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Critiques Express

Street Fighter : The Legend Of Chun-Li    (2009)
L’industrie du jeu vidéo n’est pas plus avare en adaptations cinématographiques que celle des comics. Mais alors que les films de super-héros ont acquis une véritable légitimité au fil des années, chaque jeu porté à l’écran est immédiatement une source d’appréhension, tant pour le grand public, que pour les fans de l’œuvre d’origine, qui se sentent d’ailleurs généralement trahis. En effet, dans un jeu, on ne se contente pas de suivre les aventures d’un personnage, on les vit, on ressent sa douleur, on s’identifie à lui. Le passage sur le grand écran oblige le joueur à se distancier, et à assister en tant que spectateur à des péripéties qu’il a pris l’habitude de vivre. Outre la violence de ce changement de position, toutes les adaptations de jeu vidéo n’ont pas manifesté un respect flagrant du matériel d’origine. Bien souvent, les producteurs n’ont même pas cherché à cacher leur seule ambition économique, au mépris de tout amour pour le jeu adapté. Et même lorsqu’on retrouvait l’univers du jeu, la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. Christophe Gans, véritable fan des Silent Hill, a livré une vision très fidèle à l’esprit de la saga et extrêmement soignée visuellement, sans pour autant remporter l’adhésion. La saga Resident Evil a été adaptée de façon très libre, pour un résultat suffisamment viable au box-office pour justifier la réalisation de 4 films, le succès artistique n’ayant pas toujours de lien avec le nombre de tickets de cinéma vendus. Mais c’est finalement les jeux de combats qui ont connu le plus grand nombre d’adaptations : un premier film Streetfighter, mettant en vedette Jean-Claude Van Damme, deux films Mortal Kombat avec Robin Shou, une adaptation de Dead Or Alive réalisée par Corey Yuen, deux adaptations (dont une non officielle) de Tekken, et dernièrement, StreetFighter : The Legend Of Chun Li. C’est le réalisateur Andrzej Bartkowiak, connu pour avoir mis en scènes les escapades américaines de Jet Li dans Romeo Must Die et Cradle 2 The Grave, qui officie sur cette adaptation. L’univers de Streetfighter a connu, en plus du premier film, des adaptations animées, prenant l’un des combattants comme personnage principal. Une façon de développer les histoires de chacun, en profitant au maximum de la franchise, et en se laissant la possibilité de réaliser d’autres épisodes. C’est dans cette perspective qu’on pouvait logiquement attendre Streetfighter : The Legend Of Chun Li. Pourtant, le scénario va prendre une tournure différente en mettant au centre de l’intrigue les boss du jeu, comme Vega ou surtout Bison.

Ce parti-pris est regrettable, puisqu’il prive l’univers du sentiment de globalité qu’on ressentait avec la rencontre de tous ces personnages hauts en couleurs. De ce point de vue, le film de 1994 était bien plus proche du jeu. Un constat qu’on retrouve en évoquant les costumes et les caractéristiques des protagonistes, qui n’ont de commun avec ceux du jeu que le nom ici, alors que la version de Steven E. de Souza mettait un point d’honneur à les rendre identifiables sur le plan visuel. Bison devient donc un chef d’entreprise véreux blond platine, Balrog est coursier, Vega devient asiatique, et Chun Li démontre son manque de maîtrise des arts martiaux au gré de mouvements peu convaincants. On se demande ainsi continuellement s’il s’agit bien d’une adaptation du jeu de Capcom, et ce dès les premières images. Bartkowiak n’a jamais brillé par ses qualités de conteur, et si les premières semblent témoigner d’ambitions de ce point de vue, la narration est absolument catastrophique. Il suffit d’entendre le personnage geindre en voix off pour comprendre que le réalisateur n’a aucune idée de comment raconter une histoire dans le ton du matériel d’origine. Indépendamment du manque de pertinence de ce choix, on regrettera que l’héroïne n’ait rien d’autre à raconter que des clichés digne de ceux qu’on trouvait dans les films de karaté des années 80. Cette tendance à philosopher sur les événements les plus anecdotiques dans des propos ridicules sera d’ailleurs caractéristique de tous les personnages, qui récitent avec la plus grande sincérité des proverbes dignes du maître incarné par Pascal Legitimus dans les sketchs des inconnus parodiant Jean-Claude Van Damme. Bison expliquera par exemple que « quand les gens ont le ventre vide, ils sont prêts à faire n’importe quoi ». Même une scène larmoyante de retrouvailles sera l’occasion d’échanger des pensées philosophiques sur le sens de la vie. Le fait que la direction d’acteur soit inexistante ne plaide de toutes manières pas en la faveur de dialogues insipides, qui ne parviennent même pas à provoquer l’hilarité. Le casting est au choix sous-exploité, dans le cas de Robin Shou, ou très mauvais dans le cas de presque tous les autres acteurs. Neal Mcdonough n’a rien de commun avec le général Bison (il n’a d’ailleurs rien d’un général ici), mais il s’amuse dans son rôle et fait preuve d’une inquiétante dérision tout à fait bienvenue. Impossible d’aborder Streetfighter sans parler de la performance incroyable de Chris Klein. Révélé dans American Pie, l’acteur parvient à exprimer tant d’émotions qu’on a l’impression d’un plan à l’autre, soit qu’il est excité par la cocaïne, soit que son regard vitreux est dû au cannabis. Son interprétation est d’autant plus incroyable que son rôle est inutile. C’est d’ailleurs l’intégralité de la sous intrigue policière qui n’apporte rien à l’histoire et ne sert qu’à rallonger la durée d’un film qui n’a pas grand-chose à raconter. Le récit est à ce point sans aucun sens que le réalisateur multiplie les apparitions connus, comme Cheng Pei Pei qui introduit lors d’une scène soporifique un parchemin censé légitimer le sous titre Legend Of Chun-Li, sans pour autant que son existence ne paraisse logique. D’ailleurs, il est difficile, même avec la meilleure volonté du monde, de trouver le moindre élément crédible dans l’histoire. L’expression « sans queue ni tête » semble avoir été créée pour l’occasion. Entre un parchemin antique qui précise que l’héroïne doit vivre à Bangkok, et une histoire de conscience enfermée dans une petite fille, il y a de quoi s’étouffer de rire. D’ailleurs, Bartkowiak a redéfini les standards en matière de non narration, multipliant les scènes sans intérêt et raccourcissant ses scènes d’action autant qu’il le peut.

