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Kong Hong: Lost in Love (2008) |
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Kong Hong : Lost In Love a toutes les caractéristiques du premier film réalisé avec ses tripes et les moyens du bord. Au casting, les amis et la famille ; pour boucler le budget, les proches et de petits investisseurs. Le seul moyen de sortir de l’anonymat est alors l’originalité du sujet et de son traitement, les contraintes financières pesant énormément sur les possibilités techniques. Reste à savoir si le pari est réussi… Peu de temps avant de passer à la réalisation, Guy Orlebar était professionnellement étranger au monde du Septième Art. Après une première expatriation à Tokyo, le jeune anglais décide de poursuivre l’aventure à Hong Kong. Là, il assiste à une conférence donnée par le célèbre Dov S-S Simens, un professeur de cinéma qui promeut de par la planète sa « méthode ». A l’issue des deux jours de cours, il se lance dans la rédaction d’un scénario qu’il a pour ambition de tourner au plus tôt. Il s’agit de Kong Hong : Lost In Love. La mise sur pied du projet n’est pas sans difficultés et Guy Orlebar est bien vite confronté aux dures réalités de ce type d’entreprise : les sociétés de production ne lui accordent qu’une semaine de tournage lorsqu’elles ne se défilent pas. Heureusement, il peut compter sur ses proches et l’assistance du réalisateur exécutif Kant Leung, un habitué des tournages à petits budgets, pourvu d’un solide réseau local. Kong Hong : Lost In Love sera ainsi mis en scène en l’espace de neuf jours, malgré une météo peu clémente qui obligera Guy Orlebar à revoir le scénario en cours de route.
L’histoire est des plus simples : Paul (Bene't Lynton), un jeune barman anglais, débarque à Hong Kong pour retrouver un amour d’un soir, Angel (Choi Yuen San), rencontrée à Londres. Celle-ci ne lui a laissé qu’une carte de visite avec une trace de baiser, un pendentif et quelques mots sur la glace de sa salle de bains : « Je t’aime ». A peine les pieds posés sur le sol hongkongais, Paul se retrouve sans valise, sans téléphone portable et sans un sou. C’est ainsi qu’il va partir à la recherche de sa belle…
Une des grandes qualités de la réalisation qui saute aux yeux dès les premières minutes est le travail sur l’environnement : les plans sur l’intérieur de l’aéroport, la ville, la montagne et la plage sont captivants. Mais si Guy Orlebar attire l’œil du spectateur sur la beauté plastique des lieux, celui-ci n’est pas face à un documentaire sur Hong Kong : l’environnement fait intégralement partie du film et remplace celle après qui le héros court, la femme qu’il a aimée une nuit. Ainsi, Kong Hong : Lost In Love débute par une longue séquence dans l’aéroport de la ville quasiment désert. Paul est perdu, il ne semble y avoir que lui en cet endroit quand enfin il rencontre un agréable Hongkongais qui lui vient en aide. Malgré tout, c’est quasiment dénudé (au sens figuré) qu’il quitte les lieux pour se rendre en ville : sans moyens de subsistance, sans affaires, sans téléphone, il est comme une sorte d’émigré clandestin qui ne serait pas venu chercher un salaire à Hong Kong mais un amour. Les choses ne s’arrangent pas dans la cité puisqu’il y perd son passeport (son identité ?) et, semble-t-il, sa fiancée… Il va alors déambuler et remonter doucement la pente : d’abord, il reconnecte son téléphone portable au réseau, puis il fait la connaissance d’une touriste Japonaise, d’une entraîneuse venue de Chine continentale et d’une touriste américaine. A leur manière, toutes trois lui permettent de se reconstruire jusqu’à la confrontation finale dans une boîte de nuit locale. Guy Orlebar, dans la campagne promotionnelle de son film, insiste sur son caractère semi autobiographique. Il déclare ainsi avoir truffé Kong Hong : Lost In Love de situations qu’il a réellement vécues : un chauffeur de taxi qui tente de le faire changer de religion, une jeune femme qui ne veut pas d’attache sentimentale jusqu’au jour de son mariage (Yumi Kanno), une autre privilégiant la vie à l’amour (« il est plus important d’être en vie qu’être amoureux ») (Aya Suyama), etc. Le héros, Paul, semble complètement perdu et désemparé par ces conceptions de l’existence ô combien différentes des siennes. Le choc culturel est terrible et le mène même à affronter Bouddha à l’occasion d’une très belle scène. Paul est désorienté et le réalisateur traduit ce sentiment jusque dans le titre, Kong Hong, qui inverse les syllabes du nom de la ville.
Les acteurs ne sont pas inexpérimentés et l’on trouve ainsi au générique, outre le frère du réalisateur, acteur dans des comédies musicales en Angleterre, des actrices s’étant déjà frottées aux caméras sur des séries télé ou dans des seconds rôles au grand écran. Le spectateur reconnaîtra l’artiste martial Gordon Liu dans le rôle de l'amant local, un personnage que devait à l’origine incarner lui-même le réalisateur. Il ne décrochera sûrement pas un Oscar grâce à cette prestation ! Pour la musique, Guy Orlebar a fait appel à des Anglais, une mannequin devenue chanteuse, Tuan Mac, et un groupe dance, Rollermecca.
Le principal défaut de Kong Hong : Lost In Love est bien entendu la maigreur de son budget qui le contraint à des choix techniques par toujours heureux. Caméra trop souvent instable, notamment dans les mouvements, scènes qui auraient méritées des prises supplémentaires (à cause du jeu des acteurs ou de la composition des plans), photographie approchant parfois dangereusement celle des films pornographiques des années 80 tournés en vidéo, aspect numérique proéminent… On peut cependant s’imaginer qu’une fois un budget conséquent entre les mains, Guy Orlebar corrigera aisément ces défauts.
Film passionnel à sens unique, Kong Hong : Lost In Love est un premier film fauché, un peu maladroit, mais duquel transparaît l’amour du cinéma et de la ville de Hong Kong. Guy Orlebar est un auteur à suivre.
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David-Olivier Vidouze 6/23/2009 - haut |
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