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Critiques Express

Shaolin    (2010)
Les fans de films d’arts martiaux ont souvent entendu parler de « films de karaté », une appellation relativement agaçante. Mais même le grand public, qui pense que les pratiquants d’arts martiaux sont tous des karatékas, a une idée plus ou moins précise de ce que représente Shaolin. Au cinéma, il y eut un véritable engouement pour les arts martiaux de Shaolin au milieu des années 70, quand Lau Kar Leung conseilla au réalisateur Chang Cheh de s’emparer du sujet. Et l’Ogre de Hong Kong a justifié son surnom en manifestant un appétit démesuré pour les fameux moines, et en particulier les conséquences de la destruction du temple. Et si ces œuvres mettent davantage l’action sur le côté spectaculaire et l’héroïsme forcené, Lau Kar Leung, une fois passé à la réalisation, s’est fait le représentant le plus mémorable de la philosophie de Shaolin, dont il est un descendant direct. Mais la disparition des films d’arts martiaux purs a annoncé le déclin du cycle Shaolin, et même avec l’explosion des kung fu câblés, le temple n’a pas connu de nouvelle jeunesse cinématographique. L’annonce d’un projet dédié au sujet par Benny Chan ne pouvait donc qu’interpeller. Le réalisateur s’est montré particulièrement ambitieux ces dernières années, et il a réuni pour l’occasion un casting alléchant. Andy Lau n’est pas un authentique pratiquant, ce qui ne l’a pas empêché de débuter sa carrière comme action star, enchaînant les tournages énergiques dans des rôles de combattant émérite. Ce Shaolin signe son retour dans un rôle plutôt physique, après The Warlords, dans lequel il ne se battait finalement que peu. Face à lui, Nicholas Tse, qui a acquis une certaine expérience d’acteur physique, et qui pour une fois incarne une belle ordure. Car Benny Chan mélange les générations, et s’offre les services de stars aussi bien que de seconds rôles qui ont su marquer les années 90 par leur présence. Enfin, la participation de Corey Yuen Kwai et Yuen Tak aux chorégraphies donne une légitimité martiale à une œuvre qu’on attend tout de même davantage pour ses combats que pour son histoire.

Et dès les premières images, on constate que Benny Chan a eu à cœur de faire de son Shaolin plus qu’une simple série B. Les paysages naturels dévastés et recouverts de boue ne sont d’ailleurs pas sans rappeler le travail effectué sur The Warlords de Peter Chan. La crasse, le temps, les cadavres qui jonchent le sol, tout est fait pour créer un contexte historique réaliste, dénonçant les conditions de vie chaotiques de l’époque, et les abus dont étaient victimes les petites gens. Le réalisateur donne d’ailleurs beaucoup d’ampleur à sa mise en scène, grâce à une caméra presque toujours en mouvement. L’alternance systématique de mouvements de grue ascendants puis descendants, ainsi que son recours répété aux plongées, permet de s’immerger de façon spectaculaire dans le récit, même si cette technique finit par être redondante. Tout en étant visuellement efficace, elle rappelle, dans l’esprit, l’emploi excessif de zooms dans les films de Chang Cheh mettant en scène les Venoms. Visuellement, entre des décors de qualité et une réalisation aussi soignée que dynamique, l’ensemble est plutôt convaincant. Le fameux temple semble peu étendu, mais reste plutôt bien exploité. Seule une montagne qui verra une poursuite épique se dérouler peine à convaincre, à cause d’une impression irritante de carton pâte. Car sans être un road movie, Shaolin nous fait voir du paysage pendant sa première moitié, et tant le temple que les moines sont réduits à de la figuration, sans rapport direct avec l’histoire. Car c’est bien le destin de Hou, incarné par Andy Lau qui nous est conté. Ce dernier trouve un rôle à la mesure de son talent, dont il nous démontre l’étendue. Nicholas Tse nous prouve à quel point il est aisé de surjouer les chefs militaires mégalomanes et cruels. Mais Andy parvient à éviter cet écart, et si l’évolution psychologique de son personnage était plus convaincante sur le papier, Hou serait réellement mémorable. En l’état, la star nous rappelle qu’il est un véritable acteur, et en quelques regards, il parvient à exprimer tellement d’émotion qu’on constate à quel point son potentiel n’est pas toujours exploité à sa juste valeur. Sa première scène est très représentative, car on ressent la menace qu’il représente en même temps que certains de ses comportements rassurent. L’ambivalence de son attitude est parfaitement rendue, et malgré l’ignominie de ses actes, on s’attache rapidement à cet homme complexe. Néanmoins, ses remords et sa remise en question sont basés sur une facilité scénaristique qui les rend peur intéressants. De plus, son cheminement n’est pas du tout développé, et la rencontre avec Shaolin reste trop artificielle.

