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Critiques Express

Little Big Soldier    (2009)
2010. L’année où Jackie Chan semblait décidé à briser sa carrière. C’est en tout cas ce qu’on pouvait penser en voyant les bandes annonces de Karate Kid et The Spy Next Door, des comédies familiales qui semblent aussi formatées que risibles. L’acteur, dont la carrière à Hollywood ne constitue pas l’apogée de sa filmographie, a toujours clamé qu’il jugeait des films comme les Rush Hour très mauvais. Une affirmation surprenante quand on pense qu’il en a déjà tourné trois. Les gains de ses productions américaines serviraient à financer ses films hongkongais, plus ambitieux.

Effectivement, on a pu constater avec The Myth des moyens plus importants que dans les années 90. Mais si on fait le bilan des derniers films de la star, qui ne cesse de clamer vouloir changer son image, quel est le résultat ? New Police Story est un thriller d’action plus proche d’un Crime Story que d’un Police Story, mais à l’efficacité redoutable, dont l’impact est décuplée par la tension dramatique. The Myth tente de s’imposer comme un Wu Xia Pian épique et tragique, et si la partie historique est réussie, l’aspect Armour Of God du pauvre et une conclusion ridicule empêchent le film de s’imposer comme un tout cohérent et audacieux.
Rob-B-Hood est une comédie familiale dans laquelle le héros n’est pas tout blanc, mais reste un bonhomme au grand cœur. Shinjuku Incident enfin, film bipolaire, oscillant entre le drame social réussi sur les difficultés d’immigrés chinois au japon, et le yakuza eiga bas de gamme, surjoué, outré et en rajoutant des tonnes dans le mélodramatique facile.

On sent une réelle volonté de se détacher d’une image qui lui colle à la peau, une image qu’il a lui-même créé, allant jusqu’à conserver son prénom dans ses films, faussant la limite entre le personnage et la star. Mais cette ambivalence ne date pas d’hier. Déjà en 1993, lors du tournage de Crime Story, Jackie Chan s’essayait à un style différent, tout en réfrénant Kirk Wong, de peur de se perdre dans un univers qui n’est pas le sien.

En cette année 2010, il semblait donc que l’acteur ne savait plus sur quel pied danser. C’est donc sans grande conviction qu’on regarde la bande annonce de ce Little Big Soldier. L’ancien casse cou de Hong Kong dans une comédie en costumes, une sorte de buddy movie sur fond de wu xia pian, où il partage la vedette avec le chanteur Wang Lee Hom. Le même Wang Lee Hom dont on arrive à peine à se rappeler après avoir vu The Avenging Fist. Les attentes ne sont donc pas démesurées, toutefois l’aspect léger et détendu de la bande annonce laisse augurer une bonne petite comédie.

Les premières images ne laissent planer aucun doute : l’aspect historique vient planter le décor, les nombreux figurants qui composent la montagne de cadavres où commence l’action est le signe d’un budget plutôt conséquent, mais le spectateur arrive après la bataille, car les affrontements ne seront pas l’essence du film. C’est du moins une approche intimiste qui sera privilégiée, comme en témoigne ce premier duel entre un Wang Lee Hom blessé et un soldat enragé, autour d’un drapeau. Le montage de ce combat est un peu décousu, et même si l’ensemble est lisible, on aurait aimé moins de plans. Néanmoins, l’impact des coups est palpable, les armes s’entrechoquent de façon convaincante, et les acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes. Wang Lee Hom est transfiguré. Loin de rappeler une star de la chanson qui tente de jouer les guerriers, il EST un général des Wei. Sa présence physique est surprenante, et il manifeste une grande dignité, que ce soit dans les affrontements ou non.

Dans ce paysage chaotique où ce héros vient de tomber, blessé, et s’annonce comme le seul survivant, un homme dont la cage thoracique est perforée par une flèche va pourtant se lever. Ce petit soldat moustachu à l’allure roublarde, c’est Jackie Chan. Civil enrôlé pour guerroyer, notre homme est un fermier qui a mis au point de subtiles tactiques pour rester en vie. Inutile de préciser qu’il va sauter sur l’occasion qui se présente à lui et emmener le général solidement attaché jusqu’à son camp, celui des Liang, afin de mener une vie prospère. Mais bien sûr, les choses ne seront pas aussi simples.

