement est très réussi. La narration est plus accentuée sur les personnages que sur une histoire très développée, ce qui renforce l’impression de « vrai », mais n’oublie pas de nous surprendre par quelques effets bienvenus et jamais exagérés. L’illustration d’un rêve est significative de ce parti-pris. Pas de monstres ou de scènes extraordinaires, mais un souvenir vague d’un acte surprenant sans être trop extravagant. Love In A Puff n’a pas d’autre prétention que de raconter la vie de Monsieur et Madame Tout Le Monde le plus simplement possible, et il réalise cette ambition avec succès, grâce à une réalisation soignée, une interprétation solide et des dialogues de grande qualité. Même les spectateurs peu portés vers les comédies romantiques sont susceptibles de passer un bon moment devant le film de Edmond Pang Ho-Cheung.

Pas une œuvre marquante comme Dream Home, mais un bon petit film, sincère et divertissant, dans lequel tout est soigné. Et c’est déjà beaucoup, car il serait dommage de ne se satisfaire que de « grands » films.
Léonard Aigoin 11/10/2010 - haut

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 11/10/2010 Léonard A...

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