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Dream Home    (2010)
Quand on parle d’accouchement, on pense à des cris, de la douleur, de la joie, un tumulte d’émotions fortes en somme. On sait aussi que l'accouchement déroule en trois étapes. D’abord, les contractions de l'utérus, avec lubrification du canal cervical par le liquide amniotique, facilitant le passage de la tête du foetus. Ensuite, grosso modo tout se contracte pour faciliter l'expulsion du foetus par le vagin. Le bébé est en train de naître, mais le foetus est encore relié à la mère par le cordon ombilical. Finalement, vient l’ultime étape, la délivrance. Edmond Pang Ho Cheung n’est pas une femme, mais on peut dire qu’il a connu les souffrances d’un accouchement avant de connaître la délivrance en voyant son bébé découvrir le monde. S’imposant comme l’un des artistes les plus surprenants de l’ex colonie, c’est d’abord en tant qu’écrivain qu’il s’est fait connaître en écrivant ce qui servira de base au scénario du film FullTime Killer de Johnnie To. Il passera lui-même à la mise en scène dès 2001 avec You Shoot, I Shoot. Mais ses racines d’écrivain resteront indissociables de son travail derrière la caméra. Au-delà de l’originalité de ses films, on retiendra une identité stylistique très forte, et un sens aiguisé de l’écriture, ce qui lui permet de livrer des films bien écrits, sans que ses scénarios ne soient gratuitement compliqués. Mais de Men Suddenly In Black à Trivial Matters en passant par Beyond Our Ken, il est évident que Cheung sait raconter une histoire, tout en installant une ambiance, et surtout en permettant au spectateur de s’attacher à des protagonistes profondément humains, car loin du manichéisme qui hante nombre de productions récentes.

Le projet Dream Home fut annoncé comme le premier slasher made in HK, et l’auteur insistait dans sa promotion sur le gore très prononcé de son œuvre. C’était aussi l’occasion pour l’actrice Josie Ho, star du film, de créer l’événement autour de sa toute nouvelle société de production, 852 films. Prévu pour une sortie en 2009, ce n’est finalement que récemment que les spectateurs ont eu l’occasion de découvrir le film, suite à un différent entre la productrice et le réalisateur, concernant la violence dans le film. Mais au-delà de cette histoire mouvementée, et de l’argument graphique, c’est le contexte social fort qui surprend et interpelle. On n’avait pas vu de scénario avec un tel mordant et un message aussi puissant des années dans un film de Hong Kong. Dès le pré-générique, on comprend que la conjoncture n’est pas une simple introduction à l’histoire, mais qu’elle en constitue le cœur. Et l’auteur s’emploie à nous faire vivre la gravité de la situation, en présentant des chiffres dramatiques sur le salaire moyen de la population et les prix démesurés de l’immobilier.

On nous parle de folie, sur fond de musique angoissante, avant de nous confronter presque immédiatement à un premier meurtre d’une grande violence. Wong Ching, vétéran de la Shaw Brothers, y joue les figurants malchanceux. Cette introduction musclée pose les bases de la mise en scène : Pang n’a pas peur d’alterner montage dynamique et plans brefs avec des plans séquences qui rendent la sécheresse des scènes encore plus choquantes. On nous avait promis du sang, et on ne nous a pas menti. Non seulement les maquillages sont très convaincants, loin des délires rouges fluo auxquels on a parfois droit dans les slashers, mais en plus la réalisation insiste bien sur les blessures, infligeant au spectateur la douleur de les contempler longuement. Les impacts sont d’un réalisme saisissant, et on a mal pour les personnages, à qui aucune douleur ne sera épargnée. Malgré le grand nombre de morts violentes, la variété est au rendez-vous, et on n’a jamais la sensation d’assister aux mêmes exécutions. Il faut dire que Dream Home est loin de n’être qu’un enchaînement de scènes de massacre et bénéficie d’un rythme savamment étudié.