Pourtant, on était en droit d’attendre une découverte approfondie des traditions Shaolin, lorsque notre héros rencontre le cuisinier incarné par Jackie Chan. Mais Benny Chan reste en surface, racontant une histoire dont les enjeux restent limités. C’est d’autant plus regrettable que d’autres réalisateurs nous ont montré tout le potentiel cinématographique du temple, or ici, tant les entraînements que l’élévation spirituelle restent anecdotiques. La fameuse attaque finale est également traitée de façon surprenante. Pas tout à fait intimiste comme elle l’aurait pu l’être, mais n’insistant pas réellement non plus sur la bataille monumentale, c’est finalement la conclusion qui permet de constater l’étendue du conflit. Comme si Benny Chan avait une grande quantité d’idées, mais les oubliait au fur et à mesure, pour y revenir ensuite. Ainsi dans la deuxième heure, le personnage d’Andy Lau, tout en restant le héros, reste curieusement en retrait. Il est dit qu’il a dépassé les sentiments de haine ou de vengeance, mais il semble ne plus être qu’une coquille vide. C’est d’autant plus regrettable que l’acteur s’investit beaucoup et que son jeu est très juste. Mais n’aurait-il pas été plus pertinent d’explorer davantage ses tourments, en insistant sur son ambivalence ? A ce titre, Hou peut rappeler le Wu Lang interprété par Gordon Liu dans Eight Diagram Pole Fighter, non seulement parce que leurs destins présentent des similitudes, mais aussi parce qu’une scène en particulier vient faire écho à l’œuvre de Liu Chia-Liang. Mais Andy se coupant les cheveux avec un ciseau a un impact émotionnel moins important que le rasage de crâne de Gordon Liu, à cause d’une réalisation soignée mais trop contrôlée, trop précise. Et c’est bien là le problème de ce Shaolin : la simplicité de l’histoire aurait été bien plus facile à accepter si le réalisateur était parvenu à nous investir dans son récit. Mais l’élégance de sa mise en scène est trop calculée. La recherche esthétique n’est d’ailleurs pas toujours un gage de réussite, on pestera par exemple de retrouver l’utilisation de teintes sépias dans un flashback, procédé cliché auquel Chan semble tenir. Mais tout ce travail n’est pas inutile, et quelques scènes en particulier restent très marquantes. A ce titre, l’utilisation du ralenti n’est pas excessive, et sert généralement le propos. La montée d’escalier précédant le traquenard bénéficie ainsi d’une formidable montée en tension, et cette anticipation donne beaucoup plus d’impact à la scène. De même, l’entraînement en binôme d’Andy et d’un enfant moine est filmé avec une grâce tout à fait pertinente dans le contexte, et le ralenti accompagne élégamment une musique appropriée. Ce qui n’est pas toujours le cas, la bande originale oscillant entre mélodies puissantes et morceaux mièvres, même si ces derniers sont moins nombreux. Ainsi, malgré cette sensation de contempler une œuvre un peu froide, il y a une véritable unité dans Shaolin.

Affirmation qu’on peut remettre en question lorsqu’on évoque le jeu des acteurs. Si Andy Lau se montre très convaincant, Nic Tse rate une occasion d’interpréter un antagoniste marquant. Il faut dire que le rôle est mal écrit et ne dépasse pas le classique traître cruel. Jacky Wu Jing confirme que la sobriété tout à fait bienvenue qu’il manifestait dans City Under Siege lui convient très bien, malheureusement, il n’est présent pas plus de 10 minutes à l’écran. Et c’est bien dommage car il donne beaucoup d’humanité à ce moine impulsif et très humain. Les personnages féminins sont également gâchés, et ce n’est pas Fan Bing Bing qui va contredire ce constat. Il aurait été aisé d’en faire un rôle marquant, mais elle n’est qu’une coquille vide, interprétée sans conviction de surcroit. La surprise vient finalement de Jackie Chan. Sans être la star, il est bien plus présent à l’écran qu’on pourrait le croire, et nous rappelle à quel point il peut être charismatique. On a un peu l’impression de voir ce que serait devenu son personnage de Little Big Soldier s’il avait été recueilli au temple dans l’enfance. Chan se montre plus attachant que jamais et joue avec beaucoup de naturel un rôle simple mais touchant. Chacune de ses apparitions est un vrai plaisir, et il s’illustre même dans un combat très réussi. Du point de vue martial, Shaolin propose quelques échanges spectaculaires. Le rythme n’est pas démentiel, puisque la première heure ne compte qu’un combat d’introduction et un traquenard. Ce dernier est par contre enthousiasmant. Il n’y a pas de véritable échange martial, mais quelques coups spectaculaires, et surtout une série de poursuites vraiment immersives. Mais il faudra attendre la dernière partie du film pour assister à une succession d’affrontements pas si longs qu’on pourrait le croire, mais déjà plus consistants. Jacky Wu Jing aura l’occasion de s’offrir sa scène digne d’un film de Chang Cheh, même s’il ne combat que trop peu, et l’action sera au centre du récit à partir de ce moment. Le gros final est moins dantesque qu’on aurait pu le croire. Le nombre de figurants se battant est bien moins important que prévu, et finalement, l’accent est mis sur les duels. Hung Yan Yan nous montre d’ailleurs qu’il bouge encore très bien, dans un échange de coups de sabre mémorable avec Xing Yu, qui n’est pas sans rappeler les grands moments des wu xia pian des années 90. Le combat entre Nic Tse et Andy est également très bon, même si bien trop court. C’est d’ailleurs la règle dans ce Shaolin, les combats ne durent jamais aussi longtemps qu’on l’aimerait. Pourtant, les chorégraphes ont fait un travail remarquable, et le montage est très bon, restant toujours lisible, tout en insufflant un dynamisme qui manque ces dernières années ! Reste que le climax accomplit sa mission : en mettre plein la vue, entre des duels martiaux de toute beauté et des explosions bruyantes, avant de finir sur un boom !

Avec Shaolin, Benny Chan compense City Under Siege, et livre un produit de qualité, qui devrait satisfaire les amateurs d’action. Mais il confirme également que s’il est un très bon artisan, il manque une âme à son travail, et c’est bien dommage.
Léonard Aigoin 2/9/2011 - haut

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