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The Wandering Swordsman (1970) |
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Lorsqu’il réalise The Wandering Swordsman en 1970, Chang Cheh est déjà auréolé de quelques grandes réussites publiques et critiques telles que One-Armed Swordsman, Golden Swallow ou Have Sword, Will Travel, tournées sur trois années seulement. (Il réalisera son nouveau chef-d’œuvre, Vengeance !, trois mois plus tard !) Mais chose commune à tout réalisateur prolifique (6 films pour l’année 1969, 4 pour l’année 1970…), le niveau d’excellence n’est pas atteint à chaque nouvelle production. Chang Cheh enchaîne ainsi de manière tout à fait décomplexée et à un rythme effréné grands films et œuvres mineures, jusqu’au début des années 70 (date de sa rupture avec Liu Chia Liang et incontestable décadence du maître). The Wandering Swordsman, malgré quelques beaux moments, appartient indiscutablement à cette filmographie mineure de Chang Cheh. Loin d’être un échec retentissant, il est clair que cette œuvre fait partie du quota annuel de production martiale réclamé au réalisateur par la Shaw Brothers. Le wu xia pian, qui a alors le vent en poupe à Hong Kong et sur tout le continent asiatique, a supplanté en quelques mois les genres jusque-là chéris par le public : les comédies musicales et les drames. Chang Cheh semble posséder la recette pour aligner succès commerciaux sur succès commerciaux : qu’à cela ne tienne, la direction de la Shaw le pousse à produire, à trop produire…
Le « wandering swordsman », ou chevalier errant (David Chiang), est un redoutable épéiste qui n’hésite pas à interférer dans les histoires qui se déroulent par hasard devant ses yeux. Impulsif et immature (on le voit jouer à la sarbacane comme un farfadet au début du film), il vient naïvement au secours des plus démunis ou des demoiselles en difficulté (Lily Li). Il se met bien vite à dos les membres d’une bande de brigands dirigée par un maître à l’intelligence supérieure. Ce dernier ourdit alors un piège dans lequel le wandering swordsman ne manquera pas de tomber : il lui fera dérober des bijoux d’une valeur inestimable. Le thème développé dans The Wandering Swordsman est classique dans la littérature wu xia : il s’agit du bon usage de son art par un chevalier. Ici, le personnage incarné par David Chiang est très fort mais ne réfléchit pas beaucoup avant d’agir ; chez lui, l’action précède toujours la réflexion ! Au lieu de prêter ses talents exclusivement aux bons, sa naïveté et sa fierté (une des cordes sensibles de la jeunesse martiale…) le mèneront directement à commettre l’irréparable, même s’il ne souhaite pas activement prendre part au massacre qu’il a provoqué. David Chiang est à l’époque l’acteur idéal pour incarner le wandering swordsman : jeune, alerte, un éternel sourire moqueur au coin des lèvres, il était logiquement parfait dans ce rôle quelque peu ingrat. Mais séparé du sage et modéré Ti Lung (The Wandering Swordsman est un des rares films de cette époque où la paire est désunie), il est en roue libre, sans alter ego pour rétablir l’équilibre. Alors David Chiang part dans tous les sens, comme si le metteur en scène se désintéressait complètement de son acteur principal… Il en devient ridicule, crispant, en un mot : antipathique. Mais la jeune star n’est pas la seule victime du je-m’en-foutisme de Chang Cheh ! Le premier rôle féminin, tenu par la superbe Lily Li, est totalement inexploité. Le réalisateur est coutumier du fait, mais seul ce personnage pouvait relancer l’intrigue de The Wandering Swordsman, en la pimentant d’une relation d’amour-haine entre la belle et l’épéiste. En passant à côté de ce ressort dramatique, Chang Cheh condamne définitivement son film… Le salut ne viendra pas des combats, à l’époque encore très théâtraux, et abusant maladroitement des câbles.
The Wandering Swordsman est une œuvre au potentiel indéniable mais finalement décevante, qui n’a pas dû beaucoup intéresser son auteur.
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David-Olivier Vidouze 12/8/2005 - haut |
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