La narration est fragmentée, alternant le présent, signalé par l’affichage numérique de l’heure à chaque nouvelle scène, et des flashbacks, justifiés par l’apport de détails logiques pour mieux cerner les choix du personnage et l’humaniser. L’auteur va même plus loin en plaçant des flashbacks dans les flashbacks, mais la maîtrise de la narration reste totale, le récit reste donc constamment compréhensible. Ce parti-pris rend l’ensemble surprenant, et Dream Home n’est pas un film dont on devine le déroulement. Bien sûr, on a rapidement une idée globale de la situation, mais alors qu’on pensait avoir percé à jour les motivations réelles de chacun, un nouveau souvenir ou un nouveau coup de théâtre viennent remettre en question notre appréhension de l’histoire. Pourtant, on n’a jamais la sensation d’être floué par les scénaristes, qui ont mis un point d’honneur à créer une histoire simple, mais crédible. Tout n’est cependant pas parfait, car sur la fin, la tentation de céder au grand guignol facile n’est pas évitée. Alors que la nuance était privilégiée jusque-là, le dernier tiers du film s’enfonce inexorablement dans le scabreux pas franchement utile. On a un peu la sensation que Pang se soumet à des quotas, comme lorsqu’il filme des scènes de sexe grindhouse dans l’âme et ajoute une bonne dose de vomi. Les circonstances mêmes de cette situation sont bien plus grandiloquentes que ce à quoi on a assisté auparavant, et la résolution n’a plus rien de réaliste. Difficile, dans ces conditions, de continuer à prendre au sérieux un film qui a tout mis en œuvre, pendant une heure, pour nous faire croire à ces personnages pathétiques, pour nous investir dans leur histoire, et nous permettre de ressentir leur détresse. Pourtant, on est plus partagé que complètement déçu. En effet, le propos perd en force ce qu’il gagne en ultra-violence outragère et hilarante. Le carnage est tellement brutal qu’on attend impatiemment la prochaine victime. La crédibilité n’est définitivement plus de mise, mais les affrontements restent très intenses, grâce aux chorégraphies d’un Chin Kar Lok très inspiré. A l’image du reste du film, on se dit que tout peut arriver.

Cette dernière partie tranche donc radicalement avec l’atmosphère teintée de mélancolie des deux premiers tiers. Cette ambiance de jungle urbaine est illustrée de façon très efficace par les véritables remparts que constituent les façades de buildings, dans des ruelles aussi sombres qu’étouffantes. On est plus proches des villes prisons désespérées d’un Brothers From Walled City ou Long Arm Of The Law que de la peinture glamour de Hong Kong dont Johnnie To s’est fait l’illustrateur le plus romantique. L’effrayante tranquillité de la caméra du réalisateur confère un caractère inéluctable à cette sensation d’enfermement, qui rend la quête obstinée de l’héroïne aussi futile que pathétique. Son parcours du combattant, entaché de cadavres, est mis en parallèle avec une enfance rythmée par les jeux avec un voisin, la découverte du monde violent des adultes, et la confrontation avec l’humanité d’un père loin de l’image héroïque qu’a pu véhiculer Norman Chu par le passé. L’acteur, dont la calvitie naissante sur le haut du crâne et des traits vieillissants créent une ressemblance saisissante avec Ti Lung, est d’une justesse incroyable. Il n’apparaît que peu, mais irradie la pellicule par sa présence. Tour à tour effrayant, touchant, et presque pitoyable, il incarne un père profondément humain, dépassé par une société où règnent l’individualisme et le profit, et qui ne sait plus comment sauver les siens. La mélancolie dans laquelle baigne l’histoire de cette famille ordinaire rend l’intrigue bien plus profonde et intéressante que les scénarios les plus complexes du monde. Tout est simple, mais surtout, tout est vrai, tout est juste. Le message politique est puissant, car il s’instille par petites touches dans le récit, et tout en étant l’un de ses éléments fondateurs, il ne prend jamais le pas sur les personnages.