Ce postulat de départ nous familiarise rapidement avec nos deux personnages. On s’attend donc aux situations classiques du buddy movie, avec nos deux héros qui vont devoir lutter ensemble avant de devenir amis, et tout finira bien dans le meilleur des mondes. Et c’est là la plus grande force de Little Big Soldier. Le récit est basé sur une idée originale de Jackie Chan, que l’acteur avait rédigée à la fin des années 90, mais n’avait pu mettre en images jusque-là, faute de moyens. Retravaillée par le réalisateur Ding Sheng, l’histoire bénéficie d’un souci du détail exceptionnel. Rien n’est aussi simple qu’on pourrait le croire. Les protagonistes ne sont jamais noirs ou blancs. Tout est nuancé et crédible, on comprend progressivement les motivations de chacun, on s’identifie à eux, car ils sont tous terriblement humains. Rarement un film de la star aura présenté des personnages aussi réels.

Loin d’être une comédie, malgré quelques situations cocasses, Little Big Soldier est un film à personnages dont le contexte historique est loin d’être un détail contrairement à ce qu’on pourrait croire. Le récit est construit sur une dramaturgie qui va crescendo, sans jamais sombrer dans le mélodrame vulgaire d’un Shinjuku Incident. A ce titre, la prestation de Jackie Chan est remarquable. Loin de nous faire penser à un poisson hors de l’eau comme dans le film de Derek Yee, il trouve ici un rôle plus proche de ses personnages habituels (on pense d’ailleurs parfois au petit voleur de Rob-B-Hood), mais également plus construit, plus fin, plus humain, car ses failles sont réelles. Alternant les moments de joie et ceux de tristesse, son jeu ne paraît jamais outré, et même lorsqu’il verse des larmes, il parvient à nous émouvoir.

Son jeu n’est pas la seule surprise, car Wang Lee Hom constitue un partenaire de qualité. L’alchimie entre les deux acteurs est réelle, et on sent qu’ils ont eu beaucoup de plaisir à tourner ensemble. On ne sait jamais vraiment pour lequel prendre parti, et on espère toujours qu’ils deviennent amis, comme dans tout bon buddy movie. Mais une fois de plus, Little Big Soldier n’est pas un film qui se déroule comme on l’imagine. Les retournements de situation sont bien amenés, et s’ils fonctionnent, ce n’est pas parce qu’ils sont invraisemblables et extraordinaires, mais au contraire parce qu’ils sont crédibles et logiques. L’histoire évolue sur un rythme étudié et on ne s’ennuie jamais, alors même que les scènes d’action sont finalement plutôt rares.

Hormis quelques petites passes amusantes entre nos deux héros, ce sont les deux derniers affrontements qui retiennent l’attention. Il s’agit de batailles de groupes, brutales et réalistes. Contrairement à 14 Blades, les câbles ne sont là que pour rehausser légèrement les mouvements, et leur utilisation n’est jamais abusive. Les combats sont réalistes et même parfois sauvages. Chan ne participe d’ailleurs à aucun vrai combat, laissant la part du lion à Wang Lee Hom et aux seconds rôles. On appréciera particulièrement un caméo inoubliable de Ken Lo, qui nous offre un Heroic Bloodshed digne de Chang Cheh, à la chorégraphie magnifique. Le final, plutôt court, est également très réussi.

Mais même si ces morceaux de bravoure sont de grande qualité, ils ne constituent pas le point fort de Little Big Soldier qui reste un film à personnages, au scénario bien plus profond qu’on ne l’aurait jamais espéré, se jouant des images et des représentations, remettant en cause nos attentes, pour un résultat dense, tragique, épique et attachant. Les magnifiques paysages naturels et la photographie belle sans être sur esthétisée contribuent à laisser une image forte, exprimant l’atmosphère poisseuse de la guerre, qui contraste avec la beauté des panoramas.
Ne ressemblant jamais à une bête leçon de morale au message simpliste du style «la guerre c’est mal, o’kay ?», Little Big Soldier nous présente les affrontements selon plusieurs regards, qui vont se rencontrer, s’affronter, se faire évoluer…

Il y aurait encore des pages à écrire sur un tel film, mais le faire sans dévoiler davantage l’intrigue serait difficile, et en dire davantage priverait le spectateur du plaisir de découvrir le meilleur film de Jackie Chan depuis Drunken Master II.

Une surprise comme on en espérait plus, qui mérite vraiment qu’on s’y attarde.
Léonard Aigoin 3/23/2010 - haut

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 3/23/2010 Léonard Ai...

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