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Critiques Express

Le Règne des assassins    (2010)
Reign Of Assassins marque un magistral retour au wu xia pian classique – le générique de début nous renvoie ainsi directement aux fééries de la Shaw Brothers -, sans utilisation outrancière des effets spéciaux. Pour autant, il ne peut en aucun cas être taxé d'hommage appliqué, voire réactionnaire : il porte bien la marque de son époque !

La réelle paternité de Reign Of Assassins risque de prêter à confusion, tant le nom de John Woo est commercialement intéressant. Ainsi, selon les marchés, le grand réalisateur hongkongais se voit attribuer le poste de réalisateur, co-réalisateur ou réalisateur exécutif... (Il est assurément co-producteur avec son vieux comparse Terence Chang.) Pourtant, même si la rumeur fait état de sa présence quotidienne sur le plateau de tournage et de l'entière paternité d'une scène avec sa fille Angeles Woo, le principal homme derrière l'œuvre s'avère être au final Su Zhao Bin, metteur en scène (Better Than Sex en 2002 et Silk en 2006) et surtout scénariste taïwanais (The Cabbie en 2000, Double Vision en 2002 ou The Flying Guillotines en 2010...). Force est de constater, en effet, que Reign of Assassins ne porte pas la marque du réalisateur de A Better Tomorrow ou de Red Cliff - drame historique en costume plus proche de cet univers –, que ce soit dans la mise en scène ou les thèmes embrassés de manière récurrentes (camaraderie flirtant avec l'homosexualité, loyauté...).

Chine, début de la dynastie Ming. Huit siècles après la mort du moine bouddhiste indien et légendaire artiste martial Bodhi, sa dépouille, divisée en deux parties, est l'objet de la convoitise de tous les ambitieux. Réuni, son corps est censé procurer à son possesseur la toute puissance pour régner sur le monde des arts martiaux.
Le ministre impérial Zhang Haiduan, qui en détient un morceau, est attaqué et tué par les membres de la secte d'assassins de la Pierre Noire. L'épéiste Drizzle (Kelly Lin) s'empare de la dépouille aux dépens de ses frères de crime et, dans sa course, laisse pour mort le fils du ministre, Zhang Renfeng (Guo Xiao Dong). Wheel King (Wang Xue Qi), chef des assassins, met alors la tête de Drizzle à prix.
Sur son chemin, l'épéiste fuyarde s'entretient avec le moine bouddhiste Wisdom (Calvin Li Zong Han) qui lui conseille, avant de mourir de sa main, de quitter le monde des arts martiaux. Semblant l'écouter, Drizzle cache la moitié du corps de Boddhi au temple de Yunhe et décide de commencer une nouvelle vie après s'être faite refaire le visage par le célèbre docteur Li (Chin Shih Chieh).
Le temps passe et Drizzle, sous le nom de Zeng Jing (Michelle Yeoh), tient une petite échoppe dans la capitale du royaume. Elle y rencontre Jieng Ah-Sheng (Jeong Wu Seong) et l'épouse bientôt. Mais Wheel King est toujours sur ses traces, accompagné de Lei Bin (Shawn Yue), du Magicien (Leon Dai) et de sa remplaçante au sein de l'équipe, Turquoise (Barbie Hsu).
Pendant ce temps, alors qu'une vague de crimes déferle dans la capitale, les membres de la secte Kongdong, détenteurs de l'autre partie du corps de Bodhi, cherchent à vendre leur trésor à Zhang Dajing, le patron handicapé d'une grande banque.