L’interprétation n’est par contre par extraordinaire globalement. Seule Josie Ho bénéficie d’un temps de présence à l’écran significatif, et si elle joue son rôle avec conviction, elle ne témoigne pas de talents d’actrice époustouflants et ne crève jamais l’écran. Norman Chu est donc le seul acteur a réellement marqué le film de sa présence, et le faible nombre de ses scènes ne rend son destin que plus poignant. Les ruptures de ton nombreuses peuvent être déstabilisantes, mais Pang parvient à conserver une unité, si on lui pardonne l’écart du dernier tiers, qui vire au slasher facile mais jouissif. De ce point de vue, le film tient ses promesses, et c’est bien en tant que film social qu’il risque de décevoir. Le twist final, très bien amené, permet au réalisateur de nous rappeler que malgré un débordement un peu gratuit, il n’oublie jamais son histoire, ni ses personnages, et que c’est bien la qualité de l’écriture, et l’identité visuelle très forte qui font de Dream Home l’un des films les plus marquants de cette année 2010, redonnant réellement espoir au milieu d’un flot de productions paresseuses à l’écriture décevante et aux histoires peu prenantes.

Merci Edmond Pang Ho Cheung pour cette nouvelle œuvre personnelle, ambitieuse, non dénuée de défauts mais sincère et très prenante.
Léonard Aigoin 11/8/2010 - haut

Dream Home    (2010)
L'amateur français du cinéma hongkongais est habitué à regarder ses films en DVD, sur un écran de télé. De temps à autre, une œuvre made in Hong Kong a l'honneur d'une projection sur grand écran (à Paris…). Et là, c’est le bonheur pour l’amateur : il redécouvre ce cinéma avec un regard neuf. Les qualités du film, mais aussi ses défauts, sont alors amplifiés.

A notre connaissance, The Dream Home doit être l'un des longs métrages hongkongais les plus gore de ces dernières années. Son déferlement de scènes de meurtres ultra-sanglantes, mais aussi les gros mots prononcés par quasiment tous les personnages du film, lui ont valu un CAT III amplement mérité.

Le pitch est simple : une jeune femme, née dans une famille très modeste, rêve d'avoir un bel appartement avec vue sur la mer. Sans moyens pour réaliser son rêve, elle trouve une autre solution, assez radicale, pour y arriver...

Ce qu'on aime d'abord dans les films d'Edmond Pang, c'est son plaisir de raconter une histoire et de filmer. Ancien écrivain, il sait captiver l'attention du spectateur avec une intrigue bien charpentée. On sait que le personnage principal a un but, et on est curieux de voir comment il va y parvenir. Même si Pang aime s'attarder sur des détails, des à-côtés, il n'oublie jamais de guider le spectateur jusqu'à destination. Lorsque ce fil conducteur est en place, il peut se permettre de prendre des voies originales pour la narration. Celle-ci est déconstruite, elle nous fait faire des sauts dans le temps, dans le passé proche, lointain, etc. Même si ce procédé a pour risque de casser le rythme du film, il a le mérite de nous sortir de l'ordinaire. En nous obligeant à reconstruire dans notre tête le puzzle du récit, il nous ramène aussi sans cesse au cœur de l'intrigue.

Si Pang est un bon conteur, il est aussi un cinéaste qui éprouve un réel plaisir de filmer. Chaque séquence est élaborée avec soin, à commencer par le beau générique du début. Dans ce film, on sent une sorte de jubilation chez Pang à mettre en place un dispositif original pour chaque séquence (de meurtre). On dirait un horloger qui s'émerveille du mécanisme d'une montre qu'il a lui-même créée. Ces séquences, bien construites, au tempo remarquable, sont pour beaucoup dans la réussite du film. Ce plaisir de filmer est communicatif. Sur grand écran, les valses de la mort sont sidérantes. Le spectateur est fasciné par la beauté des plans, les mouvements de caméra (c’est Nelson Yu Lik Wai aux commandes) et un montage d’une grande maîtrise. Mais Pang n'aime pas trop s'attarder. Il n’est pas du genre à faire durer les plans jusqu’à la cristallisation. On sent même que c’est quelqu'un de pressé. D'ailleurs, ses films reflètent bien l'esprit de Hong Kong.

