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Critiques Express

Ip Man    (2008)
Ip Man, le kung fu a retrouvé son maître

L’histoire romancée d’un maître de kung-fu dans la Chine des années 1930-40, c’est le sujet de nouveau film de Wilson Yip ; un magnifique opus de kung-fu, soigné tant dans le fond que dans la forme, et servi par un Donnie Yen formidable de sagesse retenue et de maîtrise technique…

Dans la Chine des années 30, le maître Ip Man suscite l’admiration de tous ; il est la référence absolue des écoles de kung-fu de la ville de Fo Chan. Humble et généreux, sifu (« maître ») préfère toutefois se consacrer à une vie paisible et néglige de transmettre son savoir. Il répond poliment aux duels et met tranquillement ses adversaires au tapis, sans effort et avec classe. Avec l’arrivée des Japonais et la terrible occupation marquée par les privations et les humiliations, Ip Man doit travailler pour nourrir sa famille. C’est alors une période de questionnement et de remise en cause, mais aussi l’occasion de mettre son art à l’œuvre.

Librement inspiré de la vie du grand maître éponyme, le film fabrique une légende dorée qui ne retient subjectivement que les ingrédients qui établissent les héros dignes des films de kung-fu. Sans faille et sans reproche, le personnage est paré de vertus pour se battre avec la quiétude et la conscience sereine.
L’histoire montre une réalité un peu plus tourmentée. C’est le danger de ces biographies qui prêchent dans un contexte fidèle et exact, mais détournent la vérité sur des points précis. En l’occurrence la vie et l’œuvre de ce maître de kung-fu. Car la reconstitution de l’époque est on ne peut plus soignée : quelques rues de Shanghai ont servi à recréer le Fo Shan des années 1930 et l’entreprise de coton, importante dans le récit, a été entièrement construite pour les besoins du tournage, à partir d’un vieil entrepôt. Les scènes de rue comme les intérieurs, des costumes aux véhicules en passant par les enseignes publicitaires ou le mobilier, tout est remarquablement restitué.

Pour gagner en authenticité, le plus vieux fils de Ip Man a servi de consultant sur le plateau, et l’ambiance historique est rehaussée par une photographie soignée, avec une agréable patine comme sur les clichés jaunis des vieux albums. S’ajoute la véracité de la base du scénario, un point de départ original et excellent : Ip Man était en effet un maître incontesté du Wing Chun, art martial du Sud de la Chine vieux de plus de trois siècles ; il aurait refusé d’enseigner ses techniques aux Japonais et il s’est bel et bien enfui à Hong Kong en 1949. Pour le reste, tout n’est que phantasme pour alimenter le mythe.

Sur le fond, on pourrait presque parler de propagande. Le conflit sino-japonais est encore douloureux dans les mémoires. Tout comme dans le cinéma occidental, où l’Allemand est resté l’affreux de service pendant quelques décennies, le Japonais est encore bien mal loti dans la culture historique chinoise. C’est donc un violent réquisitoire contre l’occupation, qu’il est difficile de blâmer au regard de la réelle dureté des faits.

C’est aussi et surtout, une très belle galerie de personnages, qui renforce l’immersion culturelle et le réalisme de ce film. Simon Yam incarne l’image de cette Chine qui s’occidentalise en faisant fortune avec le commerce européen ; c’est particulièrement pertinent dans le Fo Chan des années 1930. Complet gris et chapeau mou, son personnage est un peu fade à côté de tant d’action, mais son rôle est intéressant. Gordon Lam est également très bon dans son rôle de policier en manque d’autorité qui devient collaborationniste pour les Nippons, avec un mélange de fierté pour son maigre pouvoir et de frustration nationaliste. «Lust, Caution» a abordé récemment ce genre de personnage peu glorieux ; il est étonnant de voir au cinéma cette forme d’autocritique sur le collaborationnisme. Enfin, les bandits du Nord qui rivalisent avec le maître et reviennent semer la pagaille à plusieurs reprises, n’ont pas un rôle anodin. Ils symbolisent l’anarchie de la Chine, embourbée dans les guerres civiles après la chute de l’Empire. Il est d’ailleurs plus intéressant (comme toujours) de voir le film en version originale, pour s’amuser des contrastes entre le cantonais et le mandarin…

Au-delà de ces considérations historiques et culturelles, Ip Man est aussi (et surtout !) un film de kung-fu. Et à ce titre, il se place bien haut parmi les productions de ces dernières années. C’est une excellente réussite qui réunit tous les ingrédients classiques de ce genre cinématographique : un brin d’humour potache, de la tension mélodramatique, et des combats sous toutes les formes (épée, bâton, main nue, etc.). Le spectacle est d’ailleurs fort peu novateur dans l’ordre des joutes, avec une gradation très linéaire. La présence de l’occupant japonais est en revanche l’occasion de changer d’ambiance et de se confronter à de nouveaux styles. Hioyuki Ikeuchi incarne le général Miura, savoureux monument de férocité intériorisée, de rage contenue, le genre de méchant avec de l’honneur qui inspire le respect… une pointure évidemment à la hauteur de Ip Man.

Tout simplement, la réussite de ce film c’est Ip Man lui-même. Créer un vrai héros de cinéma, attachant et charismatique, n’est pas chose aisée. Donnie Yen signe une performance impeccable dans sa quatrième collaboration avec Wilson Yip. Il combat avec nonchalance, avec la maîtrise impassible de celui qui n’a plus rien à prouver. Ip Man est fascinant parce que Donnie Yen lui donne toute sa puissance dans une clairvoyante économie de gestes et de paroles. Il façonne un héros qui trotte longtemps dans l’esprit après que la lumière de la salle se rallume : c’est un signe qui ne trompe pas.

Ip Man est un beau sujet, qui reste dans l’air du temps. Il y aura une suite, c’est confirmé, centrée sur la carrière hongkongaise de Ip Man. Après 1949, le maître entraîne l’idole de Hong Kong : Bruce Lee ! L’événement est attendu avec impatience. Wong Kar Wai ne désespère pas non plus de s’atteler à sa propre vision de la biographie du maître. Cela a d’ailleurs valu un drôle de conflit autour du titre pendant le tournage, Wong Kar Wai refusant de voir cette version s’appeler Grandmaster Ip Man, titre sur lequel il a (avait ?) ses propres vues.

Pour résumer, Wilson Yip signe un petit bijou qui allie avec bonheur les ficelles habituelles des films de kung-fu, une reconstitution intelligente d’une période historique trouble et la mise en valeur, certes forcée, d’un personnage qui méritait bien de revivre dans les salles obscures. Vivement la suite…

8,5/10
François Drémeaux 1/15/2009 - haut

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 1/15/2009 François D...

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