Reign Of Assassins est avant tout un magnifique drame, d'une noirceur à la croisée des antiques mythes grecs (l'homme se marie avec l'assassin de son père), des wu xia-pian de la grande époque (la solitude des épéistes auxquels l'amour n'est pas permis) et des films américains des années 40 (Turquoise, la tueuse psychopathe, si elle évoque les personnages de Quentin Tarantino, n'est pas sans rappeler le Tommy Udo - Richard Widmark grimaçant de Kiss of Death). Jusque dans la mise en scène, la photographie et les décors, le spectateur ressent cette ambiance lourde, le poids du destin.
La profondeur des personnage étonne – et détone – dans un film de genre. En ce sens, Su Zhao Bin se rapproche du grand King Hu, adepte des chemins de traverse et des petits détails qui font les grands films.
L'aspect dramatique est renforcé par le romantisme de l'œuvre. Poursuivi par les avances de Jieng Ah-Sheng (Jeong Wu Seong), Zeng Jing (Michelle Yeoh) ne sait pas si elle peut se permettre (à nouveau ?) d'aimer. Le jeu avec la pluie (le titre original chinois se traduit d'ailleurs par « Epées et pluie »), élément catalyseur de la relation qui pourrait naître entre les deux personnages, est naïf et touchant.
Pourtant, la passion amoureuse va lentement faire place à la vengeance, le destin obligeant Zeng Jing à révéler sa réelle identité. D'abord à l'occasion du cambriolage de la banque locale censée recéler, dans un de ses coffres, une partie des restes de Bodhi. (Magnifique scène filmée au cordeau au cours de laquelle Zeng Jing hésite entre trahir son identité et sauver les clients.) Puis, lorsque ses anciens acolytes lui demandent de reprendre du service, la nuit de ses noces, et de leur livrer la partie du corps du maître avec laquelle elle a fui.

On a souvent dit, en parlant de la franchise James Bond, que si le méchant était réussi, le film serait réussi. Reign Of Assassins en est une nouvelle preuve avec les membres qui composent le terrible gang de la Pierre Noire (Dark Stone) : celui qui se fait appeler le Magicien (Leon Dai) mélange kung fu et tours de prestidigitation ; Lei Bin (Shawn Yue) est un père de famille sans morale qui tue pour nul autre motif que l'argent ; Feuille de Turquoise (Barbie Hsu) est une nymphomane qui, telle une mante religieuse, a assassiné son mari le soir de ses noces ; et enfin, le chef de cette horde sanguinaire, Wheel King (Wang Xue Qi), qui mène ses élèves à la baguette en ayant pris soin, auparavant, de s'assurer de leur infériorité. Chacun de ces personnages représente une menace tangible pour Zeng Jing et son mari.
L'humour n'est cependant pas absent de Reign of Assassins, du personnage de la vieille marieuse, Tante Cai (Nina Pau Hei Ching), aux facéties du Magicien (Leon Dai) qui déshabille les soulards un peu trop curieux.
Comme dans un film de John Huston, les protagonistes, bons ou mauvais, ne sont que des hommes. Et ils finiront comme tels... Les motivations des chasseurs de la dépouille de Bodhi, loin d'être des rêves de domination planétaire, sont risibles... là encore, purement humaines. (Mais ne tenons-nous pas là, avec ce corps à reconstituer, un McGuffin typiquement hitchcockien ? Le maître du suspense aurait fort apprécié une œuvre au cours de laquelle des personnages se battent pour le corps – le « body » - d'un dénommé Bodhi !)

Les scènes d'action sont excellemment dosées, l'utilisation des câbles et autres effets spéciaux maîtrisée. C'est à Stephen Tung Wei, infatigable chorégraphe de l'industrie cinématographique hongkongaise depuis plus de trente ans – et partie prenante de quasiment toutes les superproductions de ces dernières années (Hero, Seven Swords, Battle Of Wits, Painted Skin, Bodyguards And Assassins), qu'on doit cette prouesse, à une époque de surenchère numérique.

Reign Of Assassins est une co-production entre la Chine, Hong Kong et Taïwan. Ce type de montage n'était jusqu'alors capable de nous proposer que des films épiques et boursouflés (The Warlords ou Three Kingdoms), avec des armées de soldats digitales. Ici, surprise, Su Zhao Bin nous offre une histoire simple, un drame à taille humaine qui parvient à toucher le spectateur et le distraire sans pour autant tenter de lui en mettre plein les yeux. Nul besoin de le noyer sous les effets lorsqu'on a un bon scénario !


NB : le montage présenté en Chine est sensiblement différent pendant les 15 premières minutes ;le film s'ouvre sur le personnage de Zeng Jing (Michelle Yeoh) au moment où elle arrive dans la capitale. S'ensuit une série de flashbacks qui nous ramènent à Drizzle et à la table d'opération où elle se fait refaire le visage.
David-Olivier Vidouze 1/3/2011 - haut

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 1/3/2011 David-Olivi...

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