Pang Ho Cheung est un cinéaste foncièrement hongkongais dans le sens où il arrive à reproduire l'esprit des gens ordinaires et l'air du temps de cette cité. On sent que c’est crédible, naturel. On n’a pas de doute, sur ce plan, Pang est un fin observateur. Chez lui, les gens parlent avec aisance, grossièreté, et ont en général une façon de se déplacer assez typique (difficile d'imaginer des acteurs de la Chine continentale dans ses films par exemple). Les Hongkongais de Pang Ho Cheung sont à la fois drôles, séduisants, menteurs, obsédés, avides, égoïstes, cyniques, nihilistes… C’est ici une reproche qu’on pourrait faire au cinéaste : ses personnages ont souvent plus de défauts que de qualités. On se demande même si Pang n’a pas une aversion profonde pour le mâle hongkongais d’aujourd’hui: celui-ci n’a pratiquement pas de morale, il cherche toujours à profiter de la faiblesse d’autrui, trompe allègrement sa femme… bref, un être assez méprisable, qui mériterait de mourir dans d’atroces souffrances. Non seulement Pang sait refléter le comportement de ses compatriotes, mais il sait aussi reproduire leur rythme de vie à l’écran. A moins d’être vieux, ses personnages restent rarement à un même endroit, ils sont sans cesse appelés à rencontrer d’autres gens, ils sont toujours pressés, coincés entre deux rendez-vous, entre deux déménagements, ils n’ont pas le temps de se reposer vraiment, encore moins le temps pour se confier. C’est un rythme de vie stressant, exténuant ; mais c’est ce qui fait le charme de cette ville, cette effervescence. Pang Ho Cheung est aussi quelqu'un qui filme bien la ville de Hong Kong. On sent que c’est « sa » ville. Il aime se faufiler dans les petites rues, dans les quartiers populaires, s'attarder sur les petits faits et gestes des gens, capter des bribes de conversations... Avec lui, on plonge dans les méandres de la cité. Le voyage n'est pas toujours très agréable - est-ce dû à l’architecture chaotique de la ville ? on a par moments une sensation d’asphyxie - mais c'est une expérience assez unique.

Ce qui a fait la réputation de ce film, c'est évidemment ses scènes de tuerie. Force est de constater que sur ce plan, l'amateur de gore, de plans choc, en aura pour son argent. Chaque meurtre est conçu avec soin. Le résultat à l'écran est spectaculaire, d'une violence inouïe... et jubilatoire - terme galvaudé mais fort justifié ici. Ses séquences sanglantes, d’une étrange beauté souvent, justifient la vision du film sur un grand écran de cinéma.
Les cadavres s'amoncellent, le sang gicle, les viscères s'échappent, des doigts et autres membres coupés atterrissent un peu partout, sans parler du vomi et d’autres fluides corporels. Les corps sont tailladés, sectionnés, éventrés... Les victimes meurent de façons originales. Notons une certaine prédilection du cinéaste pour le cou dès qu’il s’agit d’envoyer son prochain ad patres. Cette horreur est réalisée avec beaucoup d’imagination – un bravo au travail des maquilleurs et bricoleurs d’effets spéciaux, dont Andrew Lin, plus connu comme acteur. Pang ne craint pas le grand guignolesque, le trop plein. Il n’hésite pas non plus à mélanger sexe et sang – la scène de la levrette est superbe. C’est une sorte de défi qu’il lance au spectateur : « Serais-tu capable de supporter tout ça ? ». L’amateur de gore, qui a sans doute vu pire, le supporte sans trop de difficultés. Les autres peuvent aussi le supporter… parce que c’est souvent beau, et drôle. Oui, Pang Ho Cheung n’oublie jamais de parsemer son récit de traits d’humour. Même dans la pire des séquences gore on rit, car il y a toujours un petit détail qui tue. Sans humour, il serait difficile de supporter tous ces massacres. C’est un plaisir de savourer les films de Pang en version originale : il a un don certain pour les expressions hilarantes, le langage fleuri.

