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Murderer (2009) |
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Révélé à peu près en même temps qu’Ekin Cheng, et élevé au rang de star, notamment grâce à ses performances scéniques excentriques, Aaron Kwok a récemment orienté sa carrière différemment. L’acteur a en effet le mérite de choisir les films dans lesquels il tourne plutôt que d’enchaîner les tournages faciles. Sa volonté de s’illustrer dans des rôles exigeants témoigne d’une ambition louable, même si ses choix ne paraissent pas toujours pertinents.
Divergence était une déception à presque tous les niveaux, et les limites de ses talents dramatiques explosaient à plusieurs reprises dans des scènes embarrassantes.
Murderer est la première réalisation de Roy Chow, et le scénario a été confié à Christine To, à qui l’on doit les histoires de Fearless et True Legend. Mystère, suspense et émotions sont les ingrédients de cette enquête qui commence sous les meilleurs auspices. Le travelling d’ouverture installe une ambiance déconcertante. La caméra se déplace lentement en collant un carrelage d’un jaune chatoyant sur fond de musique classique. Puis soudainement, un bruit éclate, un corps s’écrase violemment, surprenant le spectateur. L’immersion est immédiate, et la curiosité est attisée. Le jeu des couleurs, rouge sur jaune, dénote une recherche esthétique aussi fascinante que macabre. Seconde surprise, notre cadavre tente de se relever et glisse dans son sang. C’est au milieu d’une cour d’immeuble que se déroule cette scène à présent grotesque (dans le bon sens du terme).
Un texte nous informe de la situation : la victime est un policier qui a fait une chute du 9ème étage. Au 7ème étage, on retrouve son collègue (Aaron Kwok) inconscient. Le mystère se poursuit à l’hôpital, où on découvre que le flic à présent comateux est interprété par Chen Kuan Tai, qui n’a pas eu à apprendre beaucoup de texte pour son rôle, ce qui constitue la première frustration de ce Murderer.
Il est question d’un serial killer qui torture à coups de perceuse électrique. Rapidement, notre héros, joué avec conviction mais aussi un peu trop de démonstration, se retrouve en position de suspect. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu des centaines de films policiers pour comprendre qu’on lui tend un piège. Si la mise en scène se montre convaincante dans un premier temps, alternant plans fixes et travellings dynamiques pour un résultat plutôt esthétique, elle ne suffit pas à cacher l’indigence du scénario. Elle ne parvient pas non plus à insuffler un rythme à une histoire aussi prévisible que risible.
C’est d’autant plus regrettable que les éclairs de violence sont particulièrement réussis et instaurent un climat des plus malsains. De plus, on perçoit du potentiel dans la mise en scène, même si elle est loin d’être aboutie. Malheureusement, le casting est soit mal exploité (Chen Kuan Tai, Chin Kar Lok) soit mauvais. Mention spéciale à Josie Ho dont le rôle n’a aucun sens et ne sert absolument pas l’intrigue (sans compter qu’elle ne peut pas compter sur son jeu pour compenser). Nombre de détails sont hors de propos ou complètement ridicules. Les clichés les plus éculés s’enchaînent, à tel point qu’on les voit venir bien à l’avance. Du traumatisme de l’enfant perdu, à la mort accidentelle d’un personnage en passant par le twist digne des pires séries Z, tout est prévisible et surtout raté.
Que ceux qui veulent conserver le mystère passent au paragraphe suivant SPOILER : même ceux qui n’ont pas vu le ridicule (mais drôle) Esther devineront dès la première apparition de l’enfant avec son air pervers de quoi il souffre. Jusqu’à sa révélation, j’en étais persuadé, tout en priant pour ne pas assister à un tel naufrage scénaristique. FIN SPOILER. Le plus navrant est que l’équipe semble persuadée du génie de ce twist. Le final se veut sans concession, mais vient mettre un terme peu satisfaisant à deux heures qui semblent interminables. Car il faut une volonté de fer pour s’infliger la vision de ce film sans céder au besoin presque incoercible de faire avance rapide. Et SPOILER on n’obtient même pas la satisfaction de voir cette tête à claques de gosse recevoir la correction qu’il mérite (même s’il se fait bien brutaliser). FIN SPOILER.
Le fait que ce ne soit pas le sort du héros qui conditionne notre besoin d’une catharsis, mais juste le physique détestable de son ennemi en dit long sur l’implication du spectateur. Le peu d’éléments qui tenaient la route s’écroulent dès la révélation du twist jusqu’à la fin de ce très long dernier acte. La réalisation devient anecdotique, le scénario, déjà mauvais, franchit les limites de la débilité, et les acteurs sont en roue libre. Aaron tente de singer les prestations de Bela Lugosi chez Ed Wood, pour un résultat aussi halluciné que gênant.
Murderer est un ratage, mais pas un de ces ratages qui fait passer une bonne soirée et provoque le rire. Non, il s’agit d’un de ces films où tout est tellement mauvais qu’on prie pour voir le générique de fin arriver.
A voir…. Pour le croire.
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Léonard Aigoin 6/16/2010 - haut |
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