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Just Another Pandora's Box (2010) |
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En 1994, le tandem Stephen Chow/Jeff Lau avait su transcender un budget dérisoire pour livrer une adaptation aussi créative qu’hilarante du classique Journey To The West. Le réalisateur est réputé pour l’énergie de ses films, et l’annonce d’un projet reprenant la même trame avec un budget bien plus conséquent ne pouvait que provoquer l’enthousiasme. Les premières minutes nous placent dans un contexte connu, et les paysages naturels sont admirablement mis en scène.
Puis, au gré de scènes au rythme hallucinant, on comprend que l’intrigue ne suivra pas les mêmes sentiers que A Chinese Odyssey. Red Cliff, Kung Fu Hustle et Titanic vont être les cibles privilégiées de cette parodie déjantée. Menée par un Ronald Cheng en mode Stephen Chow, elle se révèle épuisante.
Comme dans Too Many Ways To Be No. 1, les personnages passent leur temps à courir et à hurler. Inutile d’essayer de regarder ce film un soir de fatigue, sauf pour se faire achever. La vitesse à laquelle défilent les sous-titres risque de toutes manières d’en décourager plus d’un. Les dialogues sont mordants, et souvent débités à une allure hallucinante, qui n’est pas sans rappeler de grands moments de la carrière de Stephen Chow. Et même si Ronald Cheng n’a pas le charisme de ce dernier, il s’investit avec tant de sincérité qu’on se laisse convaincre sans peine.
Le reste du casting est peu exploité, la plupart des acteurs ne faisant qu’une courte apparition. On a tout de même le plaisir de retrouver Yuen Biao et Eric Tsang dans des caméos un peu plus consistants et amusants. On retiendra également la participation de Yuen Wah, Yuen Qiu et Bruce Leung qui reprennent leur rôle de Kung Fu Hustle, l’actrice de CJ7, et même Kung Fu Panda qui s’invite au milieu de ce joyeux foutoir.
L’intrigue reprend principalement les grosses scènes de Red Cliff, même si le cœur de l’histoire reste la rencontre amoureuse entre notre héros et l’immortelle au fourreau à dégainer (rebaptisée Rose en référence à Titanic…). Bien sûr, on n’attend pas de ce genre de parodie un scénario vraiment construit, et le rythme épuisant ne permet pas suffisamment de recul pour réellement s’interroger sur les tenants et les aboutissants de l’ensemble. Ici, c’est l’efficacité de chaque scène qui est visée. Le divertissement est privilégié sur tout le reste, comme dans les meilleures productions des années 80.
L’humour est dans la plus pure tradition du mo lai to cantonais, et même si le tout est plutôt gras, on évite globalement le scabreux (exception faite d’un combat où les déjections d’un bébé seront capitales). Les nombreuses références font toujours sourire, même si de ce point de vue, la parodie est inégale. Certains clins d’œil, appuyés à grands coups de coude, sans recherche particulière, déçoivent un peu. D’autres, qui tournent réellement en dérision le matériel de départ, comme cette scène inoubliable reprise de Titanic (dans laquelle Ronald Cheng paraît plus ignoble que jamais, durant un ralenti du meilleur effet) sont réellement hilarantes. L’esprit est assez proche du No Problem 2 de Chin Kar Lok.
La première partie du film surprend par ses numéros musicaux, qui semblent prédominer. Même Mickaël Jackson a droit à son hommage. Toutefois, ce parti-pris ne sera finalement plus exploité. Dommage, car voir Yuen Biao chanter « ce n’est qu’un au revoir » nous rappelle à quel point son potentiel comique a été sous exploité tout au long de sa carrière.
Indépendamment de la qualité des gags, on constate que chaque scène fourmille d’idées et de trouvailles. Techniquement, Jeff Lau maîtrise parfaitement son sujet, enchaînant les tics de mise en scène avec beaucoup d’humour, tout en livrant des mouvements de caméra amples, élégants et dynamiques. Les décors et les costumes apportent quant à eux le souffle épique nécessaire pour que la parodie fonctionne. On regrettera qu’il n’y ait pas plus de parodies de scènes d’action, sans doute pour des raisons budgétaires. Les quelques effets spéciaux ne sont pas incroyables, mais sont exploités avec suffisamment d’intelligence pour ne pas décevoir.
Bien sûr, Just Another Pandora's Box risque d’en laisser certains froids, voire sur le carreau. Mais si on rentre dans cet univers fou, qu’on se laisser emporter par cet enthousiasme, la soirée est excellente et rend nostalgique.
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Léonard Aigoin 5/20/2010 - haut |
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