The Dream Home a aussi le mérite, comme les bons films fantastiques américains des années 70-80, de nous montrer certaines situations sociales. Ici, on voit les injustices, la crise du logement à Hong Kong, les agissements des sociétés immobilières, le monde du travail, la difficulté à joindre les deux bouts, etc. On évoque la lutte des gens ordinaires, qui refusent de quitter leurs habitations, face aux spéculateurs et constructeurs aux méthodes mafieuses mais soutenus par les autorités. On voit le cynisme, le mensonge dans les relations humaines, au sein même des couples, des familles. La vie à Hong Kong est dure : rien n’est donné, pour réaliser son rêve il faut être sans pitié… Il y a cette idée poignante dans le film : le père de la protagoniste qui rêve d'avoir son appartement est un vieux travailleur des BTP, et il est en train de crever d'un cancer causé par ses conditions de travail. Une autre bonne idée réside dans le fait que la protagoniste se sert des outils de travail de son père pour assouvir sa revanche sociale. D’aucuns diront que cette critique sociale est une pose chez Pang, un prétexte pour acheter la sympathie du spectateur. Ce n'est peut-être pas faux, mais cela nous aura tout de même permis d’entrevoir la réalité.

S'il y a une faiblesse dans les films de Pang, c'est sans doute son manque de rigueur dans la direction d’acteurs. On a souvent l'impression qu'il laisse une trop grande liberté à ses comédiens, et que ceux-ci sont parfois perdus. Il y a un effet assez paradoxal : les comédiens sont souvent très naturels dans ses films, mais ils ne sont pas toujours convaincants. Les gros plans peuvent se révéler cruels pour certains. Il y a quelque hésitation dans le regard que porte le cinéaste sur ses personnages. Dans ce domaine, Pang Ho Cheung n’a pas encore la rigueur d’un Johnnie To par exemple. De mémoire, Josie Ho n'a jamais été autant au centre d'un film. Mais le jeu de l’actrice donne l'impression qu'elle lutte contre son personnage. Celui-ci, à vrai dire, n’est pas assez bien défini. Sa motivation et son comportement produisent une certaine incohérence. On a quand même du mal à accepter l’idée qu’une jeune femme si lisse, si docile, fleur bleue, aux rêves conformistes, puisse avoir du jour au lendemain de si meurtrières motivations, avec des plans de mise à mort très cruels et raffinés. C’est sans doute un choix des auteurs, cette dichotomie entre son rôle social et ses aspirations. Il manque cependant un moment de déclic pour qu’on puisse croire complètement à ce qu’elle fait. On aurait aimé plus de détails sur sa psychologie, plus de subtilité mais aussi de mystère dans sa démarche. Ce personnage féminin a un but, mais il ne suffit pas d’évoquer son enfance pour combler son manque d’âme. Il y a dans le casting plusieurs générations d'acteurs. Assez logiquement, les plus vieux (Norman Chu, Lo Hoi Pang, Nina Pau) s’en sortent le mieux. Ils ont plus de bouteille, savent comment susciter l’émotion en faisant un minimum. Les plus jeunes compensent leur faiblesse de jeu par l'humour et l'audace.

The Dream Home est une délicieuse comédie d’horreur sur un problème de société qui touche tous les grands pays du monde, celui du droit à un logement décent pour les plus modestes. Il porte un regard critique sur le système économique (l’ultra-libéralisme et son pendant, l’affairisme) qui a engendré ce fléau – la démarche comporte tout de même une pointe de cynisme : l’actrice-productrice est la fille d’un tycoon de Hong Kong et Macau, la production a reçu l’aide d’entreprises et d’institutions critiquées dans le film. Il suscite effroi, rire et émotion. C’est une belle réussite dans le cinéma de genre qui, en d’autres cieux et d’autres temps, aurait servi de passeport pour Hollywood à son auteur…
Van-Thuan LY 9/10/2010 - haut

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