Le combat le plus long ne dépasse pas en effet les 2 minutes. Ce qui n’est d’ailleurs pas plus mal. Difficile de croire que Deon Lam a vraiment travaillé sur le plateau, tant les enchaînements sont inintéressants. Pour un film portant le nom Streetfighter, la quantité de câbles est plutôt phénoménale, et leur utilisation est plutôt douteuse. Aucun affrontement ne reste en mémoire, et le seul combattant digne de ce nom, Robin Shou, n’a que 3 combats d’environ 10 secondes chacun. Même cet authentique pratiquant de wu shu ne peut montrer ses talents, puisque le montage est tout simplement catastrophique, enchainant les pires clichés mtv sans donner de rythme ni d’intensité aux affrontements. Ce procédé ne parvient pas pour autant à masquer les carences martiales de la plupart des acteurs. A ce titre, Kristin Kreuk ne dégage jamais de puissance, et ses mouvements sont sans grâce. Comme Jennifer Garner dans Daredevil, elle n’a absolument pas le physique du rôle, ressemblant trop à une petite poupée pour exprimer la rage que devrait ressentir Chun-Li. Le scénario semble avoir été écrit pour pallier ce problème, puisque le personnage est totalement insipide. Son apathie est telle qu’on a bien du mal à se convaincre qu’elle est l’héroïne. Son destin pourrait faire passer celui du héros de Into The Wild pour une promenade de santé. Elle n’est d’ailleurs qu’une accumulation de clichés de la fille de riches au grand cœur, belle et prodige de la musique. Mais ses réflexes capitalistes reprennent rapidement le dessus lorsqu’on constate que laisser ses souvenirs, c’est laisser ses 20 employés de maison. Par la suite, devenue sans abri, elle conservera une garde robe de princesse, tout en changeant de sac de voyage tous les deux plans, sans qu’on comprenne où elle cache les autres. Dans le registre des clichés, on découvrira également qu’à Bangkok, les rappeurs braquent les citoyens qui font leur marché, ce qui est, reconnaissons-le, le meilleur moyen de récolter une grosse somme d’argent. Cette obsession de Bartkowiak pour les rappeurs est une constante dans son œuvre, comme nous le rappelle la traditionnelle et très fine scène dans la boite de nuit (avec gros plans sur les courbes féminines à l’appui, et les regards concupiscents d’une Josie Ho risible en gangster homosexuelle), mais il ne s’agit pas de la seule référence à ses propres films. On reconnaîtra notamment une descente d’étage en étage identique à celle de Cradle 2 The Grave, mais aussi un remix raté du combat d’ouverture de Romeo Must Die, dans laquelle l’héroïne est attaché la tête en bas. Mais, comme si s’auto citer ne suffisait pas, le réalisateur nous livre une course-poursuite à pieds qui n’est pas sans rappeler celle de Ong Bak, si le film thaïlandais n’avait pas bénéficié du travail d’un chorégraphe professionnel.

Avec ses 5 minutes de combat du niveau d’un téléfilm Hollywood Night, Streetfighter : The Legend Of Chun-Li peine à passer pour un film d’action. La médiocrité de la réalisation n’a d’égale que l’incohérence du scénario, le tout peinant à passer pour un film, et encore plus pour un travail de professionnel. Certains films sont tellement ratés qu’ils en deviennent drôles, mais l’œuvre de Bartkowiak ne provoque que l’ennui. Adaptation ratée, film ennuyeux, il s’agit d’un « divertissement » que seuls les plus masochistes des spectateurs devraient s’infliger.
Léonard Aigoin 12/23/2010 - haut

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 12/23/2010 Léonard A...

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